Envie de passer un bon moment avec votre ado en regardant un film ? Découvrez ceux que les jeunes stagiaires de la rédaction de Phosphore ont choisis, pourquoi ils les ont marqués et ce qu’ils leur ont apporté.
Mon Oncle : “Un lien précieux avec mes parents”
“J’avais 7 ans lorsque j’ai regardé pour la première fois Mon Oncle de Jacques Tati. Ce film a été le premier d’une longue série visionnée avec mes parents. Il a totalement bouleversé ma vision du cinéma jusqu’à développer une passion pour ce domaine. Tout m’a fasciné : les décors, l’utilisation des couleurs, la musique, le son… Les manières de filmer les scènes par le réalisateur m’ont laissé comprendre la panoplie de types de films qu’il me restait à voir.
L’histoire est pourtant assez banale mais introduit l’arrivée de la technologie dans notre époque, laissant place à des scènes absurdes et loufoques. Le film regorge de poésie et le personnage qui l’incarne le mieux est l’oncle en question : M. Hulot. Je pense que, pour les enfants, il représente bien une autre facette de l’âge adulte, moins sérieuse, plus libre et plus extravagante.
Mais Mon Oncle représente aussi un lien précieux que j’ai entretenu avec mes parents grâce à de longues soirées à découvrir de nouveaux films sur notre canapé le week-end, à des débriefings après chaque visionnage pour savoir qui avait aimé ou non, et à des listes ‘à regarder’ qui n’en finissent jamais.” Pierre
La Boum : “Le même désir de liberté”
“Je me souviendrai toute ma vie de ce film. J’ai trouvé ça dingue de voir à quel point le monde a évolué depuis les années 80. Les relations entre filles et garçons étaient tellement plus compliquées ! Ils formaient tout le temps deux groupes distincts. Ils ne sont ensemble que pendant les boums, l’équivalent des soirées actuelles… à ceci près qu’ils avaient treize ans ! Mais ce film m’a aussi fait réfléchir, car au fond, nous ne sommes pas si différents : comme nous, les adolescents de l’époque avaient le désir de s’affranchir de leurs parents, bref, d’être libres !” Audrey
Better Days : “Il me reconnecte à l’essentiel”
“Complexe et bouleversant, Better Days traite du harcèlement scolaire, de notre besoin de connexion entre êtres humains, en miroir avec notre sentiment de solitude. À la fois critique de la pression du système éducatif chinois en faisant le portrait d’un quotidien aliénant des élèves, et ode à la poésie, ce film m’a redonné espoir en l’humanité. Chien Nan est une lycéenne brillante qui prépare l’examen qui déterminera sa future université, et Xiao-Bei est un petit gangster déscolarisé. Ensemble, ils vont se dresser contre un monde cruel de violence et d’individualisme. Leur sens de la justice et leur espoir de se construire un futur meilleur les guideront.
Ce film m’a fait découvrir mon intérêt pour le cinéma asiatique, tout en faisant écho avec l’histoire d’une amie. Il a provoqué en moi des émotions qu’aucune œuvre d’art n’avait jamais su faire naître auparavant. Lors de certaines scènes, je me suis mise à sangloter. J’avais envie de courir aider les personnages. Je le regarde quand je ressens le besoin de me reconnecter à l’essentiel.” Jade
Yes Man : “Il m’a appris à gérer mon stress”
“Tu connais quelqu’un dans ton entourage qui passe son temps à dire non à toutes propositions ? Tu devrais lui conseiller de regarder Yes man. Inspiré d’un livre du même nom, il met en scène Carl Allen, un employé de banque dont la vie change le jour où il applique la philosophie du ‘Yes’ : il prend des cours de coréen avancé sans en parler un mot, il monte sur le scooter d’une inconnue, il prend le premier avion pour une excursion spontanée…
Attention cependant à ne pas faire la même chose, il a pris cette philosophie un peu trop à cœur et a donc dit : ‘oui’ à tout sans tenir compte des choses qu’il ne voulait pas faire ou des risques qu’il prenait ! Pour ma part, j’ai choisi une version plus modérée : j’ai beaucoup souffert de crises d’angoisse en étant plus jeune, ce qui m’a fait refuser des sorties. Cette philosophie m’a aidée à prendre conscience des expériences que je manquais et m’a fait prendre une décision : ne plus laisser l’anxiété décider à ma place. J’ai appris à gérer mon stress et à m’ouvrir aux possibilités, cela m’a permis de vivre des moments que je ne pensais pas réalisables comme parler devant 800 personnes lors de la finale du concours de plaidoiries du mémorial de Caen ou encore faire un stage à presque 200 km de chez moi au sein du magazine Phosphore !” Emma
Animal : “J’ai eu une vraie prise de conscience”
“Animal est le dernier film du réalisateur écolo et engagé Cyril Dion. C’est un documentaire-reportage dans lequel le réalisateur et deux ados (Bella Lack et Vipulan Puvaneswaran) connus pour leur militantisme voyagent pour se confronter aux grands enjeux écologiques et rencontrer des scientifiques, des militants… et même Jane Goodall !
J’ai adoré ce film qui a été une véritable prise de conscience sur l’état dans lequel on a laissé le monde. Ce qui est génial, c’est que, bien qu’il parle de sujets très graves, il ne tombe pas dans le pessimisme et montre plutôt qu’il faut s’unir maintenant pour changer les choses. Le passage le plus marquant pour moi est celui qui se déroule dans un élevage intensif de lapins. Ils sont tous enfermés dans de minuscules cages les unes sur les autres. Ils ont les yeux rouges, des taches violettes sur leur pelage, et l’on peut ressentir leur souffrance. L’éleveur semble ne pas se rendre compte du problème et trouver qu’ils sont bien traités.
On peut également ressentir la détresse de l’homme qui dit ne pas avoir d’autre choix que de les mettre dans de si petites cages car il n’a pas d’argent et n’arrive pas à gagner sa vie. C’est réellement un passage touchant, car on prend conscience qu’il n’y a pas de méchant (l’éleveur) et de gentils (les lapins) mais que la réalité des choses est bien plus complexe. Tout le monde souffre de cette situation et on voit que l’éleveur, n’ayant pas les moyens financiers de faire autre chose, préfère s’aveugler et considérer que ses animaux sont bien traités.” Laure
Tick, tick… Boom ! : “Je rêve de monter des comédies musicales”
“C’est une comédie musicale inspirée de la vie de Jonathan Larson. Il travaille comme serveur dans un restaurant new-yorkais et, en parallèle, compose et met en scène sa comédie musicale. Il a peu de temps pour la présenter à des producteurs. La pression monte, jusqu’à s’isoler de ses proches. Mais il ne songe jamais à arrêter.
Ce film m’a fait réfléchir sur mon avenir, parce qu’il donne envie de poursuivre une carrière difficile par passion. Il donne une signification et un bel exemple de la phrase ‘poursuis tes rêves’. Il m’a interpellée parce que je rêve aussi de monter des comédies musicales, en écrivant l’histoire, en composant la musique. Ce film m’a donné du courage pour poursuivre ma passion et me fait envisager d’en faire mon métier.” Isabelle
Simone, le voyage du siècle : “Sa lutte m’a motivée”
“Dans le film Simone, le voyage du siècle, on découvre le parcours de Simone Veil, de prisonnière d’un camp de concentration à présidente du Parlement européen. On la voit se battre contre les injustices, malgré ses traumatismes. Je ne me suis pas forcément reconnue dans le personnage, mais la voir lutter de toutes ses forces pour les droits d’inconnus, m’a redonné une motivation que j’avais perdue.
Je suis à une période de ma vie où je fais face à beaucoup de doutes concernant mon futur, je me demande si j’ai la force de me lancer dans des voies sans doute difficiles. Et voir cette femme faire face au sexisme qu’elle subit constamment, avancer en dépit des traumatismes qui la hantent, et se battre pour obtenir des droits pour elle et pour l’humanité, m’a bouleversée. Et si Madame Veil, malgré toutes les difficultés, a su faire face, pourquoi moi, avec mes problèmes insignifiants, je ne serais pas capable de faire pareil ? Je vais me battre pour mon rêve.” Izoel
Les Indestructibles 2 : “Depuis, je suis plus proche de ma famille”
“Les Indestructibles 2 venait de sortir au cinéma. Ma petite sœur et mon beau-père voulaient le voir. Quand j’ai vu que cela parlait d’une famille de superhéros et de méchants, je me suis dit que ça ne m’intéresserait pas. Comme je m’étais éloignée de ma famille, que c’était une période où mon beau-père travaillait énormément, ma mère était souvent avec ma sœur plus petite, je me sentais mise de côté. Je restais dans mon coin à réviser ou être en appel avec mes amies, car elles me donnaient l’attention dont j’avais besoin.
Au final, on m’a forcée à aller le voir. Je me suis endormie pendant la séance. Et je me suis réveillée au moment où la famille de superhéros s’entraide pour combattre les méchants. C’était si touchant que je me suis remise en question. Ma famille, elle sera toujours là pour moi ! Le soir même, je suis allée m’excuser auprès de ma mère et mon beau-père pour mon comportement, je leur ai expliqué mon point de vue. Ils m’ont rassurée. Et depuis, je suis redevenue proche d’eux.” Ahily
Interstellar : “Je m’intéresse plus à la science”
“La première fois que j’ai vu Interstellar, j’avais 10 ans et je l’ai vu avec mon père. Au début, je n’ai pas tout compris et mon père avait dû m’expliquer la fin. Mais ce qui me marque avec le réalisateur Christopher Nolan, c’est que tu redécouvres ses films à chaque fois. Tu peux les regarder dix fois, tu découvriras toujours un détail qui change beaucoup comme la scène dans le tesseract, où Cooper voit son propre passé et essaye de le changer mais il n’y arrive pas. Petit, je n’avais pas tout saisi de ces petites subtilités qui rendent la scène très touchante. On comprend qu’il aurait pu rester et vivre avec sa fille, mais il a décidé de partir, se condamnant à ne plus jamais la revoir.
La première chose qui m’avait ébloui, à 10 ans, c’est le visuel : la scène du trou noir est une des scènes les plus marquantes du cinéma moderne, c’est un des premiers visuels d’un trou noir qui est juste éblouissant. Le film met aussi en scène des problèmes qui sont envisageables et qui vulgarisent assez bien la science pour que l’on puisse s’y intéresser, comme ce fut mon cas. Il ouvre des portes sur l’univers et l’espace qui font à nouveau rêver et qui posent des questions complexes : y a-t-il de la vie ailleurs ? Est-ce que l’humanité survivra ? Le voyage spatial est-il possible ?” Octave
La Vie scolaire : “Il m’a donné confiance”
“La Vie scolaire de Grand Corps Malade et de Mehdi Idir m’a énormément touchée. Il parle de l’échec scolaire et les difficultés au quotidien. Je me suis retrouvée dans le personnage principal, Yannis : j’ai comme lui du mal à me concentrer et à suivre en cours. Le film m’a fait comprendre qu’il fallait que je surmonte ces difficultés, en m’organisant, en passant plus de temps à travailler.
Aujourd’hui, je me sens plus en confiance et j’ai mis en place des choses simples comme travailler dans ma chambre plutôt que de partager la table de la cuisine avec toute ma famille.” Margaux
Intouchables : “Mon regard a changé”
“Le film Intouchables a changé ma perception des personnes en situation de handicap. Touchant et drôle, le film met en scène la relation entre un homme tétraplégique et la personne qui l’aide. Après l’avoir regardé, j’ai changé d’attitude vis-à-vis d’un camarade au collège. Je lui ai parlé, et je me suis rendu compte qu’on avait en commun des goûts et des passions comme le manga. On est devenu très proches. Avant, j’avais un peu peur d’aller lui parler. Cela ne m’arrivera plus.” Eliot
Le Tombeau des Lucioles : “J’ai découvert la réalité de la guerre”
“La première fois que j’ai regardé le film d’animation Le Tombeau des Lucioles, je devais avoir cinq ans. Mes parents m’ont raconté que je l’avais regardé en japonais : je n’avais sans doute rien compris à l’histoire. Pourquoi, dès le début du film, on voyait des corps enveloppés de bandages. Pourquoi la petite sœur du personnage principal disparaissait dans un tourbillon de flammes, et ne réapparaissait plus jamais. Tout ce qui comptait pour moi, c’était la beauté des dessins.
Mais je l’ai revu, encore et encore, jusqu’à ce que je sois en âge de piger quelque chose à l’histoire. Jusqu’à ce que je comprenne que les images que je voyais, les bombes larguées par les Américains sur Kobe, au Japon, ça avait été une réalité, quelques décennies auparavant. Pour moi, les événements de cette année 1945 étaient forcément fictifs. Un paysage en ruine, des orphelins forcés de se débrouiller seuls, des gens affamés et épuisés, prêts à mourir à tout instant, ça n’existait pas dans mon esprit. C’est à partir de ce moment que j’ai compris que la réalité pouvait paraître plus folle que les univers qu’on s’invente étant enfant.” Monsoon