Pour la première fois cet été, vous confiez votre enfant à ses grands-parents pour un séjour prolongé. Comment le préparer, et vous préparer, à cette séparation ? Les conseils du supplément pour les parents du magazine Popi.
Avant le départ
Jeunes grands-parents, Isabelle et Michel vont accueillir leur premier petit-fils, Malo, 2 ans, pour dix jours de vacances cet été.
Face à cette perspective, leur fille Claire, la maman de Malo, ne peut s’empêcher d’éprouver des sentiments ambivalents : “D’un côté, c’est super que mon fils passe un temps privilégié avec eux. Et puis, je préfère qu’il soit dans leur maison au bord de la mer plutôt qu’en ville à la crèche. Avec mon conjoint, nous pourrons rester un peu plus tard au bureau, sans être stressés, et nous le retrouverons ainsi sereinement. Mais c’est vrai que nous n’avons jamais été séparés si longtemps. J’appréhende la façon dont Malo va vivre ce changement…”
Quand Claire évoque les petits pincements de la séparation, est-ce de Malo dont elle parle, ou d’elle-même ? “Si nous avons le sentiment que ce séjour nous arrache le cœur, estime la psychologue Béatrice Copper-Royer, auteure de l’excellent Grands-parents, le maillon fort [éditions Albin Michel, 2018], mieux vaut ne pas le faire. Les enfants sont des éponges à émotions. Ils vont percevoir l’anxiété de séparation chez les parents.” Une anxiété qui peut grandir avant même le départ, si nous en faisons toute une histoire auprès des petits concernés.
Il n’est pas nécessaire de les préparer à ce séjour trois mois à l’avance. “L’essentiel est que les grands-parents soient des familiers de l’enfant, souligne Béatrice Copper-Royer. Cette proximité va permettre que le sentiment de sécurité intérieure du petit ne soit pas ébranlé.”
En revanche, quelques jours auparavant, on peut préparer la valise en compagnie de l’enfant, avec tout ce dont il aura besoin (voir en fin d’article). Et le laisser choisir quelques objets – doudou, livre, jouet… – qui assureront la transition avec la maison.
Ce n’est qu’un au revoir…
Le moment des adieux est certainement l’un des plus délicats à gérer au début du séjour. Mieux vaut éviter les embrassades à rallonge au cours desquelles l’enfant sent que ses parents ont du mal à s’en aller, et qui peuvent accentuer les angoisses. Mais il convient aussi de ne pas partir “dans le dos” du petit, qui aurait alors l’impression que ses parents ont littéralement disparu. Mieux vaut un au revoir doux, gentil, mais “dont on ne doit pas faire toute une affaire”, conseille Béatrice Copper-Royer.
Pour pallier le coup de mou qui suivrait le départ, on peut demander aux grands-parents de prévoir une activité dans la foulée, comme dérivatif au petit chagrin.
Pendant le séjour
“Ce qui se passe chez Papi et Mamie reste chez Papi et Mamie”, résume en souriant Antoine qui confie Violette, 3 ans, à ses beaux-parents une semaine cet été. Comprendre : les règles de nos parents ne sont pas forcément les nôtres, acceptons de lâcher du lest ! Avec les plus grands, on fermera donc les yeux sur le coucher un peu plus tardif le soir, sur le paquet de bonbons offert à la boulangerie.
“Sans faire de liste heure par heure, quand l’enfant est très petit, les grands-parents doivent bien sûr respecter son régime alimentaire, ses heures de sieste, les rituels du coucher”, insiste toutefois Béatrice Copper-Royer. Elle-même grand-mère de sept petits-enfants, elle ajoute : “Les grands-parents savent que quand les petits-enfants sont là, ils doivent être disponibles à 100 %. Et cette disponibilité totale est justement très appréciée des petits. Personnellement, j’étais beaucoup plus désinvolte avec mes enfants que je ne le suis avec mes petits-enfants !”
Évidemment, les parents ont envie de prendre des nouvelles. Évitons le coup de fil ou Skype en fin d’après-midi ou début de soirée, qui peut faire venir le coup de blues : “Une fausse présence qui réactive l’angoisse de séparation”, résume la psychologue. Mieux vaut privilégier le début ou la fin de matinée, quand des activités vont succéder au coup de fil. Une bonne alternative : les cartes postales, moins intrusives, comme un clin d’œil parental.
Le retour
Marion en a fait l’amère expérience l’an dernier : quand elle et son mari sont venus chercher leur petit Simon chez ses parents après une semaine de vacances, l’accueil n’a pas été à la hauteur de ses espérances : “J’avais hâte de le retrouver, et lui a passé sa journée à bouder ou faire des caprices. Comme s’il nous faisait payer notre absence.” Pour Béatrice Copper-Royer, il s’agit moins de “faire payer” que “de se trouver en plein conflit de loyauté : vers qui aller ? Les parents ou les grands-parents” ? Le petit est un peu perdu.
Mais bien vite, cette dimension s’estompe. Demeurent de beaux souvenirs à raconter : les cousins, les nouveaux paysages découverts, les histoires jusqu’alors jamais entendues. Et aussi une relation privilégiée avec les grands-parents, qui s’est développée au cours du séjour. “Un lien gratuit”, comme le rappelle joliment Béatrice Copper-Royer.
Le sac essentiel antistress
Les quelques petites choses (doudou, trousse à pharmacie, carnet de santé, histoires préférées, jouets fétiches) à glisser dans un sac pour permettre un séjour plus serein, tant du côté des enfants, des parents que des grands-parents :
“Vive les vacances chez les grands-parents !”, supplément pour les parents du magazine Popi n° 384, août 2018. Texte : Joséphine Lebard. Illustrations du dossier et de la couverture : Kanako, agence Marie Bastille.