Une guerre entre les générations risque-t-elle d’éclater ? Certains le pensent, d’autres n’y croient pas du tout. La rédaction du magazine Phosphore a confié cet épineux sujet à la dessinatrice Marion Montaigne. Avec humour, elle mobilise la sociologie, la littérature, l’histoire et les neurosciences dans une BD à lire… quel que soit son âge !
Une “guerre” des générations ?
Marion Montaigne a créé un personnage plein de malice, Prof Moustache, qui transforme les études scientifiques les plus pointues en scènes hilarantes. Cette dessinatrice est convaincue, comme les journalistes de Phosphore, que lorsqu’on les fait rire, on permet aux lecteurs et lectrices d’ouvrir leurs écoutilles. C’est plus facile de se remettre en question quand on ne se sent pas agressés. C’est un bonheur d’apprendre quand des mécanismes complexes sont racontés avec humour.
Alors évidemment, la rédaction de Phosphore a pensé à Marion Montaigne pour parler de la pseudo-guerre des générations. Contrairement à certains politiques, et à nombre d’experts qui croient la voir advenir, nous, on n’y croit pas. Certes, les personnes âgées peuvent avoir quelque grief d’avoir dû rester cloîtrées chez elles. Oui, les jeunes peuvent ressentir, avec quelques arguments, une injustice à devoir suivre des cours à distance, être privés de stages, de fêtes, de sport, par solidarité pour les personnes les plus fragiles, et souvent plus âgées. Pour autant, les plus vieux pensent avec inquiétude à ces jeunes privés de libertés, et les jeunes à leurs grands-parents isolés. Pas question d’en rajouter en pointant les fêtes sauvages des uns, les masques sous le nez des autres…
OK boomer !?
Pour désamorcer les attaques, on a mis la question au centre de la discussion : pourquoi les vieux adorent critiquer les jeunes (et vice versa) ? Marion Montaigne a mobilisé des ressources en sociologie, en littérature, en histoire, en neurosciences, pour donner des réponses. En quelques cases, elle raconte d’où vient ce “OK Boomer” qui fuse dans les débats, elle rappelle quelques données statistiques de l’Insee, comme celle de l’âge des mères au moment de leur premier enfant. Elle décortique les mécanismes neuronaux qui transforment les souvenirs, les processus psychanalytiques qui nous font parfois penser que “c’était mieux avant”.
C’est une BD que l’on peut lire seul ou en famille. Et qui peut alimenter la conversation avec vos ados et vos parents, un dimanche midi, ou lors d’un apéro zoom, ou sur un fil WhatsApp… Tous ces lieux où le dialogue entre génération vit, se nourrit, se développe. En attendant les retrouvailles de l’été.
David Groison, rédacteur en chef du magazine Phosphore