D’après l’étude Junior Connect’ 2016, 18 % des 7-12 ans et 77 % des 13-19 ans possèdent un smartphone. Si vous avez décidé d’équiper votre ado d’un téléphone portable comment faire pour que tout se passe bien avec cet appareil ? Nos conseils, et un test du magazine Okapi, pour vous y aider.
Comprendre les besoins de votre enfant
Quel usage les ados font-ils de leur portable et pourquoi est-il si important pour eux ? “C’est un couteau suisse”, affirme Cyril di Palma, délégué général de l’association Génération numérique. L’outil leur permet de prendre des photos et des vidéos, d’écouter de la musique, d’aller sur internet, d’utiliser des applications, de communiquer par messagerie, de jouer… Et parfois, de téléphoner !
En outre, le précieux appareil peut être vécu comme un marqueur d’adolescence. “C’est en quelque sorte un statut. Il y a les bébés et ceux qui ont un portable… Quant aux parents, ils le voient comme un outil pour contacter leur enfant n’importe quand, et vice versa, comme un cordon ombilical… Très vite, l’enfant apprend toutefois à ne pas répondre à ses parents !” souligne Frédéric Rousseau, psychanalyste.
Informer et expliquer
L’usage du téléphone portable comporte toutefois quelques pièges. “Les risques sont différents en fonction de l’âge. Mais il y a une constante : si l’appareil prend des photos et des vidéos, il y a un problème quand les parents n’expliquent pas ce que cela implique…”, alerte Cyril di Palma. C’est donc aux parents de parler des conséquences de la publication d’une photo sur un réseau social : “Il faut aider les ados à prendre conscience que ces clichés restent et peuvent avoir des conséquences dans le futur !” précise le délégué général de Génération numérique.
Le cyberharcèlement peut passer par le smartphone… De plus, d’après l’étude de Génération numérique sur les ados et les réseaux sociaux, chez les 11-14 ans, 29 % des filles et 39 % des garçons ont déjà communiqué avec des inconnus. Il y a donc aussi le risque de mauvaises rencontres, au sens large… Pas facile à détecter pour les parents ! “Cela passe par la qualité de la communication, qui doit avoir commencé bien avant l’adolescence. S’il y a des bases de franchise et de confiance, l’ado pourra en parler s’il est confronté à un problème. Il faut aussi se poser la question : qu’est-ce qui fait que l’ado répond à cela ? Il y a certainement une fragilité…”, explique Frédéric Rousseau.
Autre risque chez les ados : l’excès. “La nomophobie [la peur d’être séparé de son téléphone portable] est fréquente. Le téléphone est comme greffé, c’est un prolongement d’eux-mêmes ! Ce qui pose un problème en classe…”, signale Cyril di Palma. Les messageries instantanées, et plus largement toutes les notifications, entravent la concentration : “c’est interruptif, ça sonne souvent pendant les devoirs. En termes de concentration, c’est beaucoup plus perturbant qu’un coup de fil.” Enfin, le téléphone portable peut perturber le sommeil… Lors de l’étude sur les réseaux sociaux de Génération numérique, à la question “T’arrive-t-il de rester éveillé(e) ou de te réveiller pour aller sur internet la nuit ?”, chez les 15-18 ans, 42 % des filles et 38 % des garçons ont répondu oui. Et il faut ajouter à cela les méfaits de la lumière bleue des écrans sur la qualité du sommeil…
Poser des limites
Comment cadrer ces usages, sans être intrusif ? Avant tout, en expliquant bien à votre enfant comment utiliser cet outil avec discernement, ainsi que certaines notions (le droit à l’image, la protection des données personnelles…). “Il ne faut pas terroriser, faire un descriptif nuancé, en amont, bien discuter”, conseille Frédéric Rousseau. Et puis, n’hésitez pas à lui poser des questions sur certaines applications : “À quoi sert un snap ? C’est quoi un filtre ? Comment fonctionne ce jeu ?”
L’âge conditionne le choix du portable, du forfait, et les règles que vous mettrez en place, en fonction de vos propres curseurs… “Il vaut mieux déplacer les lignes petit à petit… Les règles ne sont pas les mêmes à 11 et 14 ans !”, dit Frédéric Rousseau. “C’est un apprentissage progressif. Par exemple, commencez par un forfait uniquement appels et SMS en 6e/5e… Observez si tout se passe bien (pas de SMS la nuit…) avant de passer éventuellement à un smartphone pouvant se connecter au wifi…”, suggère Cyril di Palma.
Que penser des services de contrôle parental proposés par les opérateurs ? “Cela peut être utile… Mais ce n’est vraiment pas suffisant”, dit Cyril di Palma, qui mise plutôt sur une vraie éducation numérique. De plus, comme l’explique le psychanalyste Frédéric Rousseau, “Si des parents veulent installer ce genre de chose, il faut vraiment expliquer pourquoi aux ados. Et dire que c’est (re)discutable. Le faire sans prévenir, ça peut être catastrophique, c’est comme fouiller dans un tiroir ! C’est une preuve de méfiance.”
En tous les cas, conseille le délégué général de Génération numérique : “Pas de portable dans la chambre le soir ! Il doit être éteint et dans une autre pièce”. En outre, les parents doivent eux-mêmes être exemplaires : des adultes scotchés à leur smartphone ne peuvent pas demander à leurs enfants de se décoller de leur écran… “Il y a un moment pour tout : manger, dormir, aller à l’école, parler avec ses potes… Les parents doivent imposer des règles en ce sens” dit Cyril di Palma. Par exemple, pas de portable pendant la révision d’un contrôle…
Une technologie positive ?
Comme chaque nouvel outil, le smartphone a des aspects positifs : les ados apprennent à utiliser une nouvelle technologie, à être à l’aise avec les nombreuses fonctions qu’elle offre et qu’ils retrouvent dans leur environnement scolaire, et plus tard, professionnel… “Cela dépend toujours de l’usage que l’on fait du téléphone…”, explique Frédéric Rousseau. Pour qu’il soit le plus profitable possible, mieux vaut donc l’utiliser de manière bien informée et avec mesure !
Lucie de la Héronnière
Test : “Pourrais-tu vivre sans portable”
Quelle importance votre ado attache-t-il à son portable, peut-il se passer de lui, un peu, beaucoup ou pas du tout ? Et s’en rend-il compte ? Proposez-lui de faire ce test, publié dans le magazine Okapi du 1er janvier, en cliquant sur ce lien qui vous permettra de le télécharger.
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