Drôles, “stylés”, entourés d’une foule d’admirateurs… les collégiens et les collégiennes “populaires” font rêver à un âge où le jugement des autres et l’intégration au groupe comptent tant. Mais sont-ils si enviables ? Okapi a mené l’enquête dans son numéro du 1er décembre. À lire avec votre ado, pour l’aider à prendre de la distance…
Il/elle a beaucoup d’amis
La première condition à remplir pour être populaire, c’est d’être connu(e) bien au-delà des murs de sa classe. Pas besoin de se présenter aux nouveaux venus : ils ont entendu parler des populaires dès leur arrivée au collège. D’ailleurs, ils les ont repérés très vite grâce à la grappe d’amis qui les suivent pas à pas.
Sauf que… Ça semble étonnant d’avoir autant d’amis. Ces gens qui suivent le ou la populaire le/la soutiendront-ils en cas de coup dur ? Ou espèrent-ils seulement devenir eux aussi populaires par effet de “contagion” ? Certains d’entre eux sont plus des admirateurs que des amis, qui lui tourneront le dos s’il ou elle fait un jour un faux pas qui lui coûte sa réputation…
Témoignages
• “Au début, c’est agréable d’être populaire. Les gens se disputent pour être à côté de toi à la cantine. Tu te sens importante. Alors tu es heureuse d’aller en classe. Mais à la fin, c’est horrible. Tu cries sur les gens qui te suivent parce que tu n’es jamais tranquille pour parler seul à seul avec quelqu’un. Et puis, tu peux devenir arrogant. Avant, j’étais copine avec une populaire dont j’étais un peu jalouse. Elle a commencé à ne plus me calculer, alors j’ai perdu confiance en moi. Mais c’est fini. Je préfère avoir seulement de bons amis qui restent avec moi.” Erine, 10 ans
• “J’ai un peu envie d’être populaire parce que ça donne des avantages, comme doubler à la cantine. Mais je n’ai pas non plus une envie absolue de le devenir.” Romy, 11 ans
• “Si tu es populaire, tu as beaucoup d’amis, mais aussi des ennemis : des gens qui te jalousent ou qui ne sont pas d’accord avec toi. Comme je ne veux pas d’ennemis, je préfère ne pas être populaire. De toute façon, c’est mieux d’avoir un ami gentil et drôle plutôt que dix amis sur lesquels je ne peux pas compter. Avec un vrai ami, on peut se disputer un peu, mais on se réconcilie toujours.” Antonin, 11 ans
• “L’an dernier, dans mon ancien collège, j’étais un peu populaire. Pourquoi ? Je n’en ai pas la moindre idée ! C’est sympa parce que rester tout seul, c’est quand même relou. Je ne suis pas encore connue dans mon nouveau collège, mais je ne vais rien faire pour le devenir. L’an dernier, ça s’est fait tout seul. Et puis, je me sens bien aussi en n’étant pas populaire.” Julianne, 12 ans
Il/elle est stylé(e)
Le populaire se doit d’être à la mode. Des baskets Vans, un pull Superdry ou un survêtement Adidas… Rien n’est trop beau pour être stylé(e) et se démarquer du commun des mortels !
Sauf que… Les vêtements de marque coûtent très cher. Autant dire que le populaire doit mettre une grosse pression sur ses parents et grands-parents pour qu’ils les lui achètent ! Alors qu’il pourrait trouver des vêtements hyperstylés en friperie. Et ce serait un bon point pour l’écologie…
Témoignage
• “J’ai une copine qui a un style années 70 et on la remarque. Ça prouve bien que ce n’est pas nécessaire de porter des vêtements de marque pour être populaire. Mais j’avoue que c’est quand même rassurant d’en avoir quelques-uns. À mon avis, il faut se demander si on en achète pour se sentir intégré au groupe ou parce qu’on en a vraiment envie.” Alice, 13 ans
Il/elle travaille… mais pas trop
Aucune chance d’être populaire si on est perçu(e) comme le/la fayot(te) de la classe ! La feuille de route à suivre : travailler sans en avoir l’air, obtenir des notes correctes et ne pas fayoter auprès des profs.
Sauf que… L’équilibre est quand même difficile à trouver ! Car les parents, eux, préfèrent de très bonnes notes à l’étiquette de “plus populaire du collège”. Est-ce que ça vaut le coup de s’attirer leurs foudres pour les beaux yeux des potes ? Et puis, il faut se souvenir qu’avec le temps, on s’inquiète moins du regard des autres. À la fac, on aura oublié jusqu’au mot “populaire”. Alors, autant donner le meilleur de soi (sans en faire des tonnes non plus) !
Témoignage
• “Pour être populaire, il ne faut pas travailler jour et nuit et devenir le chouchou des profs. Mais il ne faut pas être insolent avec eux non plus. C’est mieux d’être entre les deux.” Erine, 10 ans
Il/elle est fort(e) en sport
Il paraît que la popularité se gagne plus facilement dans un stade que face à un échiquier ou dans un club informatique. Bref, il faudrait être plus musclé(e) des biceps que du cerveau. Pratiquer un sport permet effectivement de faire le plein d’amis. Qui peuvent se transformer en fervents admirateurs quand on bat des records !
Sauf que… Ça met drôlement la pression. Impossible d’être toujours le/la meilleur(e) ! Le populaire d’aujourd’hui risque de devenir le loser de demain s’il dégringole dans les classements. Conclusion : il est plus prudent de miser autant sur ta cervelle que sur le sport pour rester apprécié(e) au collège…
Témoignages
• “Je fais partie d’une classe avec horaires aménagés qui permet de suivre une maîtrise de chant. On est perçus comme des intellos et les chouchous des profs. Les élèves qui sont dans une section basket ou athlétisme sont plus populaires que nous.” Alice, 13 ans
• “C’est difficile d’être populaire quand tu ne fais pas de sport et que tu as un gros ventre. Il vaut mieux avoir un corps d’athlète pour être suivi par les autres.” Erine, 10 ans
Il/elle est drôle et impertinent(e)
Pour plaire au plus grand nombre, mieux vaut avoir la langue bien pendue qu’être timide et réservé(e). Le duo gagnant ? Répondre avec aplomb aux profs pendant les cours pour épater la galerie. Et faire rire les potes en toutes circonstances dans la cour de récré.
Sauf que… À force de faire le malin ou la maligne en classe, on risque de récolter un bulletin scolaire plutôt mitigé. Et une réputation d’insolent(e) qui colle à la peau jusqu’au lycée. Quant à se moquer de tous ceux qui ne font pas partie de sa bande, est-ce bien nécessaire ?
Témoignages
• “Certains populaires sont sympas avec leurs amis, mais se mettent à être méchants avec les autres. Ils n’aiment pas qu’on les contredise. Et si on n’est pas d’accord avec eux, c’est dur de s’exprimer.” Antonin, 12 ans
• “Je connais une fille gentille, mais insolente. Quand un prof lui met un mot dans son carnet à cause de son attitude, ça ne lui fait pas peur. Aux yeux de certains, c’est comme un titre de gloire qui la rend populaire.” Alice, 13 ans
Il/elle brille sur les réseaux sociaux
Être populaire dans son collège, c’est cool. Faire rayonner sa réputation sur Instagram ou Snapchat, c’est encore mieux ! Pour ça, il ne faut pas oublier de poster une photo de son petit déjeuner, de ses nouvelles baskets, de son chat trop mignon, de ses vacances…
Sauf que… À force d’afficher sa vie, on risque de paraître égocentrique et de provoquer la jalousie des autres. Et de passer de populaire qui fascine à prétentieux(se) qu’on ne supporte plus. Et puis, il est peut-être préférable de vivre l’instant présent que de se préoccuper tout le temps de son nombre d’abonnés, non ?
Témoignage
• “Les populaires ont de l’argent. Ils se servent des réseaux sociaux pour se montrer eux, mais aussi les vêtements, le maquillage ou les équipements de marque qu’ils achètent. Ils veulent des likes et des compliments. C’est superficiel.” Romy, 11 ans
Il/elle a de l’expérience en amour
Être “en couple” quand les autres se demandent encore comment on embrasse : voilà un bon moyen d’attirer l’attention ! Ça prouve aussi qu’on est séduisant(e), mature, bien dans sa peau…
Sauf que… Si on est amoureux(se), pourquoi ne pas commencer une histoire avec un(e) camarade. Mais on parle de sentiments ! Si tu ne ressens rien pour une personne, sortir avec elle juste pour faire parler de toi, c’est nul ! Autant que de papillonner d’une fille ou d’un gars à l’autre en permanence, d’ailleurs…
Témoignage
• “Il y a des garçons qui ont l’habitude de sortir avec plein de filles et qui les quittent deux jours après. Ça les rend populaires aux yeux de certains. Pourtant, je ne vois pas l’intérêt de collectionner les personnes comme ils le font.” Alice, 13 ans
Épilogue
Populaire ou pas, ce n’est peut-être pas la question. On peut le devenir volontairement ou non, un peu ou beaucoup, une semaine ou un mois. L’important, est-ce que ce ne serait pas de l’être en restant fidèle à soi ? Être considéré comme un(e) champion(ne) par ses camarades parce qu’on est fort au 100 mètres. Mais aussi parce qu’on encourage le(la) dernier(ère) arrivé(e). Faire parler de soi parce qu’on a du style. Mais sans mépriser ceux et celles qui s’habillent de façon plus banale. En voilà une belle façon d’être populaire !
“C’est quoi, être populaire ?”, Okapi n°1101, 1er décembre 2019. Texte : Christine Lamiable. Photos : Gilles Leimdorfer.