L’arrivée d’un tout-petit entraîne souvent l’achat de nombreux objets alors que la maison, ou l’appartement, déborde déjà ! À l’heure où l’urgence climatique incite chacun à repenser son mode de consommation, certaines familles “minimalistes” choisissent au contraire de s’alléger… au propre comme au figuré ! Témoignage et conseils à lire dans le supplément pour les parents du magazine Popi ou ci-dessous.
La tentation du nid suréquipé
Vous avez remarqué ? Avec l’arrivée des enfants, on s’alourdit. Avant, on était tous les deux légers, sans attaches, sans horaires, on mangeait quand on avait faim, tout ça, tout ça… L’annonce de la première grossesse marque comme une prise de poids générale. Le ventre s’arrondit et des questions se posent : faut-il un plus grand logement ? Une plus grosse voiture – ou une voiture tout court ? Une plongée dans un magasin de puériculture et nous voilà convaincus de répondre par l’affirmative à ces premières questions. Tentante, cette poussette 3 en 1 ! Très mignon, ce mobile à suspendre ! Top, ce robot qui fait tout ! Trop chou, ce coffre à doudous et ce tapis clignotant ! Indispensable, cette mallette à biberons ! On est ainsi tenté d’amonceler tout un tas de choses autour de notre précieux bébé… même le superflu, même l’inutile.
Pourtant, certains parents font le choix inverse. Ils adoptent un mode de vie minimaliste, s’entourant de moins d’objets, dépensant moins d’argent, ralentissant aussi leur rythme de vie. Cette sobriété est dans l’air du temps, et elle a de plus en plus d’adeptes ! Leur pari ? Vivre avec moins pour vivre mieux. Sophie, maman d’une fillette de 4 ans et demi et d’un garçon de 2 ans, en est persuadée. Elle nous raconte son parcours. Celles et ceux qui rêvent d’une maison plus rangée vont sans doute lui emprunter quelques idées !
“Tout ce dont votre bébé aura vraiment besoin, c’est de l’amour…”
« Notre vie antérieure était “maximaliste”. Notre appartement, sans cave ni grenier, débordait. Quand j’ai été enceinte la première fois, c’était évident : il allait falloir faire le tri avant l’arrivée du bébé. Nous nous sommes fixé une règle : dans la chambre du bébé, il n’y aura que des choses pour lui. Nous avons mis des mois à débarrasser ! La sage-femme qui suivait ma grossesse nous encourageait : “Tout ce dont votre bébé aura vraiment besoin, c’est de l’amour d’un père et d’une mère. Le reste est superflu.” L’équipement de puériculture a été réduit : lit à barreaux (remplacé ensuite par un matelas au sol) ; porte-bébé ; pas de baignoire en plastique (une bassine ou un fond d’eau suffisent) ; pas de table à langer (le dessus de la machine à laver convient tout à fait) ; un seul doudou (pas quinze !). L’espace était épuré et reposant. »
“Il n’y a pas grand-chose, mais il y a tout”
« Aujourd’hui, nous avons deux enfants. Ils ont peu de vêtements, presque tous de seconde main. Mon fils a quatre pantalons et dix T-shirts. C’est encore beaucoup ! Ma fille a cinq ou six robes. Dans leur placard, je ne laisse que les affaires de saison. Ils sont autonomes. Dans la salle de bains, il n’y a que trois produits, qui conviennent aux enfants et aux adultes : un gel douche, un dentifrice, de l’huile de coco pour s’hydrater. C’est vite rangé ! Côté jeux, c’est réduit aussi. Quand un jeu “ne prend pas”, on le donne. Et on fait une rotation : on en met de côté pour les ressortir quand ceux qui sont “en train” perdent de l’intérêt. Je précise : nos enfants ne manquent de rien. Et ça fait réfléchir les gens qui viennent chez nous. Il n’y a pas grand-chose, mais il y a tout : Lego, figurines, petites voitures, matériel pour dessiner… Des amis nous ont dit : “On a une pièce entière remplie de jeux, mais on ne retrouve rien. Vous pourriez venir nous aider ?” Pour les cadeaux, on fonctionne par listes, en privilégiant les expériences (spectacles, ateliers, cours, visites, sorties). Et à Noël, c’est un seul présent par foyer de grands-parents. Pour eux, c’est compliqué ! »
“Le rangement et le ménage sont vite faits”
“Le minimalisme passe aussi par le tri des activités et le style de vie : on a supprimé la télé en toile de fond, on priorise ce qu’on aime. Chacun – adultes compris – a une seule activité par semaine, pour ne pas courir partout. Finalement, je constate un vrai gain de temps : tout est plus simple, on est moins distrait, on ne passe pas sa vie à chercher à consommer… On s’en passe, tout simplement ! Le rangement et le ménage sont vite faits. Résultat, on a plus de temps pour se poser, faire des choses ensemble, prendre conscience de ce qui est important pour soi. La vie de famille est apaisée.”
Aujourd’hui, pour simplifier sa vie et s’épargner du stress, Sophie a quitté les réseaux sociaux. Et cela lui a fait “le plus grand bien” ! Elle continue néanmoins d’animer sa chaîne YouTube Simply Sophie, sur laquelle vous trouverez toutes sortes d’astuces et de conseils minimalistes.
On s’y met ?
• Acheter d’occasion : de nombreux articles de puériculture, comme le pot de bébé, ne s’usent pas. Achetons-les de seconde main !
• Louer, emprunter, échanger : médiathèque, ludothèque… Ces lieux formidables permettent de renouveler nos activités sans acheter. Et les familles de notre entourage détiennent sans doute des trésors : pour élargir notre éventail de jouets, albums et autres CD, pourquoi ne pas les échanger ?
• Limiter : le célèbre psychopédagogue Jean Piaget limitait à sept le nombre d’objets à mettre à la disposition de l’enfant. Jamais plus, et toujours les mêmes, pour qu’il puisse répéter et répéter son expérience avec chacun d’entre eux, et que celle-ci fasse son chemin dans son développement.
• S’en passer : le youpala, le trotteur, l’arche d’éveil à suspendre au-dessus du cosy… Utiles ? Pas vraiment, voire… nocifs.
• Vivre : vaut-il mieux avoir ou être ? Qu’est-ce qui restera en mémoire ? L’après-midi à la piscine, les lectures sur les genoux, la séance de peinture tous ensemble… ou le gadget oublié au fond d’un tiroir ?
Pour aller plus loin
À consulter, un guide simple sur la démarche minimaliste dans tous les aspects de la vie : Minimalisme, la quête du bonheur et de la liberté par la simplicité (Rustica éditions, 2017). L’auteure, Judith Crillen, anime aussi un blog, Maman s’organise.