Depuis plus de huit ans, Mes premiers J’aime lire publie chaque mois un poème illustré. La poésie constitue une précieuse entrée dans l’apprentissage de la lecture, au même titre que le roman, la “petite histoire”, les jeux et la bande dessinée. Comment la rédaction la met-elle en œuvre ? Entrez dans les coulisses d’une double page haute en couleurs.
Pourquoi votre enfant a-t-il besoin de poésie ?
Apprendre à lire, c’est parfois long et difficile. La poésie est alors une bonne façon de dédramatiser le monde de l’écrit. En quelque sorte, l’enfant reprend le pouvoir sur les mots : pas seulement pour les “décoder”, mais aussi pour en rire, s’en étonner, s’en émouvoir… En continuité avec les comptines de la petite enfance, la poésie fait appel à son intelligence sensible et cultive son goût de la langue.
En cela, elle ne peut se réduire au “joli” ni à la rime systématique. Dans Mes premiers J’aime lire, on trouve des poèmes courts et simples mais dans lesquels les jeux de mots, les sonorités, les associations inhabituelles et la disposition du texte jouent un rôle important.
Secrets de sélection
Tout d’abord, la collecte. Tout au long de l’année, la responsable de la rubrique accumule ses trouvailles dans un dossier-malle aux trésors. Ce peut être un coup de foudre pour un poème complet dans une anthologie, ou quelques vers lus dans un recueil “d’adulte” : si l’ensemble est difficile, on ne prendra qu’un court passage plus accessible.
La rubrique a vite acquis sa notoriété : la poésie est si rare dans les magazines pour enfants ! Sont parvenues alors à la rédaction des propositions spontanées, petites merveilles de tous horizons. Ces poèmes inédits constituent désormais plus de la moitié de la sélection. Mais il est important aussi de faire connaître des “classiques” tels que Maurice Carême… voire de “chiper” à des CP les choix originaux de leurs enseignants ! Parfois également, de fidèles auteurs de romans sont incités à cultiver leur jardin secret de poètes… et se prêtent au jeu avec bonheur.
Vient ensuite la “programmation” : l’équipe de rédaction fait son choix pour les futurs numéros. Parmi une trentaine de poèmes, retenus en fonction de la saison ou des événements (Noël, fête de la musique…), chacun vote pour ses six préférés. Ainsi, les sensibilités sont variées !
Chaque parution implique, bien sûr, rémunération et autorisation de l’éditeur, et/ou de l’auteur ou de ses ayants droit.
Carte blanche à l’illustration
Une fois choisie, la série de six poèmes est confiée à un(e) même illustrateur (trice) qui a ainsi le temps de s’imprégner des textes, de mûrir son interprétation et de créer une continuité de style, comme un rendez-vous donné au lecteur.
Pas si simple, de mettre un poème en image ! L’illustration est une suggestion, une vision personnelle. Mais sans trop “coller aux mots”, il faut que l’enfant ait le plaisir de retrouver une ambiance assez immédiate et des éléments évoqués dans le texte (animal, paysage, scène quotidienne…). Les illustrateurs sont choisis justement pour ce talent : adapter leur monde intérieur à la voix d’un poète tout en restant accessible aux jeunes enfants.
Bayard Jeunesse