Crises de larmes, opposition, utilisation du « non » à longueur de journée… Votre enfant est certainement en pleine phase des « terrible two », appellation anglo-saxonne pour la crise des 2 ans. Une période essentielle pour son développement, mais pas toujours simple à gérer en tant que parent.
Il était si mignon, petit bébé emmailloté, les yeux souvent plein de sommeil et la bouche accrochée à sa tétine ou à sa maman… Mais voilà, votre enfant a grandi. Il a pris conscience de son environnement et de lui-même. Et votre nourrisson est entré dans la petite enfance. Bien souvent il parle, marche, et commence à faire connaître son caractère… Cela passe aussi par le fait de s’opposer, de se mettre en colère et de dire (très) souvent ”non !“. C’est la période des « terrible two », comme on dit en anglais pour évoquer cette période loin d’être idyllique qui dure des 18 mois aux 3-4 ans de l’enfant.
En tant que parent, nous sommes bien souvent déboussolés par cette période de rébellion, où notre enfant nous échappe. Il n’est pas encore ado et pourtant, il nous donne du fil à retordre. Mais pas de panique : c’est une période essentielle à son développement, la première étape vers l’apprentissage de l’autonomie. Votre mission si vous l’acceptez : écouter les conseils de Popi pour affronter cette crise des deux ans le plus zen possible.
La crise des 2 ans est-elle une crise passagère ? OUI !
Cette crise ne commence pas un beau jour pour s’arrêter brutalement à une date anniversaire. Les Anglo-saxons parlent de “terrible two” en référence aux 2 ans. Mais sans vouloir vous déprimer, ça se prolonge souvent au-delà ! Tout est histoire de maturité du cerveau : vers 2 ans, les besoins et les frustrations de votre enfant le dépassent. D’où ses colères. Ce n’est que vers 6-7 ans que le cerveau commence à pouvoir gérer ses émotions. On se rassure : d’ici-là, il ne va faire que progresser…
Les “terrible two”, une phase nécessaire ? OUI !
Avec la marche, voilà bébé qui crapahute. Le petit découvre une forme de liberté et… entend souvent le mot “non” : “Non ! Pas là ! Non ! Pas l’escalier !” Eh oui, c’est nous qui lui apprenons le pouvoir du “non”. Le prononcer à son tour est un pas en avant : ça y est, il est en train de devenir une petite personne, distincte de ses parents. Dire “non” l’amènera peu à peu à savoir dire “je”. Essentiel, donc, pour son développement.
Sommes-nous visés ? OUI !
“Chez moi, il mange très bien”, fanfaronne la mamie. “Aucun problème pour la sieste”, renchérit la nounou. En effet, un enfant de 2 ans, pour devenir lui-même, s’oppose à ses parents. Rageant, n’est-ce pas ? Le travail de l’enfant, c’est de bousculer vos repères pour trouver les siens. À nous, parents, de lui donner assez d’autonomie pour qu’il explore ses capacités, tout en lui imposant des limites. Un numéro d’équilibriste !
Faut-il oser lui dire “non” ? OUI !
Selon notre vécu et surtout notre état de fatigue, on a tendance à alterner fermeté (“C’est comme ça !”) et laisser-aller (“Une compote à 23 h ? OK !”). Sans parler des moments où on explose, nous aussi ! Contrarier son enfant n’est jamais agréable. Pourtant, pour se construire, il a besoin de sentir que nous sommes là et que nous donnons un cadre à son espace de liberté. En le contrariant, vous le rassurez… Si, si !
3 témoignages de parents plongés dans la crise des 2 ans
J’écoute ses NON, mais…
«Avec le premier enfant, on veut tout faire bien : on écoute, on explique, on négocie… Ça n’en finit plus, c’est épuisant, et mon aînée continue, à 8 ans, de tout négocier. Pour la deuxième, j’écoutais, mais je passais outre, sans me perdre en argumentation. Ça donnait : “J’ai compris que tu n’es pas d’accord pour aller au parc. On va au parc !”»
Elaine, maman de trois filles
Je justifie mes NON, mais…
«Si je dis : “Non, tu n’auras pas de glace”, ça ne passe pas. Mais si je prends la peine d’expliquer : “Pas de glace maintenant, car tout à l’heure, tu vas sûrement manger plein de sucreries à l’anniversaire de ta copine”, ça va mieux. Son papa a une autre méthode. Il dit : “C’est comme ça, et pas autrement.” J’avoue que c’est efficace !»
Peggy, maman de deux filles
J’accompagne ses NON, mais…
«Quand on se braque face à sa colère, on termine tous en étant mal. Si on arrive à accompagner sa frustration sans céder pour autant (je me répète : “Je suis un adulte, c’est un enfant, c’est un mauvais moment à passer”…), tout le monde est plus serein après la crise. Mais il en faut, de la patience !» Damien, papa d’un garçon et une fille
10 astuces de parents qui ont survécu à la période du non !
1• Prendre acte de ses émotions et dire ce qu’on éprouve : “Tu es énervé… moi aussi, ça m’arrive parfois !”
2• Miser sur son intelligence : “Mets tes bottes !” devient “Ah, il pleut, quelles chaussures vas-tu choisir ?”
3• Annoncer les règles à l’avance et s’y tenir : “Au feu, tu me donnes la main, c’est dangereux.”
4• Anticiper : “Dans cinq minutes, je reviens, il faudra que tu t’arrêtes de jouer, car on passera à table.”
5• Le valoriser en lui confiant des tâches : “Tu veux m’aider à ranger les pinces à linge ?”
6• Le féliciter quand il réussit à dépasser sa colère.
7• Garder le cap : “Je comprends ta colère, mais on ne peut pas changer cette règle-là.”
8• Oser le langage du corps : s’asseoir à côté de l’enfant en colère, voire le prendre dans ses bras jusqu’à ce qu’il s’apaise.
9• Sortir de son champ visuel si on sent qu’on perd pied : “Je vais dans ma chambre un moment, et ensuite je m’occupe de toi.”
10• Éviter l’escalade : “Là, je suis fatiguée, j’ai besoin de souffler. Tu vas dans ta chambre jusqu’à ce que le minuteur sonne.”
Cet article a été écrit avec les conseils de Patricia Denat, assistante maternelle pendant vingt ans. Aujourd’hui, assistante familiale (famille d’accueil). Elle est également l’auteure de Papa, Maman, ma nounou et moi (éditions Érès).