Isolement, idées noires, secret trop lourd à porter, mal-être… : ce n’est pas toujours facile de se confier à ses parents quand on ne va pas bien à l’adolescence. Mais vers qui se tourner ? Le magazine Okapi explique aux 10-15 ans le rôle d’un psychologue et dans quelles situations il est conseillé d’aller consulter ce professionnel de la santé mentale. Un article à partager avec votre ado pour lever les appréhensions… et l’accompagner dans sa démarche.
Les parents, les adultes en général, en ont-ils assez conscience ? Entre l’année 2019 – un an avant la pandémie de Covid – et 2022 – un an après –, les consultations auprès d’un psychologue ont augmenté de 30 % chez les jeunes de moins de 17 ans, selon un baromètre réalisé en octobre 2023 par Doctolib avec la Fondation FondaMental. Celles auprès d’un psychiatre de 10 %.
Il est précieux d’avoir ces données à l’esprit à l’heure où une succession d’actualités dramatiques focalise l’attention médiatique et politique sur la violence non canalisée des adolescents, en particulier la génération collège. Non pour remettre en question la réalité et la nature de cette violence, mais plutôt pour l’associer, toujours, au fait que cette génération, déjà soumise en temps normal aux difficultés de son âge, ne va pas bien, comme le confirment nombre de pédopsychiatres.
Dans ce contexte, le magazine Okapi propose un article à hauteur d’adolescents pour aider ses lectrices et lecteurs de 10 à 15 ans à identifier leur besoin de consulter et, tout aussi important, à oser en parler à leur entourage proche. En premier lieu à leurs parents. Intitulées « Aller voir un psy, pourquoi pas moi ? », ces pages (à lire ci-dessous) ont été conçues sur un mode non anxiogène, à partir de courriers d’ados adressés à la rédaction, et adaptées à leurs principaux questionnements.
Âgé de 13 ans, Oscar pose ainsi une question sur laquelle beaucoup, à son âge, s’interrogent déjà : « J’aimerais bien aller voir un psy, dit-il, mais je me demande à quoi ressemble une séance ? J’ai peur de devoir parler devant un inconnu en non-stop pendant une heure entière. » Face à ce type d’angoisse, la réponse d’Okapi se doit de rassurer tant sur l’utilité du psy que sur le déroulement de la première séance : « Je te rassure, tu ne seras pas allongé sur un divan à parler tout seul ! Imagine plutôt une prise de contact. » Et aussi : « Pas besoin de tout raconter tout de suite, tu peux attendre de te sentir en confiance pour te livrer. » Au même titre que l’explication du caractère confidentiel de ce qui se dit pendant la séance, voilà de quoi, sans doute, permettre à Oscar d’oser franchir le seuil du cabinet de consultation, quelle qu’en soit la cause…
Une autre lectrice, âgée de 11 ans et restée anonyme (comme beaucoup), explique se sentir « très mal à l’aise » dans sa classe. Elle « aimerait voir un psy » mais ne sait pas « comment le dire à (ses) parents ». Là encore, derrière le cas singulier, une situation qu’Okapi connaît bien : la peur chez l’adolescent de décevoir sa mère ou son père, ou bien la crainte que les frais à engager leur coûtent trop cher, ou encore l’angoisse de rester finalement incompris(e)… C’est sans doute l’étape la plus redoutée par l’ado avant de se rendre pour la première fois chez un psy. Et Okapi se doit de lui offrir le meilleur des conseils : « Fais leur confiance ! Et si tu as du mal à en parler, écris-leur une lettre pour expliquer ta démarche. »
Ôter la honte ou la peur du regard des autres, désacraliser une démarche pratiquée par de plus en plus de jeunes décidés à se prendre en main pour aller mieux, oser tout simplement « en parler », informer aussi sur les dispositifs d’aide existants (en particulier « Mon soutien psy ») : un message utile pour une génération en besoin d’écoute, aussi bien que pour l’ensemble de la famille. Puisque, comme l’exprime la psychanalyste Maria de Oliveira dans ces pages, « le simple fait de venir en consultation provoque une prise de conscience, du côté des parents et de l’ado ».
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef d’Okapi
Lire l’intégralité de l’article d’Okapi : “Aller voir un psy, pourquoi pas moi ?”
À quoi ça sert, un(e) psy ?
Tu as sûrement des ami(e)s, une famille… des gens à qui te confier. Tu te demandes peut-être à quoi ça sert d’aller voir un(e) inconnu(e) pour lui parler de tes problèmes ? Après une rupture, un deuil, un événement traumatisant ou simplement parce qu’on ne se sent pas bien, on peut ressentir le besoin d’être soutenu(e). Un(e) psy ne va pas t’écouter de la même façon qu’un proche. Il/elle n’aura pas d’idée préconçue sur toi, et ne voudra qu’une chose : que tu ailles mieux.
Il/elle t’offrira un regard neutre, sans jugement, qui t’aidera à prendre du recul et à mieux te comprendre. Il/elle mettra des mots sur tes maux. Comme l’explique la psychanalyste Sophie Braun : “Tu peux comparer un psy à un plombier ! Il va déboucher les endroits qui sont bloqués !”
Comment se passe la première séance ?
Normal d’être stressé(e) à l’idée de rencontrer ton/ta psy pour la première fois. Lors de ce rendez-vous, il/elle te posera des questions pour en savoir plus sur toi et sur le motif de ta consultation. Je te rassure, tu ne seras pas allongé(e) sur un divan à parler tout(e) seul(e) ! Imagine plutôt une prise de contact. Cela te semblera peut-être étrange au début, mais au fur et à mesure, un lien de confiance va s’établir. Pas besoin non plus de tout raconter tout de suite, tu peux attendre de te sentir en confiance pour te livrer.
Comment bien le/la choisir ?
Déjà, il faut faire la distinction entre différents termes.
• Le/la psychothérapeute : au départ, le “thérapeute” est celui qui prend soin des autres. Mais le terme s’emploie plus spécialement pour désigner celui ou celle qui privilégie une approche très concrète des problèmes psychiques.
• Le/la psychiatre : c’est un(e) médecin. Il/elle adopte donc une approche plus médicale, avec la possibilité de prescrire des médicaments.
• Le/la psychologue : son travail consiste à écouter, dialoguer et conseiller.
• Le/la psychanalyste : c’est un thérapeute dont le travail s’appuie sur la connaissance de la vie psychique consciente et inconsciente.
Sauf problèmes graves ou spécifiques, c’est certainement un(e) psychologue que tu vas aller voir. Et ce qui importe, c’est que tu te sentes à l’aise avec cette personne. Si ce n’est pas le cas lors du premier rendez-vous, n’hésite pas à aller voir quelqu’un d’autre !
Combien de temps vais-je y aller ?
Cela dépend. Il n’y a pas de durée précise. Certaines difficultés ponctuelles peuvent parfois se résoudre en quelques séances, tandis que d’autres nécessiteront plusieurs mois pour être surmontées. Lorsqu’il s’agit d’une dépression, cela peut même s’étaler sur plusieurs années. Mais en règle générale, les ados progressent plus vite que les adultes, car le cerveau est plus malléable !
Comment en parler à mes parents ?
Devoir en parler aux parents : finalement, c’est peut-être l’étape que tu redoutes le plus ! Tu crains de les inquiéter, de ne pas trouver les mots, voire que cela leur coûte trop cher… Bref, les raisons d’esquiver la discussion te semblent innombrables. Mon conseil : fais-leur confiance ! Et si tu as du mal à leur en parler, écris-leur une lettre pour leur expliquer ta démarche. Mais si tu te décides à consulter, ton/ta psychologue les rencontrera également, pour les rassurer, car eux aussi peuvent ne pas avoir l’habitude de ce genre de consultation. C’est son rôle, après tout !
Quand dois-je consulter ?
La réponse de Maria de Oliveira, psychanalyste
“Si tu t’isoles de tes amis et de tes proches, si tu pleures beaucoup, si tu as des idées noires, si tu portes des secrets que tu n’oses raconter à personne et qui pèsent lourd… La présence d’un ou plusieurs de ces éléments t’indique qu’il faut aller consulter.
Tu peux aussi simplement sentir que ça ne va pas, sans bien savoir pourquoi. Dans ce cas, n’hésite pas non plus à prendre rendez-vous. Il m’arrive de recevoir des ados sur deux ou trois séances seulement ! Le simple fait de venir me voir provoque une prise de conscience, du côté des parents et de l’ado.”
Et si ça coûte trop cher ?
Tu peux demander à ton médecin traitant de t’orienter vers un(e) psychologue qui adhère au dispositif “Mon soutien psy”. Dans ce cas, les huit premières séances sont remboursées par l’Assurance maladie. Et huit séances, ça permet déjà d’aller beaucoup mieux !
Ce que je raconte, ça reste secret ?
Oui ! Ce que tu partages en séance restera entre ton/ta psy et toi. La confiance est essentielle dans une thérapie. Parfois, il peut arriver que tu veuilles dire des choses à tes parents, mais que tu n’y arrives pas. Dans ce cas, et avec ton consentement, ton/ta psy peut discuter avec eux pour débloquer la situation. En revanche, s’il/elle juge que tu cours un grave danger, il/elle peut rompre la confidentialité, mais te préviendra toujours à l’avance.
La rubrique “On se dit tout” du magazine Okapi
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