Au collège beaucoup trop d’élèves préfèrent encore se retenir toute la journée, plutôt que d'aller aux toilettes, et prennent ainsi des risques pour leur santé.
© Illustration : Giovanni Jouzeau, Okapi n° 1220.

Toilettes au collège : il est urgent d’agir !

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Nos ados sont quasi unanimes : les toilettes au collège, c’est la “cata”. La saleté, le manque d’intimité ou l’insécurité font que beaucoup évitent de s’y rendre, au risque de se rendre malades. Mais comment se sentir en confiance pour travailler quand on se tient le ventre toute la journée ? Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des 10-15 ans, s’attaque à ce sujet, que nos enfants n’osent pas toujours aborder à la maison, et fait le tour des solutions pour que cela change.

« On en a marre ! » Ce titre barre la couverture du n° 1220 d’Okapi, dont l’illustration représente des adolescents en train de manifester. Marre de quoi ? De l’état des toilettes de leur collège ! Elles sont même ce que les ados changeraient en priorité dans leur établissement, selon une précédente enquête, réalisée en septembre 2023. Okapi a voulu en savoir plus, et a interrogé ses lecteurs sur ce sujet omniprésent dans leur vie, mais sur lequel ils et elles ont peu la parole… Et qui passe « sous les radars » des parents et de la société.

Couverture du magazine Okapi n° 1220, 15 avril 2025.
Couverture du magazine Okapi n° 1220, 15 avril 2025.

Enquête sur les toilettes au collège : des résultats préoccupants

Dans ton collège, les toilettes sont-elles sales ? T’y sens-tu en sécurité ? Y trouves-tu du papier, du savon, des chasses d’eau qui fonctionnent, des distributeurs de protections menstruelles chez les filles ? Y vas-tu chaque fois que tu en as besoin ? Autant de questions figurant dans un grand questionnaire en ligne, proposé à nos lecteurs en juin 2024, qui a permis de recueillir plus de 1 200 réponses, dont 75 % en provenance de filles.
Il en ressort des résultats saisissants, que ce soit sur la propreté, l’intimité ou la santé. Pour un(e) adolescent(e) sur dix, les toilettes du collège sont ainsi jugées « très sales ». « Parfois, les toilettes sont tellement sales qu’on dirait une vraie scène de crime ! », déplore Lyséa, en 3e, qui pointe un « manque de respect pour les agents d’entretien ».
Tout aussi préoccupant, un tiers des répondants disent ne pas se sentir en sécurité dans les toilettes. Plusieurs raisons : des portes de cabines qui ne ferment pas, la promiscuité gênante, d’autres élèves, plus grands, qui squattent les lieux, un manque de surveillance… Suffisant pour dissuader de s’y rendre, même en cas de besoin pressant. Aussi, un tiers des élèves, là encore, affirment ne jamais aller aux toilettes dans leur collège ! Et six sur dix s’être déjà retenus toute une journée, développant de vraies stratégies. « Le midi, je m’empêche de trop manger ou de trop boire à la cantine », explique, par exemple, Maureen, 12 ans.
Ajoutons, enfin, que 86 % n’y vont jamais à la selle. Risques d’infection urinaire ou de constipation, risque aussi pour la santé mentale dans certains cas, les médecins interrogés prennent le sujet au sérieux, surtout à l’âge de la puberté. Les élèves aussi ! Car comment se sentir en confiance pour travailler quand on se tient le ventre toute la journée ? Le bien-être des élèves ne devrait-il pas être le premier souci de l’institution, qui prétend améliorer les résultats scolaires ?

Et si on parlait des ”petits coins” du collège… à la maison ?

Les toilettes sont-elles pour autant un sujet de discussion à la maison ? Chaque famille peut avoir un point de vue là-dessus. Mais là encore, de nombreux collégiennes et collégiens confient que ce n’est pas quelque chose qu’il est facile d’aborder, même avec ses parents. De fait, pensons-nous seulement à le leur demander, au même titre que la façon dont s’est passée leur évaluation de maths ou ce qu’il y avait à manger à la cantine ?
Sans doute cette enquête d’Okapi constitue-t-elle, pour les parents, une occasion d’amorcer aussi un dialogue familial sur ce sujet, dans lequel ils peuvent mobiliser leurs propres souvenirs. Les choses ont-elles beaucoup changé ? Pour aller plus loin, Okapi donne aussi des exemples d’établissements scolaires où, déjà, on tente de faire évoluer les mentalités et d’améliorer les toilettes, sachant bien sûr qu’en matière de financement, cette mission incombe au département.

« Respect pour mes toilettes » : Okapi se mobilise pour aider les collégien(ne)s avec un poster et un questionnaire

Okapi propose aussi à ses lectrices et lecteurs de se mobiliser pour essayer d’améliorer les choses dans leur établissement : un bel exercice d’éveil à la citoyenneté avec un enjeu réel et mobilisateur. Comment ? Grâce au poster « Respect pour mes toilettes » disponible dans le n° 1220 d’Okapi (15 avril 2025), à afficher au sein du collège, qui rappelle les règles à suivre pour des toilettes agréables. Le verso – une histoire humoristique des toilettes à travers les âges – peut aussi être affiché dans les WC à la maison !

Télécharge le poster « Pour des toilettes propres et agréables » avec les règles à respecter et «Les toilettes à travers les âges ». À afficher dans les toilettes ou à proximité.

Ou bien en créant un groupe avec d’autres camarades volontaires et des adultes de l’établissement, pour enquêter sur le ressenti des élèves (là aussi, un sondage est téléchargeable pour les y aider), et réfléchir à des solutions. Le soutien des parents n’est pas inutile pour cela !

Ce questionnaire d'Okapi permet de demander à chaque élève son avis sur les toilettes de ton collège et de mener ainsi une campagne de sensibilisation.

Okapi continuera, dans les prochaines semaines, les prochains mois, à se mobiliser sur ce sujet. Au fil des numéros et de nos rubriques, nos journalistes au plus près des collégiens rendront compte de toutes les initiatives que ses lectrices et lecteurs, devenus de vrais jeunes ambassadeurs et ambassadrices, voudront bien nous raconter… Pour que les choses bougent, on compte (aussi) sur vous !

Jean-Yves Dana, rédacteur en chef d’Okapi

C’est dégueu, ça pue, c’est gênant… La moitié d’entre vous* jugent les toilettes du collège tellement sales et dégradées que cela peut les dissuader d’y aller. * Source : “À nous les toilettes !”, étude Harpic et Essity, 2023.
Illustration extraite de l’enquête d’Okapi « Toilettes au collège, on en a marre ! », à lire en intégralité ci-dessous.

« Toilettes au collège, on en a marre ! »

Vous êtes toutes et tous d’accord : les toilettes du collège, c’est la cata ! Ce lieu, indispensable pendant vos longues journées de cours, vous dégoûte… Okapi vous donne la parole dans son numéro du 15 avril 2025 et fait le tour des solutions qui existent pour des petits coins plus agréables.

Sanitaires trop sales… mais à qui la faute ?

C’est dégueu, ça pue, c’est gênant… La moitié d’entre vous* jugent les toilettes du collège tellement sales et dégradées que cela peut les dissuader d’y aller. * Source : “À nous les toilettes !”, étude Harpic et Essity, 2023.

Dans les toilettes du collège, vous vous plaignez en premier de la saleté, des odeurs, de l’absence de savon ou de papier. Eh bien, sachez qu’en 2023, une enquête* réalisée pendant quatre ans dans plusieurs établissements vous attribue, à vous, élèves, une part de responsabilité. De votre faute ? Pas vraiment une surprise ! Au collège, les toilettes sont un lieu perçu à la fois comme repoussant, parce que trop souvent sale, et attirant, parce qu’à l’abri des adultes. En clair, vous y faites vos besoins, bien sûr, mais, pour certain(e)s, pas que… Puisque le lieu n’est pas propre, où est le souci si on le dégrade encore plus ? En lançant des boules de papier au plafond, en ne tirant pas la chasse, en taguant les murs… Ou pire encore. Ce cercle vicieux, il faut en sortir pour améliorer les choses. On commence par où ? * Source “Les petits coins à l’école”, Aymeric Brody, Gladys Chicharro, Lucette Colin, Pascale Garnier, éditions Erès, 2023.

  • 45 % des élèves affirment qu’il n’y a du papier dans les toilettes de leur établissement scolaire que “rarement ou jamais”. Et s’il y en a, il faut souvent se servir hors des cabines. Trop gênant ! Source : Essity, 2017.
  • 7 filles sur 10. En majorité, les collégiennes ne sont pas à l’aise dans les toilettes de leur établissement pour changer leur protection hygiénique. Elles regrettent aussi qu’il n’y ait pas toujours de papier, ni de savon pour se laver les mains. Autre problème : les poubelles qui n’ont pas de couvercle. Source : Essity, 2020.
  • 18 % des élèves considèrent que les toilettes sont la première chose à améliorer dans leur établissement. Ils/elles aimeraient qu’elles soient plus propres et avoir plus d’intimité. Source : Essity, 2018.
  • 8 sur 10. C’est la proportion d’élèves qui pensent que les toilettes ne sont pas une priorité pour leur établissement scolaire. Source : Essity, 2020.
  • 77 % des collégien(ne)s affirment que parler des toilettes est tabou, selon une enquête réalisée il y a dix ans. Ce nombre a sans doute peu varié. Même à la maison, vous êtes très peu à oser vous confier à vos parents sur ce sujet. Source : enquête de l’Observatoire sur l’état des sanitaires dans les collèges et lycées, 2015.
  • 1 élève sur 10 juge “très sales” les toilettes de son collège, parmi les lectrices et lecteurs d’Okapi qui ont répondu à notre enquête. Et vous êtes 65 % à vous plaindre de mauvaises odeurs. Source : sondage Okapi, 2024.

Témoignages d’adolescent(e)s sur la saleté dans les toilettes du collège

« Si je devais changer quelque chose, ce serait de mettre le papier toilette à l’intérieur de chaque cabine. Là, il y a un gros rouleau installé près des lavabos et on doit aller se servir devant tout le monde. C’est gênant ! » Margaux, 11 ans
« Quand on entre dans les toilettes, ça sent très mauvais. Souvent, c’est parce que les toilettes ou les urinoirs sont bouchés. » Hippolyte, 13 ans

1 élève sur 10 juge “très sales” les toilettes de son collège, parmi les lectrices et lecteurs d’Okapi qui ont répondu à notre enquête. Et vous êtes 65 % à vous plaindre de mauvaises odeurs. Source : sondage Okapi, 2024.


« Dans les toilettes des filles, il y a des taches de sang sur les murs ou sur le bouton de la chasse d’eau. Parfois, il y a aussi des serviettes hygiéniques à même le sol, parce que la poubelle déborde. Il n’y a pas de savon pour se laver les mains. Et s’il y en a, il ne dure qu’une journée, parce que certaines jouent avec. » Ilana, 12 ans
« Parfois, les toilettes sont tellement sales qu’on dirait une vraie scène de crime ! C’est vraiment un manque de respect pour les agents qui les nettoient. » Lyséa, 14 ans

1/3 des collégien(ne)s ne se sentent pas en sécurité dans les toilettes du collège. Interrogés par Okapi, vous estimez à plus de 43 % que ces lieux ne sont pas suffisamment surveillés par les adultes. Source : sondage Okapi, 2024.

Qui prend soin des toilettes au collège ?

En principe, les toilettes du collège devraient être nettoyées deux fois par jour (le matin et le soir). Malheureusement, selon des données de 2017 du Centre national d’étude des systèmes scolaires, plus de la moitié des établissements ne le font qu’une fois. Et quand le ménage est fait, les toilettes sont vite dégradées. Au collège Fabien de Saint-Denis (93), les agents chargés de l’entretien ont enregistré un morceau de rap diffusé dans les sanitaires pour sensibiliser les élèves à leur travail !

« On veut plus d’intimité dans les toilettes du collège ! »

Certain(e)s d’entre vous ne vont pas aux toilettes seulement pour satisfaire une envie pressante ! Vous vous y réfugiez ou vous vous y retrouvez discrètement entre potes. Le problème ? Celles et ceux qui ont une vraie raison de s’y rendre n’osent plus y aller.

25 % des filles confient à Okapi qu’elles se réunissent aux toilettes pour discuter et partager des secrets. 30 % y trouvent un refuge pour être à l’abri des surveillants et 15 % pour s’isoler des autres. Source : sondage Okapi, 2024.

Des portes de cabines qui ne ferment ni jusqu’au plafond, ni jusqu’au sol, davantage d’urinoirs dans les sanitaires des garçons que de cabines fermées afin de gagner de la place… Dans la plupart des collèges, les toilettes des élèves ont été aménagées en se concentrant sur le côté pratique. Il faut, d’abord, qu’elles soient faciles à nettoyer et simples à surveiller. Du coup, elles ne sont pas vraiment adaptées aux besoins de votre tranche d’âge. À la puberté, en effet, vous ressentez de plus en plus le besoin d’intimité. Pouvoir s’isoler, se retrouver tout en évitant le regard des autres : ce sont des préoccupations constantes pour nombre d’entre vous. Surtout à un endroit où, par définition, on n’a pas envie de s’afficher. Problème : de vrais comportements dangereux échappent alors aussi aux regards (voyeurisme, harcèlement, violence…). Et si les adultes prenaient enfin tout cela au sérieux ?

  • 25 % des filles confient à Okapi qu’elles se réunissent aux toilettes pour discuter et partager des secrets. 30 % y trouvent un refuge pour être à l’abri des surveillants et 15 % pour s’isoler des autres. Source : sondage Okapi, 2024.
  • 27 % des élèves sont gêné(e)s d’aller aux toilettes. Ils et elles se plaignent des espaces sous les portes, des serrures cassées ou encore des cabines trop proches les unes des autres. Source : Essity (2018).
  • 1/3 d’entre vous ne se sentent pas en sécurité dans les toilettes du collège. Interrogés par Okapi, vous estimez à plus de 43 % que ces lieux ne sont pas suffisamment surveillés par les adultes. Source : sondage Okapi, 2024.
  • 54 % des garçons déclaraient souffrir d’un manque d’intimité aux toilettes du collège, en particulier à cause de l’omniprésence des urinoirs, selon une enquête réalisée en 2015. Les filles étaient moins nombreuses à s’en plaindre. Source : enquête de l’Observatoire sur l’état des sanitaires dans les collèges et lycées, 2015.
54 % des garçons déclaraient souffrir d’un manque d’intimité aux toilettes du collège, en particulier à cause de l’omniprésence des urinoirs, selon une enquête réalisée en 2015. Les filles étaient moins nombreuses à s’en plaindre. Source : enquête de l’Observatoire sur l’état des sanitaires dans les collèges et lycées, 2015.

Les toilettes au collège : un lieu propice au harcèlement

Environ 1 collégien(ne) sur 10 est victime de moqueries et d’insultes répétées, d’après une enquête sur ce thème effectuée en novembre 2023 par le ministère de l’Éducation nationale*. Malheureusement, ces violences se déroulent souvent aux toilettes, à l’écart du regard des adultes. La plupart des élèves interrogés affirment d’ailleurs ne pas vouloir y aller à cause du sentiment d’insécurité qui y règne.
Enquête réalisée auprès de 21 700 élèves du CE2 à la Terminale.

Témoignages d’adolescent(e)s sur l’intimité dans les toilettes du collège

« Les toilettes ne sont ouvertes par les surveillants qu’aux récrés. Mais pendant la récré, on doit aussi passer aux casiers… » Emma, 12 ans
« Certaines filles restent dans les toilettes. Elles se collent au radiateur ou vont dans les toilettes handicapé pour regarder leur téléphone et se prendre en photo. Quand on entre, elles nous regardent mal. » Elodie, 12 ans
« Beaucoup d’élèves y font n’importe quoi : ils ouvrent les portes alors que les cabines sont occupées, ils s’y enferment pour jouer sur leur téléphone, ils restent dans les toilettes pour discuter ou se moquer des autres… » Cymonik, 12 ans
« Les serrures des portes sont trop faciles à ouvrir. J’ai aussi remarqué une injustice : il y a plus de places dans les toilettes des garçons que chez les filles parce que nous, on a des urinoirs et des cabines. Mais moi, je suis trop pudique ! Alors je n’utilise que les cabines. » Hippolyte, 13 ans

27 % des élèves sont gêné(e)s d’aller aux toilettes. Ils et elles se plaignent des espaces sous les portes, des serrures cassées ou encore des cabines trop proches les unes des autres. Source : Essity (2018).

Se retenir d’aller aux toilettes, ça fait mal et c’est mauvais pour la santé !

Aller aux toilettes, pour tout le monde, c’est un besoin vital… Au collège, pourtant, beaucoup trop d’élèves préfèrent encore se retenir toute la journée et prennent ainsi des risques pour leur santé.

Au collège, beaucoup trop d’élèves préfèrent encore se retenir toute la journée et prennent ainsi des risques pour leur santé.

Les médecins sont unanimes : se passer d’aller aux toilettes toute la journée est mauvais pour la santé ! En d’autres termes, on ne risque pas d’attraper de maladie en s’asseyant sur des lunettes de toilettes pas très propres. En revanche, à force de se retenir, on peut souffrir d’infections urinaires ou de constipation. Et si cela dure, des symptômes plus graves peuvent survenir. À force de contracter trop fort et trop longtemps ses muscles pour se retenir d’une envie de faire pipi, la vessie s’irrite et s’abîme. Le risque à terme ? Développer un problème d’incontinence : on devient incapable de se retenir, même une minute, en cas d’envie pressante, ou on a des fuites urinaires… Alors, les profs, permettre aux élèves d’aller aux toilettes pendant les cours, c’est un vrai sujet, non ?

  • 1/3 des élèves ont déjà souffert d’un problème de santé parce qu’ils/elles se retiennent d’aller faire leurs besoins dans leur établissement scolaire : maux de ventre, infections urinaires, incontinence, troubles anxieux… Source : “Toilettes à l’école : les enfants au bout du rouleau”, Essity, 2018.
  • 1 élève sur 3 affirme ne jamais aller aux toilettes dans son collège. Et s’il s’agit de la “grosse commission”, ce ratio explose : environ 86 % des collégien(ne)s n’y font jamais caca. Source : “Les petits coins à l’école”, Aymeric Brody, Gladys Chicharro, Lucette Colin, Pascale Garnier, éditions Erès, 2023.
  • 6 sur 10. C’est la proportion de collégien(ne)s ayant répondu à Okapi qu’ils/elles s’étaient déjà retenu(e)s pendant toute une journée pour ne pas aller aux toilettes du collège. Source : sondage Okapi, 2024.
  • 66 % des élèves s’organisent pour aller aux toilettes avant ou après l’école. Certains adoptent d’autres stratégies : utiliser celles de l’infirmerie, se faire accompagner ou y aller pendant les cours quand on a l’autorisation, parfois au prix d’une réflexion… Source : Essity (2018).

Se retenir d’aller aux toilettes : quelles conséquences pour la santé ?

Le sais-tu ? En vertu d’une loi pour la refondation de l’école votée le 8 juillet 2013, ton collège a l’obligation de se soucier de l’environnement scolaire de chaque élève afin de protéger sa santé. Or, se retenir d’aller aux toilettes au collège a de graves conséquences sur ton bien-être, tant physique que psychique. Dans certains cas, les plus alarmants, des élèves peuvent souffrir de phobies et de troubles anxieux ou alimentaires, directement en lien avec ce problème.

Témoignages d’adolescent(e)s qui évitent d’aller aux toilettes au collège

« Le midi, je m’empêche de trop manger ou de trop boire à la cantine pour éviter d’avoir envie d’aller aux toilettes. » Maureen, 12 ans
« Souvent, je me retiens parce que c’est trop sale. Parfois, je n’y vais pas de la journée. Je n’y vais que si j’en ai vraiment besoin. Et je ne m’assois jamais sur la cuvette ! » Élodie, 12 ans
« Je vais aux toilettes du collège 1 à 2 fois par jour, et plus quand j’ai mes règles. Ce n’est pas très agréable, mais j’ai déjà eu des problèmes urinaires, alors je fais attention. » Elena, 13 ans
« Depuis la 6e, je suis allée au maximum 10 fois aux toilettes du collège. Et pourtant, je suis demi-pensionnaire ! » Apolline, 13 ans
« Au collège, j’y vais mais vraiment quand j’ai trop envie, et juste pour faire pipi. » Alonzo, 12 ans

Des toilettes agréables, ce serait quoi ? Okapi a interrogé des collégien(ne)s

En France, de nombreux collèges ont pris ce problème au sérieux en proposant différentes solutions, adaptées aux besoins des élèves. Okapi a demandé aux collégiennes et collégiens, en première ligne, ce que ça a changé.

Des toilettes très séparées

Syrine (14 ans) est en 3e au collège Sainte-Geneviève à Argenteuil (Val-d’Oise). Dans son établissement, les sanitaires sont doublement séparés : les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Mais aussi les élèves de 6e et 5e d’une part, ceux de 4e et 3e d’autre part.

Certains ados aimeraient qu'il y ait des toilettes séparées au collège : les filles d’un côté, les garçons de l’autre. Mais aussi les élèves de 6e et 5e d’une part, ceux de 4e et 3e d’autre part.


Okapi : Quels sont les avantages des toilettes séparées ?
Syrine : Je trouve que les filles parlent plus, alors que les garçons se bousculent. En étant sur des toilettes séparées, ça nous permet de rester dans une atmosphère plus calme. Et quand on a nos règles, on a aussi des poubelles dans les toilettes des filles pour les 4es/3es. Du coup on est moins gênées de les utiliser.
Okapi : Pour toi, c’est donc une bonne idée ?
Syrine : Oui, je trouve que c’est une bonne solution. En 6e et 5e, on se sentait vraiment petites et face aux élèves de 4e et 3e qui en imposaient, on ressentait une pression, comme si on était obligées de se dépêcher. Alors que maintenant, on est plus à l’aise ! Et je trouve qu’en 4e et 3e, les filles restent plus longtemps aux toilettes pour papoter, se regarder dans le miroir, se remaquiller… Les toilettes sont propres, elles sentent bon et il y a du chauffage ! Bien sûr, c’est quand même surveillé, et dès qu’on est trop nombreuses, on nous demande de sortir…

Des protections hygiéniques aux toilettes

Vanessa (12 ans), est en 5e au collège Jean-Zay, à Valence (Drôme). Dans les toilettes des filles, un distributeur de protections hygiéniques a été installé. Une initiative portée dès le début par un groupe d’élèves.

Au collège Jean-Zay, à Valence (Drôme). Dans les toilettes des filles, un distributeur de protections hygiéniques a été installé.

Okapi : Comment est née cette idée d’installer un distributeur ?
Vanessa : Avant, si une fille avait besoin d’une protection hygiénique au collège, elle devait aller demander à l’infirmerie. Or, parfois, celle-ci était fermée ou bien il y avait du monde… Finalement, nous en avons discuté entre élèves éco-délégué(e)s et l’idée nous est venue d’installer un distributeur dans les toilettes des filles. Nous sommes passés dans les classes pour en parler aux autres élèves, on a aussi fait des affiches, des diapos… Depuis un an, on a des protections hygiéniques bio dans les toilettes des filles !
Okapi : Quels sont les avantages ?
Vanessa : C’est discret ! Et ça permet aussi de sensibiliser les garçons. Quand on en a parlé pendant les réunions d’éco-délégué(e)s, les garçons étaient investis. On s’est ainsi rendu compte que ce n’était pas si gênant que ça.
Okapi : Est-ce une bonne solution ?
Vanessa : Oui, la présence du distributeur rend la vie des filles bien plus simple. Même avec nos copines, c’est moins gênant, et tout le monde en parle plus facilement.

Des graffitis artistiques dans les toilettes

Lucile et Hajar (12 ans) sont deux élèves de 5e du collège Victor-Louis à Talence (Gironde). Dans cet établissement, les toilettes des filles ont été graffées par David Selor, un artiste qui vit à Bordeaux. Elles expliquent ce que ça a changé.

Fresque sur les toilettes des filles du collège Victor-Louis, Talence 2021 - Cliché David Selor © Adagp, Paris, 2025.
Fresque sur les toilettes des filles du collège Victor-Louis, Talence 2021 – Cliché David Selor © Adagp, Paris, 2025.

Okapi : Quels sont les avantages d’avoir des toilettes décorées avec des graffitis ?
Lucile : Avant cela, les toilettes n’étaient ni très propres, ni très belles… Alors que maintenant, elles sont plus conviviales. On respecte les lieux et ça donne envie d’y aller !
Hajar : Oui, les couleurs me rappellent un peu l’été. Pendant les récrés ou quand je sors de la classe, je passe devant les dessins et j’aime bien les regarder, l’extérieur est beau !
Okapi : Est-ce une bonne solution ?
Lucile : Contrairement aux toilettes des garçons qui sont toutes grises, les toilettes des filles sont un cube dans la cour, et toutes les surfaces sont peintes. C’est un peu devenu un lieu de réunion. Et elles sont un peu intrigantes : quand on les voit, on se demande vraiment comment c’est à l’intérieur !
Hajar : Oui, le fait qu’il y ait des dessins, ça donne l’illusion que c’est plus propre à l’intérieur…

Ce qu’en dit la prof qui a mené le projet : « En décorant ces toilettes avec l’artiste David Selor, on voulait aussi permettre aux filles de bénéficier d’un cadre plus agréable dans une cour de récréation où les garçons utilisent beaucoup l’espace. »

Des toilettes mixtes

Au collège Albert-Camus de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Angéline (13 ans) est une élève de 4e et Israël (14 ans) un élève de 3e. Signe particulier : tous deux partagent leurs toilettes puisque les sanitaires sont mixtes. Sur le plan du respect, ça change tout !

Au collège Albert-Camus de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), les sanitaires sont mixtes. Sur le plan du respect, ça change tout !
Au collège Albert-Camus de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). © PhotoPQR/Sud Ouest/Maxppp.

Okapi : Comment est venue l’idée de mettre en place des toilettes mixtes ?
Angéline : Il y a deux ans, les toilettes devaient être rénovées. Alors, on a fait une réunion avec tous les délégués et nous avons voté en faveur de la mixité dans les toilettes. En revanche, on voulait limiter l’âge : en 6e, être mélangés avec les 3es, ça peut être intimidant. Il s’agissait aussi de faciliter l’accès aux personnes qui se posent des questions et ont du mal à choisir entre être une fille ou un garçon.
Okapi : Et quels sont les avantages ?
Angéline : Ça permet d’acquérir une ouverture d’esprit ! Par exemple, une amie se tordait de douleur en période de règles. Alors on l’a accompagnée aux toilettes, on l’a chouchoutée. Un garçon, qui était là, lui a ensuite envoyé un message pour savoir comment elle allait. Comme les toilettes étaient mixtes, il a pu se poser des questions !
Israël : Oui, la mixité aux toilettes permet aux garçons de mieux comprendre ce que ressentent les filles dans leurs périodes douloureuses. Ça a permis de sensibiliser les gens, sans qu’ils s’en rendent compte !
Okapi : Est-ce une bonne solution ?
Israël : Oui ! Les toilettes mixtes permettent à chacune et chacun de mieux comprendre l’autre, et permettent aux filles et aux garçons de plus se respecter. En plus, tout le monde se parle plus facilement !

Des toilettes sèches permettent aux élèves de s’impliquer sur les enjeux écologiques.

Les toilettes sèches

Tiago, Enzo, Nhoa et Clara sont en 4e au collège Saint-Vincent d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). Depuis 2024, leur collège est équipé de toilettes sèches dans la cour. Ainsi, les élèves s’impliquent aussi sur les enjeux écologiques.

Tiago, Enzo, Nhoa et Clara sont en 4e au collège Saint-Vincent d’Hendaye. © DR.
Tiago, Enzo, Nhoa et Clara sont en 4e au collège Saint-Vincent d’Hendaye. © DR.

Okapi : Comment est né ce projet ?
Clara : Le collège devait changer les toilettes. Alors, par souci écologique, les responsables ont décidé d’installer des toilettes sèches. Quand ils ont réuni les délégués des élèves pour expliquer le projet, on a été surpris… mais on s’habitue.
Okapi : Comment ça fonctionne ?
Tiago : D’un côté, il y a des cabines dans lesquelles on trouve des cuvettes cylindriques avec un abattant. Tous nos excréments tombent dans une fosse profonde, au fond de laquelle il y a des végétaux et du bois broyés. Ce n’est pas dégoûtant car il y a une VMC (ventilation mécanique contrôlée) qui évacue les mauvaises odeurs par la toiture. De l’autre côté, il y a des urinoirs masculins qui disposent d’une membrane qui permet de laisser couler l’urine sans faire remonter les odeurs.
Nhoa : Les filles ont aussi des urinoirs, mais féminins, avec le même système contre les mauvaises odeurs. Il faut juste jeter le papier ou les serviettes hygiéniques dans une poubelle à part. Ça permet de faire pipi sans s’asseoir sur la lunette. Ça oblige à faire des squats, mais c’est plus propre. Et puis, pour les filles comme pour les garçons, il y a des urinoirs avec des hauteurs différentes selon sa taille.
Okapi : Quels sont les avantages de ces toilettes ?
Clara : Déjà, on ne consomme plus d’eau dans les toilettes !
Enzo : Les urines sont stockées dans une grande cuve, puis recyclées pour servir de fertilisant dans les communes autour du collège, mais aussi par le lycée agricole de Saint-Pée-sur-Nivelle et les agriculteurs bio locaux. L’urine contient beaucoup d’azote qui remplace les engrais chimiques.

Les consignes des toilettes sèches du collège Saint-Vincent d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) sont écrites en français, en basque et en espagnol.
Les consignes des toilettes sèches du collège Saint-Vincent d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) sont écrites en français, en basque et en espagnol.

Opération “Respect pour mes toilettes” : un programme d’Okapi pour aider les collégiens et collégiennes à agir

Les toilettes dans les collèges sont loin d’être parfaites. La bonne nouvelle : tout ça peut changer, et chaque élève peut aider à améliorer la situation. Okapi te propose un programme d’action pour tenter de faire bouger les choses. À toi de jouer… et de nous raconter !

Afficher le poster « Pour des toilettes propres et agréables »

Pour commencer, sers-toi du poster à détacher dans le n° 1220 (15 avril 2025) de ton Okapi pour sensibiliser les autres élèves à l’importance de ce sujet. Tu peux demander au responsable de ton collège l’autorisation pour l’accrocher dans les toilettes ou à proximité. Le recto rappelle les règles à respecter pour des toilettes plus agréables et le verso propose une histoire humoristique des toilettes à travers les âges. Tu peux aussi le télécharger pour en avoir plusieurs exemplaires. Ce sera le début de ta campagne !

Créer un groupe de travail

Repère ce qui ne va pas dans ton collège en te servant des exemples évoqués dans notre enquête (manque de papier, verrou arraché, absence de savon…). Puis regroupe-toi avec d’autres élèves intéressés, notamment des délégués ou des représentants du Conseil de la vie collégienne (CVC), pour proposer un groupe de travail à votre chef(fe) d’établissement et/ou à l’infirmier(ère) scolaire.

Organiser un sondage

On te propose un questionnaire à télécharger puis à faire circuler avec ton groupe de travail. Il permet de demander à chaque élève son avis sur les toilettes de ton collège et de mener ainsi une campagne de sensibilisation. Les résultats seront utiles pour discuter avec l’équipe pédagogique et soutenir les élèves qui rencontrent des problèmes de santé à force de se retenir. Tu peux aussi associer des enseignant(e)s. En arts plastiques, tu peux par exemple proposer de créer des décorations pour les portes des toilettes.

Apporter ton témoignage !

À Okapi, on sera super heureux d’avoir des nouvelles ! Alors n’hésite pas à nous raconter* ce qui se passe dans ton collège : la mobilisation, les nouvelles idées, tout ce qui fait bouger les choses et contribue à rendre les toilettes plus agréables ! On se fera un plaisir, et un devoir, d’en parler dans nos pages futures. Et de t’envoyer un diplôme de super Okapien(ne) !
* Par e-mail à okapi@groupebayard.com, n’oublie pas de préciser “Opération Respect pour mes toilettes”.

« Toilettes au collège : on en a marre ! », article extrait du magazine Okapi n° 1220, 1er avril 2025. Textes et propos recueillis par Sandrine Pouverreau, Juliette Sausse, Ève Figuière Illustrations : Giovanni Jouzeau. Merci à Frédéric Thibault, urologue.