« On a zéro vie en prépa », « l’université ne mène à rien », « la césure, c’est mal vu »… Phosphore, le magazine Bayard Jeunesse des lycéens et des lycéennes, passe en revue 30 préjugés répandus sur les études postbac pour aider nos ados à choisir leur orientation en toute connaissance de cause, sans se laisser influencer.
« Les écoles d’art mènent juste au métier d’artiste »
Faux. On dénombre 45 « écoles supérieures d’art et de design ». Anciennement appelées « beaux-arts », elles ne conduisent pas uniquement au métier d’artiste (peintre, sculpteur, photographe…), mais aussi aux métiers du design, de la communication, de la culture, de la scénographie, du graphisme, de l’illustration, et de l’aménagement d’espace. Les diplômés qui deviennent artistes sont même minoritaires !
« À l’université, il y a beaucoup d’échecs en première année »
Vrai. « Regardez votre voisin de droite, regardez votre voisin de gauche. À la fin de l’année, il n’en restera plus qu’un. » Cette phrase glaçante, les étudiants en première année de licence l’entendent souvent lors du premier amphi. En effet, le taux de passage en deuxième année, hors redoublants, avoisine les 53 %. C’est peu, mais en évolution ces dernières années.
« C’est compliqué d’avoir un job pendant ses études »
Vrai. 40 % des étudiants exercent une activité rémunérée et près de la moitié d’entre eux estiment qu’elle a des effets négatifs sur leurs études ou leur bien-être. Parmi les emplois les plus courants : baby-sitter, vendeur/caissier ou serveur. Si tu n’as pas d’autre choix que de bosser, on te recommande de te rendre sur le site des Crous : Jobaviz.fr.
Etudes supérieures : les idées reçues ont la vie dure
« Si tu n’es pas autonome, fuis l’université »
Plutôt vrai. L’université ne ressemble en rien au lycée. Personne ne viendra te dire : « Eh, tu ne t’es pas pointé en amphi mardi. » Ou : « N’oublie pas d’apprendre au fur et à mesure, même s’il n’y a pas d’interro. » En cas de difficulté en première ou deuxième année, tu pourras tout de même compter sur tes profs, et sur le « tutorat », l’aide gratuite des étudiants plus avancés dans les études.
« En prépa, c’est la compète »
Faux. Pour répondre, on s’est plongés dans une récente étude qui a interrogé 4 500 élèves de prépa. Il en ressort justement que « les relations entre élèves semblent davantage fondées sur la coopération que sur la compétition ». Surtout en filière scientifique !
« Y a beaucoup de garçons dans les écoles d’ingénieurs »
Vrai. À la rentrée 2023, les filles ne représentaient globalement que 30 % des inscrits en cycle ingénieur. Les domaines « services de transports » et « informatique et sciences informatiques » comptent même moins de 19 % de filles.
« Y a beaucoup de filles dans les écoles d’infirmiers »
Vrai. Au sein des Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), les femmes représentent. 87 % de l’effectif !
Prépa, petit boulot, durée des études : notre éclairage
« Les BTS, c’est pour ceux qui veulent vite bosser »
Faux. Pas que ! Il existe près de 80 spécialités de BTS différentes. Difficile, donc, de faire une généralité… Si l’objectif premier du BTS est l’insertion dans le monde du travail en deux ans (au poste de technicien supérieur), la poursuite d’études est possible. Notamment en prépa scientifique ATS, en licence pro, et même en école de commerce ou d’ingénieurs.
« Pour médecine, il faut passer par une prépa »
Faux. Les facs de santé et les assos comme l’Association nationale des étudiants de médecine de France s’entendent pour dire que la classe préparatoire, dispensée par des établissements privés et qui coûte des milliers d’euros, n’est pas un passage obligé. Et même qu’elle n’est pas aussi efficace que le « tutorat d’entrée dans les études de santé », aide bénévolement dispensée par les étudiants plus âgés.
« En staps, On ne fait que du sport »
Faux. On mouille le maillot, mais les enseignements scientifiques et théoriques (anatomie, physiologie, psychologie) représentent le plus gros du programme.
Les études supérieures… « Pour les intellos » ?
« Les élèves qui font Sciences Po sont très politisés »
Plutôt vrai. Il n’existe aucune étude ni enquête sur ce sujet à l’échelle des dix Instituts d’études politiques (IEP). Toutefois, on apprend dans le livre Jeunesse engagée, publié par un prof de sciences politiques et une sociologue, que les étudiants de Sciences Po Paris sont plus enclins que les autres à se mobiliser politiquement.
« La prépa, c’est pour les intellos »
Faux. La prépa n’est pas réservée aux meilleurs élèves de la voie générale. Un exemple parmi d’autres : la prépa « Économique et commerciale voie professionnelle » ouvre, aux bacheliers pros, les portes des grandes écoles de commerce. Pour plus d’infos, va sur les sites officiels : prepalitteraire.fr ; infoprepa.com (économique et commerciale) ; prepas.org (scientifique).
« On a zéro vie en prépa »
Faux. En PCSI (physique, chimie et sciences de l’ingénieur), par exemple, tu as 35,5 heures de cours au premier semestre, sans compter les révisions et les interros. Ce n’est pas rien, mais avec de l’orga et de bonnes méthodes de révision, les étudiants assurent qu’ils ne sont pas obligés de mettre un stop à leur vie sociale.
« Les écoles de commerce coûtent très cher »
Vrai. La Conférence des grandes écoles (CGE) compte 41 membres. À l’exception d’une petite poignée d’écoles publiques subventionnées par l’État, comme l’EM Strasbourg ou l’Institut Mines-Télécom Business School, elles sont largement privées et donc chères ! Il faut en moyenne débourser 45 000 € pour un programme postbac en cinq ans. Une somme qui peut être réduite grâce aux différentes bourses.
« L’université ne mène à rien »
Faux. Selon les statistiques du ministère de l’Enseignement supérieur, 75 % des diplômés de master en université occupent un emploi 18 mois après la fin de leurs études (en 2021, hors master enseignement). Ce préjugé est si coriace que des universités, comme celle de Nantes, publient sur leur site les résultats des enquêtes portant sur l’insertion professionnelle de leurs diplômés.
« Les étudiants des grandes écoles sont carriéristes »
Faux. Selon une enquête, les étudiants des grandes écoles (HEC, Sciences Po…) sont de moins en moins focalisés sur leur réussite professionnelle, et de plus en plus soucieux de l’intérêt général, et notamment des enjeux liés à l’écologie.
« L’université est gratuite »
Faux. Pour l’année 2024-2025, les droits d’inscription des étudiants non boursiers s’élèvent à 175 € en licence, et 250 € en master. À cela s’ajoute une « contribution vie étudiante et de campus » (103 €). En première année de psycho, par exemple, tu devras donc débourser 278 €. Note que les locaux, le matériel pédagogique et le personnel coûtent 10 000 € par an et par étudiant ! La différence (plus de 9 700 €) est prise en charge… par l’État.
« À l’université, on ne fait qu’écouter les profs »
Faux. Il y a les « cours magistraux » (la théorie, en amphi) d’un côté, et les « travaux pratiques » et les « travaux dirigés » en petits groupes de l’autre. Ces derniers, très nombreux, peuvent prendre la forme de manipulations, d’exercices, d’exposés. Rien de passif, donc !
Erasmus, césure… Des plus pour la formation supérieure
« On n’est pas obligé de venir en cours »
Faux. Le président/le directeur de chaque établissement fixe lui-même les conditions d’assiduité, et le nombre d’absences non justifiées autorisées. Tu dois assister à tous les cours, et justifier tes absences. À l’université, par exemple, tu es considéré comme « défaillant » au bout de trois absences non justifiées sur un même cours de travaux pratiques ou dirigés. Tu réduis considérablement tes chances de réussite si tu sèches.
« Erasmus+, c’est la fête »
Assez vrai. Certains étudiants en Erasmus ne font pas plus la fête qu’en France, mais d’autres profitent d’être loin pour sortir beaucoup. D’ailleurs, est-ce un hasard si les deux destinations les plus courues, l’Espagne et l’Allemagne, sont réputées pour être festives ?
« Erasmus+, c’est seulement en Europe »
Faux. En plus des États membres de l’Europe (Espagne, Allemagne…) et des « pays tiers associés » (Norvège, Turquie…), qui prennent part à toutes les actions du programme Erasmus+, de nombreux pays hors UE proposent des échanges (Australie, États-Unis…).
« L’apprentissage, c’est juste pour les formations courtes »
Faux. En 2022, sur les 576 000 étudiants en apprentissage, 178 900 étaient inscrits en BTS, mais 93 900 étaient en école de commerce, et 32 800 en école d’ingénieurs.
« En cours, on peut tutoyer les profs »
Faux. À l’université, quelques chargés de travaux dirigés, qui sont souvent étudiants en doctorat, demandent à leurs étudiants de les tutoyer. Mais, c’est le « vous » qui prime dans les échanges.
« C’est dur de se faire des potes après le bac »
Faux. Dans les écoles et les universités, les étudiants viennent de toute la France. Si les immenses amphis et les cours à la carte ne favorisent pas les nouvelles amitiés, en revanche, les week-ends d’intégration, les soirées étudiantes et les associations font en sorte que personne ne reste dans son coin.
« Sans bac, c’est chaud de faire des études supérieures »
Vrai. Globalement, le bac est la clé. Mais certaines formations initiales sont accessibles sans. C’est le cas des BTS en théorie, d’une petite poignée d’écoles supérieures d’art, d’écoles d’art privées, des nouvelles écoles d’informatique. L’université propose le Diplôme d’accès aux études universitaires, une préparation et un diplôme qui confèrent les mêmes droits que le bac.
« Les formations hors Parcoursup sont parfois bof »
Vrai. Sur Parcoursup, les formations sont contrôlées par l’État, avec des labels à la clé : « BTS contrôlé par l’État », ou « diplôme conférant le grade de licence contrôlé par l’État ». Alors que la qualité des formations sans contrat avec l’État n’est pas garantie. Elles ne sont pas toujours reconnues par le monde du travail, et elles ne permettent pas toutes de se réorienter ou de poursuivre dans une formation contrôlée par l’État.
« La césure, c’est mal vu »
Faux. La césure est le fait d’arrêter les cours pendant six mois ou un an, après le bac ou durant ses études supérieures. Elle est de plus en plus valorisée, surtout si elle a un but : service civique, stage, bénévolat, projet personnel, entrepreneurial, social ou culturel.
Les études supérieures, le début d’une nouvelle aventure
« Plus on étudie, plus on trouve du taf »
Vrai et faux. Les titulaires d’un diplôme du supérieur trouvent plus facilement du travail que ceux qui n’ont que le bac. Mais il peut être difficile de trouver un job après un doctorat (bac +8), alors qu’un certain nombre de diplômés de BUT, de BTS et de licences professionnelles sont rapidement en poste.
« Ce sont des professionnels qui font cours »
Vrai et faux. Tout dépend de l’établissement. Certaines écoles publiques ou privées, comme l’école de ciné La Fémis, font uniquement appel à des pros en activité. À l’université, les cours magistraux sont dispensés par des enseignants-chercheurs, et les travaux dirigés, par des étudiants en doctorat. Les pros interviennent surtout en bachelor, licence pro et master.
« L’entrée dans le supérieur, c’est toujours un choc »
Plutôt faux. Certes, les changements peuvent être nombreux : déménager loin de ses parents, intégrer une grande promo, devenir autonome… Pour certains, les débuts sont un peu difficiles. Mais la majorité des étudiants se sentent vite comme des poissons dans l’eau, parce qu’ils sont plus libres, et aussi parce qu’ils étudient ce qui les intéresse.
« 30 clichés (ou pas) sur les études supérieures », Phosphore n° 589, 1er janvier 2025. Texte : Martin Rhodes. Illustrations : Alexandre Nart.
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