Comment parler de l’urgence climatique aux 10-14 ans sans provoquer, voire accentuer, leur inquiétude ? Pour donner envie aux ados de s’engager, de jouer un rôle dans ce monde de demain, Okapi prend le parti de la confiance en l’avenir en présentant, dans son numéro du 1er mai, les pistes déjà opérationnelles pour lutter contre le réchauffement climatique et s’y adapter le mieux possible.
Okapi et le climat, une histoire durable !
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef du magazine Okapi :
En mars 2023, le dernier rapport des experts scientifiques du GIEC se présentait, selon les mots du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, comme un “guide de survie” pour l’humanité. C’est dans la foulée de cette déclaration choc, qui voulait marquer les esprits, que le magazine Okapi du 1er mai consacre sa couverture et tout un dossier à cette question brûlante du climat, qui préoccupe de nombreux jeunes.
On ne le dira jamais assez : le défi est de taille pour un média qui s’adresse à un public de collégiennes et de collégiens. Comment, de fait, leur parler avec lucidité du réchauffement climatique sans provoquer aussitôt l’inquiétude profonde et/ou la colère lorsque se fait la double prise de conscience de l’urgence et du péril annoncé si nous ne faisons rien ? Réchauffement prévisible à + 1,5 °C, + 2 °C ou + 4 °C au cours de ce siècle : comment traduire tout cela auprès d’un public, nos enfants, dont ce sera l’avenir lorsqu’ils seront adultes ? Comment faire naître chez eux l’envie d’endosser les révolutions nécessaires qui se dessinent dans nos modes de vie et les aider à les imaginer ?
Avec un titre pensé comme une incitation, “Le temps de l’action”, Okapi prend le parti de la confiance en l’avenir. La couverture montre un adolescent, sorte de Petit Prince des Temps modernes, au chevet de sa planète, prêt à lui venir en aide : “Nous, on est prêts”, semble-t-il dire ! À l’intérieur, le dossier décline sur plusieurs pages des pistes déjà opérationnelles pour limiter le réchauffement, mais aussi pour adapter nos vies le mieux possible.
Faire naître l’esprit de responsabilité et l’engagement, éveiller l’envie de jouer un rôle dans ce monde de demain… Ces mots participent en réalité à l’ADN d’Okapi qui s’implique depuis plus de quinze ans sur ce défi majeur avec des dossiers de science consacrés au climat, des explications sur l’actualité, des enquêtes avec des ados qui s’engagent… Sans se répéter, et avec la conviction que, malgré les apparences, les choses bougent. L’échéance s’est rapprochée, certes, mais la prise de conscience s’est généralisée et les adolescents assument d’être en première ligne. Raison de plus pour Okapi de continuer à les accompagner !
Lire l’intégralité de l’article extrait du magazine Okapi “Climat : 10 actions qui marchent”
- Vous pouvez télécharger l’article du magazine Okapi “Climat : 10 actions qui marchent”, ou le lire ci-dessous.
Faut-il lutter contre le réchauffement climatique ou apprendre à s’adapter aux changements qu’il va provoquer ? Les deux… car on commence à savoir comment s’y prendre. On a les cartes pour agir. Si on passait aux actes, vite ?
Ça chauffe !
Le climat se réchauffe. Depuis plus de 30 ans, des centaines de scientifiques, membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) le disent et le répètent : les activités humaines (production d’énergie à partir de pétrole, de charbon ou de gaz, transports, agriculture, déforestation…) relâchent dans l’atmosphère des gaz, comme le CO2 ou le méthane. Ils empêchent la Terre d’évacuer vers l’espace la chaleur qu’elle capte du soleil. Un peu comme un toit transparent qui emprisonne la chaleur du Soleil dans une serre. D’où leur surnom de gaz à effet de serre (GES).
Encore un effort
2015 : 196 pays s’engagent sur l’Accord de Paris. L’objectif est d’agir pour que le réchauffement reste inférieur à 2 °C par rapport aux températures moyennes mesurées entre 1850 et 1900. L’idéal serait même de ne pas dépasser 1,5 °C, car un réchauffement plus important en un temps si court aurait de graves conséquences sur la nature. Vagues de chaleur, sécheresse, élévation du niveau des océans… Or, derrière les promesses, les actions ne suivent pas : le réchauffement dépasse déjà 1 °C à l’échelle du globe. Et même si l’on appliquait tout de suite les bonnes mesures, il se poursuivrait au moins jusqu’en 2040, le temps que l’effet de serre des gaz se stabilise.
On se bouge… enfin !
Mais rien n’est perdu. Déjà, des solutions aident à protéger les populations les plus à risque. Et il est encore temps d’inverser la tendance pour la deuxième moitié du siècle ! Comment ? Produire de l’énergie autrement est possible. Consommer différemment, aussi. Tout en prenant soin des forêts et de la biodiversité pour garder la planète en bonne santé. Des pays, des entreprises et des citoyens montrent, jour après jour, que nous avons les cartes en main.
5 actions pour lutter contre le réchauffement climatique
Limiter le réchauffement climatique implique de produire et de consommer en diminuant les émissions de gaz à effet de serre (GES). C’est possible, en jouant les bonnes cartes !
1. Économiser l’énergie
Chacun de nous laisse une “empreinte carbone” : l’équivalent de la quantité de CO2 que nous relâchons dans l’atmosphère en fonction de notre mode de vie. Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, il faudrait que, dans chaque pays, cette empreinte ne dépasse pas 2 tonnes par personne et par an. Or, en France, la moyenne est de 9 à 10 tonnes (contre 21 tonnes aux États-Unis ou 8 tonnes en Chine). Il existe des solutions pour la faire baisser : éviter les voyages en avion (un aller-retour en Thaïlande, c’est environ 2,5 tonnes d’équivalent CO2 !), baisser le chauffage, marcher ou pédaler plutôt que de prendre la voiture, éteindre les lumières inutiles…
- La carte d’action
Type d’action : se chauffer, s’éclairer, se déplacer…
Catégorie : bonne résolution
Objectif : diviser par 5 nos émissions de GES (gaz à effet de serre).
Qui : tout le monde, toi y compris
Où ? : à la maison, partout
Difficulté : de très facile à difficile.
2. Mieux (et moins) consommer
Plus de 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde. Et seulement 1 % de ces tissus sont recyclés en de nouveaux vêtements. Comme, en plus, les matières qui composent un jean neuf parcourent jusqu’à 65 000 km (1,5 fois le tour de la Terre !), on comprend à quel point acheter des vêtements neufs nuit à la planète ! Les magasins et les sites de seconde main sont nombreux. Mais n’en profitons pas pour acheter plus parce qu’on achète d’occasion ! Et veillons à consommer localement. Dans un autre registre, manger moins de viande est aussi une piste, car l’élevage contribue au réchauffement.
- La carte d’action
Type d’action : s’habiller, s’alimenter
Catégorie : prise de conscience
Objectif : limiter l’impact de nos achats
Qui : tout le monde, toi y compris
Où ? : dans la cuisine, le dressing…
Difficulté : facile.
3. Mieux produire
Et les entreprises ? 4 000 d’entre elles dans le monde se sont engagées à mettre au point des plans de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre compatibles avec l’Accord de Paris de 2015. Parmi elles, Agrial. Cette grosse coopérative agricole française prévoit de diviser par deux ses émissions directes de gaz à effet de serre d’ici à 2035. Elle compte pour cela favoriser les énergies renouvelables, optimiser le transport des produits, réduire les emballages… Pas du luxe : l’agriculture est responsable de 19 % des émissions en France !
- La carte d’action
Type d’action : produire, distribuer
Catégorie : engagement à long terme
Objectif : réduire les émissions de GES (gaz effet de serre) des entreprises
Qui : les entreprises, notamment agricoles
Où ? : partout, notamment en France
Difficulté : assez difficile.
4. Sauver les forêts
420 millions d’hectares de forêts ont été déboisés dans le monde entre 1990 et 2020. Soit la superficie de l’Union européenne ! Or, non seulement les arbres servent de climatiseurs, mais ils piègent le CO2 de l’air. Au Costa Rica, le gouvernement a donc pris l’initiative de payer les citoyens pour “services rendus à l’environnement”, s’ils conservent la forêt sur leur terrain, par exemple. Le pays a dépensé près de 500 millions d’euros (issus en bonne partie d’une taxe sur l’essence) pour protéger ainsi 1,3 million d’hectares.
- La carte d’action
Type d’action : encourager, valoriser
Catégorie : belle initiative
Objectif : impliquer les citoyens dans la protection des forêts
Qui : le gouvernement
Où ? : au Costa Rica
Difficulté : assez difficile
5. Capturer le CO2
Et si on récupérait le CO2 dans l’atmosphère ou dans les fumées des usines ? L’idée est bonne, mais pour l’instant, la technologie coûte cher, consomme beaucoup d’énergie et ne piège qu’une infime partie de ce que nous produisons. Aux États-Unis, la plus grosse usine de captage et de stockage de CO2, qui devrait être mise en route cette année, récupérerait 5 millions de tonnes de CO2 par an. Une goutte d’eau par rapport aux 37 milliards de tonnes relâchées dans l’air en 2021 dans le monde.
- La carte d’action
Type d’action : réparer les bêtises
Catégorie : bonne idée, mais…
Objectif : récupérer des millions de tonnes de CO2
Qui : les entreprises et les gouvernements
Où ? : aux États-Unis et ailleurs
Difficulté : difficile.
5 actions pour s’adapter au réchauffement climatique
Sur les continents, le réchauffement moyen du climat est déjà de + 1,6 °C. Dans de nombreux pays, les gouvernements et les populations sont à l’œuvre pour s’y adapter !
1. Rester au frais
Avec le réchauffement climatique, les vagues de chaleur se multiplient. En 2010, l’une d’elles a tué plus de 1 300 personnes à Ahmedabad, une ville du nord-ouest de l’Inde. La ville a depuis établi un “plan d’action chaleur” : des alertes à destination de la population, la formation des soignants et la transformation des toits de la ville. En les couvrant de peinture blanche ou de matériaux réfléchissants, la température intérieure des bâtiments diminue de 2 à 5 °C ! Selon une étude, ces actions ont permis d’éviter près de 2 400 décès entre 2013 et 2018.
- La carte d’action
Type d’action : sensibiliser, former, adapter
Catégorie : adaptation aux canicules
Objectif : sauver des vies
Qui : les collectivités locales
Où ? : en Inde
Difficulté : assez difficile
2. Récupérer l’eau de pluie
Dans certaines régions du monde, il ne suffit pas de tourner le robinet pour boire. À Bagamoyo, en Tanzanie, les écoliers allaient chercher de l’eau dans des puits. Mais à cause de la montée du niveau de la mer, combinée à la sécheresse, ceux-ci se sont remplis d’une eau salée qui a rendu les enfants malades. Ils ont alors bu dans des trous d’eau et le résultat a été le même… Une solution a été trouvée : grâce à des collecteurs placés sur les gouttières de l’école et reliés à des réservoirs, l’eau de pluie est récupérée et stockée. Les élèves y ont accès et ont retrouvé une bonne santé.
- La carte d’action
Type d’action : récupérer, partager
Catégorie : adaptation à la sécheresse
Objectif : donner à boire aux écoliers
Qui : le gouvernement et les Nations unies
Où ? : en Tanzanie
Difficulté : facile
3. Faire de la place à l’eau
Que faire quand il se met à pleuvoir des trombes d’eau et que les fleuves débordent ? Au lieu de construire des digues de plus en plus hautes pour essayer de les contenir, les Pays-Bas ont fait le choix inverse : leur laisser la place de s’étaler ! Ils ont donc éloigné les digues des fleuves, approfondi les canaux à certains endroits, enlevé les obstacles qui gênaient le passage de l’eau… et ainsi épargné la population, en laissant la nature suivre son chemin.
- La carte d’action
Type d’action : creuser, déplacer, libérer les rivières
Catégorie : adaptation aux inondations
Objectif : partager l’espace avec la nature
Qui : le gouvernement
Où ? : aux Pays-Bas
Difficulté : difficile
4. Construire pour le futur
Des températures qui montent et des pluies plus rares, voilà ce qui attend une grande partie de la France. Autant construire des bâtiments qui s’y adapteront sans contribuer par ailleurs au réchauffement climatique ! C’est le cas de la Maison départementale des sports, à Montpellier : elle dispose de panneaux solaires pour produire de l’électricité, de pompes à chaleur (une autre énergie renouvelable) pour la climatisation et le chauffage, d’un système d’ouverture en toiture pour se rafraîchir pendant la nuit et de récupérateurs d’eau de pluie.
- La carte d’action
Type d’action : bâtir
Catégorie : adaptation au nouveau climat
Objectif : avoir un habitat confortable en 2050
Qui : le conseil départemental
Où ? : à Montpellier, en France
Difficulté : assez difficile
5. Planter des climatiseurs
En ville, un arbre produit un effet de refroidissement équivalent à deux climatiseurs domestiques. Une étude suisse a même montré que les arbres pouvaient faire baisser la température de l’air près du sol jusqu’à 12 °C en ville ! Pour se rafraîchir, Montréal, au Canada, va planter 500 000 arbres dans ses rues d’ici à 2030. De quoi garder ses habitants au frais, tout en favorisant la biodiversité qui souffre, elle aussi, du réchauffement.
- La carte d’action
Type d’action : végétaliser
Catégorie : adaptation à la chaleur en ville
Objectif : rafraîchir les citadins
Qui : la mairie
Où ? : au Canada
Difficulté : assez difficile
Pour aller plus loin
Agir au collège
L’Association pour la transition bas carbone (ABC) permet à des écodélégués ou à une classe de collège de faire un bilan carbone de leur établissement et de proposer des pistes de réduction. N’hésite pas à donner le nom du site, Clicks On, à tes professeurs.
Il y a aussi Climat Tic-Tac, un jeu de société coopératif et éducatif. Il est peut-être disponible au CDI de ton collège.
Écouter le podcast Ma vie d’ado : “Moi, ma famille et… le climat”
Dans cet épisode, des ados racontent comment, en famille, ils agissent en faveur de l’environnement !
À écouter également sur le site d’Okapi.fr et toutes les plateformes d’écoute de podcasts.