Partie en croisière sur le Nil en 1933 avec sa fille et son mari, archéologue, Agatha Christie connaît bien l’Égypte. Un terrain de jeu tout trouvé pour son héros préféré, le détective Hercule Poirot, et un décor parfait pour son polar Mort sur le Nil. Pour encourager votre ado à explorer l’univers mystérieux et feutré de la reine du roman policier, le magazine Je bouquine lui propose une version ultracourte et amusante de ce livre mythique.
Mort sur le Nil, version “Classique sans prise de tête” pour les 12-15 ans
Linnet Ridgeway est belle, souriante, sympa… et la plus riche héritière d’Angleterre. Parfaitement parfaite, elle vole au secours de sa meilleure amie, Jacqueline de Bellefort – Jackie, pour les intimes – fauchée, et de son fiancé Simon Doyle, au chômage. Quelque temps après, Ô surprise, on retrouve Linnet en Égypte, en pleine lune de miel au bras de son mari… Simon ! Un homme moustachu les repère sur les rives du Nil, le célèbre détective Hercule Poirot. Ce Mr Doyle lui dit quelque chose… Ah, ça lui revient ! Il l’avait surpris en discussion passionnée avec une autre, son ex… D’ailleurs, la voilà ! Jackie ! Tiens, tiens, quel heureux hasard ?!
Le détective embarque avec tout ce beau monde pour une croisière sur le Nil. Un soir un peu plus arrosé que les autres, alors que Linnet est allée se coucher, tout part en vrille. Fébrile, Jackie tire sur Simon Doyle. Elle le regrette aussitôt, et s’effondre, en pleurs. On est obligés de la coucher de force et de la mettre sous morphine. Simon, lui, semble être atteint à la jambe. Grand prince, il rejette la faute sur lui. C’est vrai, quoi, il lui a brisé le cœur… Le lendemain, Linnet est retrouvée morte, une balle dans la tête. La coupable idéale, Jackie, est vite écartée : elle était sous surveillance toute la nuit.
Une avalanche de pistes se présente alors à Hercule Poirot : un J tracé avec le sang de la victime, un plouf dans l’eau, des bruits de pas entendus par des passagers, une silhouette entraperçue, un revolver perdu, puis retrouvé… Et là, nouveau drame : la femme de chambre de Linnet est poignardée en plein cœur. Quand une passagère s’apprête à donner un nom à Poirot… Bang ! Troisième crime. Une vraie prise de tête pour un apprenti détective. Mais pas pour lui, il adore ça ! Poirot a d’ailleurs une intuition… Il rembobine l’histoire depuis le début : la tentative de meurtre de Simon Doyle.
Laissé cinq minutes tout seul, celui-ci n’aurait-il pas eu le temps de courir tuer sa femme Linnet, avant de se tirer une balle dans la jambe, cette fois-ci pour de vrai ? (Et en serrant les dents !) Bingo ! Le crime a été minuté dans le moindre détail, après une pseudo-tentative de meurtre, mise en scène par Jackie et Simon. Les deux autres victimes étaient là au mauvais endroit, au mauvais moment. Démasquée, Jackie part avec panache : elle tue Doyle et se donne la mort. Quelle tragédienne ! Poirot avait vu juste : “La plupart des grandes histoires d’amour sont des tragédies.” Serait-il devenu sentimental ?
C’est quoi le message ?
Dans les romans d’Agatha Christie, rien n’est laissé au hasard. Ici, le premier crime n’arrive qu’au chapitre 13 ! Mais Hercule Poirot flaire très tôt que quelque chose se trame. Un amour brisé, une amitié trahie… Il en faut peu pour basculer du côté obscur.
La citation : “Le paysage tout entier respirait la mélancolie et dégageait une manière de charme quasi maléfique”, Agatha Christie.
Ce roman a été publié pour la première fois en 1937.