Écrit à Londres en 1943, alors que la France est occupée par les Allemands, ce livre de Joseph Kessel est un chant d’amour à la Résistance et à la guerre héroïque que livrent les résistants, les « ombres », contre les nazis. Pour faire découvrir à votre ado l’univers épique de l’auteur, proposez-lui cette version ultracourte de L’armée des ombres. Aventure et fraternité sont au rendez-vous.
L’armée des ombres, version “Classique sans prise de tête” pour les 12-15 ans
Il pleut… Une voiture cellulaire entre dans un camp de concentration. À l’intérieur, un seul prisonnier : Philippe Gerbier. Le directeur hésite devant ce nouveau détenu, propre sur lui, mais qu’il devine rebelle. Ce ne sera pas longtemps son problème. Gerbier s’évade très vite. Une nuit, il se fait la malle, aidé par un jeune électricien qui fait sauter les plombs et lui ménage une piste d’obscurité sur les chemins de ronde.
Dehors, Gerbier plonge alors dans la clandestinité : il est le chef d’une cellule de la Résistance. Puis il organise l’exécution de l’homme qui, par peur de la torture, l’a trahi. Il en profite pour donner une leçon de sagesse – qui fait froid dans le dos – à une nouvelle recrue : “Il faut toujours avoir sur soi des pilules de cyanure. Et si vous êtes pris, il faut s’en servir, mon vieux.”
Gerbier croise plein de Français admirables, sympathisants ou résistants actifs. Et puis il y a Mathilde. Une femme de notaire, en apparence pétainiste bon teint, qui se révèle aussi révoltée qu’enragée contre les Allemands. Elle a commencé dans la Résistance en distribuant des tracts interdits, cachés dans la poussette de son septième enfant. Mais après un combo arrestation/évasion, coupée de sa famille, elle devient le bras droit de Gerbier. Méthodique, patiente, animée par la haine des occupants, elle est vite adorée de ses hommes. Elle organise notamment une nouvelle évasion de Gerbier, qui, arrêté, est condamné à mort ! Avec un timing parfait, au moment de l’exécution, ses hommes jettent des grenades fumigènes sur le champ de tir : Gerbier échappe aux balles qui fusent de toute part, trouve une corde pendue au mur, grimpe… et s’évade !
Si les résistants sont souvent héroïques, ils n’en restent pas moins des humains. Même Mathilde. Arrêtée, elle se sent prête à résister à toutes les tortures physiques. Mais pas aux menaces de la Gestapo à l’égard de sa fille de 17 ans. Elle accepte de livrer les noms d’autres résistants. Pour cela, dit-elle, elle doit sortir de prison afin de reprendre contact avec eux. Pour Gerbier et ses hommes, c’est un déchirement, mais ils n’ont pas le choix. Ils abattent Mathilde en pleine rue. Ils se disent qu’ainsi, ils la libèrent : morte, elle ne trahira pas sa cause et elle ne condamnera pas sa fille.
C’est quoi le message ?
La citation : “La vérité est que j’aime les Hommes, tout simplement” Un chef de la Résistance
Ce roman montre la Résistance sous un jour héroïque. Mais c’est surtout un portrait terrible d’un combat inégal, où le secret est roi. On se terre dans des caves, on cache son identité, on craint de révéler celle de ses compagnons sous la torture… Les ombres du titre, ce sont les résistants, réduits à une existence de fantômes.
L’Armée des ombres (Hatier, 3,95 €). Le roman a aussi été adapté en film par Jean-Pierre Melville, en 1969.