Aujourd’hui, être père, c’est avoir le droit (voire le devoir !) d’être sensible, vulnérable et doux, tout en continuant d’incarner l’autorité et la sécurité ! C’est être plus présent tout en restant disponible pour le boulot. Pas simple ! Pomme d’Api donne la parole à ces papas d’aujourd’hui et à Baptiste Des Monstiers, du site Kool Mag, pour faire le plein de bonnes idées et de conseils de “darons”.
Thomas : “J’ai eu du mal à trouver ma place”
On dit souvent que la grossesse, c’est 9 mois pour se préparer. Mais pour Thomas, 37 ans, rien n’est fait pour que le papa se sente associé : “Aider, être à l’écoute, préparer la chambre et monter les meubles, j’ai fait ce que je pouvais pour trouver ma place. Je comprends que tous les regards se soient portés sur ma femme, c’est bien normal. Mais moi, à aucun moment je ne me suis senti pris en compte. Lors des visites de la famille ou des amis, lors des examens médicaux, j’étais là, juste à côté, comme un spectateur.”
Thomas en a pris conscience lors d’un passage à l’hôpital, trois semaines avant le terme : “L’infirmière m’a regardé et m’a dit : ‘Et il va comment le futur papa ?’ Une formule de politesse car, en fait, elle n’attendait aucune réponse !” Le système est ainsi fait qu’il n’inclut pas (ou peu) les futurs papas. Mais les choses changent et vont dans le bon sens.
Conseil de daron de Thomas : parler entre hommes
“J’ai découvert qu’il existe de plus en plus d’ateliers destinés aux futurs pères. J’aime bien l’idée de se retrouver entre mecs, pour poser des questions ‘bêtes’ qu’on n’ose pas forcément poser dans un cours de préparation à l’accouchement.”
Cédric : “Au secours ! Où est passé mon couple ?”
Fini l’impro ! Ah, les débuts du couple ! Vous y repensez parfois (souvent ?) avec nostalgie ! Car, pas de doute, l’arrivée d’un enfant (de deux, de trois…), ça bouge pas mal de choses. Cédric en fait le constat : “Quand Théo est entré dans notre vie, ça a été beaucoup plus perturbant que je ne l’imaginais : on a perdu nos repères de couple. Terminé les restos ou la séance de ciné improvisée !”
Avec la famille, la liberté et la légèreté en prennent un coup. Tout devient moins spontané, il faut savoir organiser. “C’est sûr, c’est moins romantique de prévoir les choses… Mais bon, c’est ça ou ne plus du tout avoir de moments à deux, alors il faut bien l’accepter !”
Conseil de daron de Cédric : des soirées à deux
“Se bloquer une soirée par semaine ou même par mois pour sortir, c’est s’assurer des moments à deux. Nous, c’est le mardi soir ! On réserve un baby-sitter et on décide presque au dernier moment de ce qu’on fait (resto, ciné, apéro, copains).”
Alexandre : “Ta femme, elle peut pas gérer ?”
Cette phrase, beaucoup d’hommes l’ont entendue au boulot ! Elle est sexiste et violente pour les femmes, mais aussi pour les hommes. Elle entérine plein d’images : un homme, ça bosse, c’est disponible pour son travail et ça ne reste pas à la maison pour garder un enfant malade. Un homme, ça ne refuse pas une réunion à 19h. La société a beau changer, les clichés sont tenaces. Dans le monde de l’entreprise, un père, ça reste un homme. Or, se battre pour faire reconnaître le père qui est dans l’homme, c’est aussi se battre pour plus d’égalité.
Quand Alexandre (@papaplume sur Instagram) a pris son congé paternité (le nouveau, de 28 jours), un de ses collègues lui a demandé : “Mais comment t’as fait pour l’annoncer au boss ?” Sa réponse ? “C’est bon, on parle de 28 jours, la Terre ne va pas s’arrêter de tourner !” Ce congé, il permet bien sûr d’aider concrètement à trouver sa place auprès du bébé, mais c’est aussi l’occasion d’accomplir un acte symbolique vis-à-vis de son entreprise. Eh oui, vous êtes désormais papa… et il va falloir faire avec !
Conseil de daron d’Alexandre : affirmer son statut de père
“Au-delà du congé paternité, n’hésitez pas à montrer que vous êtes un père. Devoir partir à 17 h ou 18 h, garder son enfant malade, ça peut arriver. Inutile de se cacher, au contraire ! Pour faire changer les mentalités, il faut revendiquer ce statut de père : c’est ça la modernité !”
Sébastien : “Attention… je vais le dire à papa !”
L’autorité, c’est le job des papas. Cette image à la peau dure et Sébastien l’a mal vécu : “Pendant le deuxième congé maternité de ma femme, quand je rentrais le soir après le travail, tout était fait : sortie d’école, bain, dîner… Mais on m’attendait pour faire ‘la grosse voix’ et régler toutes les tensions. Ma femme était épuisée, je le comprends, mais je ne voulais pas être celui qui sévit tout le temps !”
Pour Sébastien, cette séparation des rôles s’installe dès les premières semaines. “À l’époque, on n’avait que 11 jours de congé paternité, et hop ! retour au boulot. J’aurais préféré vivre plus de choses : les moments qui épuisent mais aussi les moments top. Si j’avais pu vivre à fond ces premiers mois de vie à quatre, j’aurais sans doute mieux accepté d’être aussi ‘celui qui gronde’.”
Conseil de daron de Sébastien : partager de bons moments
“Nous, les hommes, on nous attend sur le partage des tâches et c’est normal ! Pour que ça prenne du sens, il faut aussi se donner le temps de vivre les bons moments. C’est génial d’être à la sortie de l’école et que ton enfant court vers toi en criant ‘papa !’”
Baptiste : “La chambre, c’est sacré !”
Contrairement aux idées reçues, on ne parle pas beaucoup de sexualité entre hommes. On y pense, mais on en parle peu ! Or, l’arrivée des enfants, ça bouleverse l’intimité. C’est la réalité… et la cause de pas mal d’incompréhensions ou de tensions dans le couple, voire de sa séparation ! Pour Cédric, “même en grandissant, notre fils avait des nuits compliquées. Alors, dans notre couple, le sommeil est vite devenu un enjeu de survie. Le soir, à peine la tête sur l’oreiller, on dormait !” Franchement, quand est-ce qu’on fait l’amour quand on a des enfants ?
C’est vrai ! Comment faire pour garder cette part d’intimité alors qu’on est crevés et que la vie familiale envahit tout ? “J’ai découvert qu’il fallait ‘programmer’ nos moments câlins, confie Cédric. La sieste de Théo, c’était devenu notre moment sexy… Pas très glamour de devoir prévoir, mais on fait comme on peut !” Et puis, la chambre parentale doit rester une forteresse. Sans se couper des câlins en famille le dimanche matin, il faut fixer des règles. Les enfants comprennent très bien.
Conseil de daron de Baptiste : un sanctuaire pour les parents
“Sur la porte de sa chambre, ma fille a collé un dessin ‘interdit de rentrer, c’est ma chambre’. J’en ai profité pour lui dire : ‘Tu as raison, je toque avant d’entrer, mais tu fais pareil avec la chambre de papa et maman.’ Du jour au lendemain, elle n’est plus entrée dans la chambre !”
Greg : “Papa solo, grosse pression !”
Greg est séparé et voit ses filles une semaine sur deux : “J’ai à cœur que cette semaine soit parfaite, alors j’ai tendance à me mettre la pression. Au début, les week-ends étaient tous différents, intenses, avec de nouvelles activités. Et puis avec le temps, j’ai allégé. C’est plus reposant pour moi… et mes filles apprennent que la vie n’est pas forcément une succession d’activités. Quand j’étais enfant, je passais parfois du temps à dessiner ou à lire, sans pour autant que mes parents soient de mauvais parents. La culpabilité ne doit pas nous pousser à vouloir tout combler : j’apprends à relâcher la pression que JE m’impose.”
OK, trop d’écrans, c’est pas bon… Mais quand Greg retrouve ses filles le vendredi, “on dîne ensemble devant un documentaire ou un film. On cuisine, on prépare, on s’installe, on fait une ‘soirée ciné’. C’est notre petit rituel. Au début, j’avais mauvaise conscience de les mettre devant un écran. Et puis j’ai compris qu’en faisant de cette soirée une fête, on partageait beaucoup, et que l’écran n’était que le prétexte.”
Conseil de daron de Greg : profiter des choses simples
“La vie n’est pas un parc d’attractions et je crois que les enfants aiment juste faire partie de notre vie. Aller au marché, au parc, bricoler, cuisiner, faire nos trucs d’adultes… Parfois, ce sont les activités les plus simples qui les font kiffer !”
Pour aller plus loin
Infos, bons plans, témoignages… Les choix de Baptiste Des Monstiers pour être un papa au top.
• Le blog Kool Mag. C’est LE nouveau média qui s’adresse ENFIN aux papas… sans parler foot et voitures ! Parentalité, activités à partager mais aussi couple et sexualité… tout y est ! Le top pour les papas (et pour les mamans qui veulent un peu mieux comprendre ce qu’il y a dans la tête de leur homme !) GO !
• Le compte Insta @papaplume. Vous pouvez le suivre sur Instagram ou lire son livre Je ne m’attendais pas à ça ! (Larousse). Alexandre Marcel, dit @papaplume, est l’un de ceux qui ont œuvré pour la réforme du congé paternité. Ses mots justes aident à comprendre que la paternité est un bouleversement pour beaucoup d’hommes. Si, si !
• L’atelier du futur papa. J’ai déjà deux enfants, et pourtant, j’y ai appris plein de choses ! Dans ses ateliers, Gilles enseigne aux pères tous les gestes et astuces pour s’occuper des enfants. Une mine d’informations et de conseils pour s’investir au mieux dans sa vie de papa. À lire : Nouveaux papas, les clés de l’éducation positive, de Gilles Vaquier de Labaume (Éditions Leduc).