Comprendre le langage de l’amour n’est pas toujours facile. Votre ado a besoin de conseils ? Pas de panique ! Le magazine Okapi lui a concocté un petit guide pour bien décoder les signaux et naviguer dans la jungle des sentiments.
Le « crush », mode d’emploi dans Okapi !
C’est une nouveauté dans le dictionnaire ! Tout droit venu du parler ado, le « crush » fait sa grande entrée dans le petit Robert 2024 ! Une consécration pour ce mot anglais employé depuis des années par les collégiennes et les collégiens mais dont leurs parents peinent à saisir le sens…
Avoir un crush, en effet, ne veut pas dire qu’on a un amoureux ou une amoureuse. Ce serait trop simple ! Non, le crush comble un vide dans notre vocabulaire depuis que ce qu’on appelait autrefois un « béguin » est tombé en désuétude… Il désigne cet état indécis où l’on éprouve une attirance, plus ou moins secrète, pour une personne, sans savoir si c’est réciproque. Bien sûr, de Molière aux meilleures comédies romantiques, nos grands auteurs et scénaristes ont su explorer ce moment où le cœur a ses incertitudes et où tous les espoirs sont permis.
Rien de neuf, donc ? Si, car à chaque génération, l’histoire se renouvelle, se réinvente, avec de nouveaux mots, de nouveaux codes. C’est toujours aussi vrai à l’heure où les adolescent(e)s maîtrisent les usages des réseaux sociaux, certes, mais pataugent, comme n’importe qui avant eux, pour saisir les élans du cœur à l’heure des premiers émois et déjouer aussi les pièges qui ne manquent pas, notamment lorsque l’on parle de rencontres en ligne.
Commençons par le commencement : « j’ai un crush », « je suis en crush », « je crushe sur untel »… Quelle que soit la forme, si votre ado vous sort l’info à table, ou si vous sentez qu’il/elle tourne autour du pot, n’hésitez pas à saisir l’instant au vol. Transmettre sa propre expérience en la matière, qu’elle se soit transformée ensuite en fiasco ou en franc succès, c’est la meilleure manière de nouer le dialogue en confiance : le point de départ à un échange plein de complicité.
Vous pouvez aussi, en toute confiance, vous fier à l’enquête qu’Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des 11-15 ans, consacre à ce vaste sujet quasi estival dans son édition du 1er juin 2024.
En partant des courriers adressés par nos lectrices (surtout) et lecteurs réclamant des conseils en la matière, notre journaliste prête à toutes les missions a pris sa boussole pour se repérer dans la jungle des sentiments et, peut-être, enfin répondre à LA question sur toutes les lèvres : comment savoir si je lui plais ?
Commencer par faire le point sur ses propres sentiments, repérer la redoutable « friendzone » semée d’embûches et susceptible de provoquer les plus déplorables peines de cœur, ne pas se faire berner par n’importe quel signe d’attention sur les réseaux, mieux, identifier les lignes rouges infranchissables et non négociables (ne pas parler à des inconnus, faire très attention à ce qu’on partage…), enfin, apprendre à trouver le courage de se jeter à l’eau, se déclarer…
Autant de phases décryptées en mode pas à pas, assortie de témoignages de collégiennes et de collégiens, avec la complicité cash et les recommandations avisées de Camille Aumont-Carnel, autrice du guide #Adosexo (éditions Albin Michel). À elle le mot de la fin : « On cherche des preuves d’amour partout, quitte à en créer ! Pour éviter les désillusions, il n’y a pas de secret : il faut DEMANDER ! »
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef d’Okapi
4 conseils du magazine Okapi pour les 10-15 ans : “Comment savoir si je lui plais ?”
Conseil n°1 : je fais le point sur mes sentiments
Avant de m’interroger sur les sentiments de l’autre, je commence par clarifier les miens ! Simple flirt, petit crush ou gros coup de cœur… comment savoir ?
Jenny, 14 ans :
Dans mon collège, on change de voisin de classe tous les trois mois. À chaque fois, j’ai l’impression de crusher sur le nouveau, alors que souvent, ce n’est qu’une simple amitié. La seule fois où je suis vraiment tombée amoureuse, je l’ai su parce que j’étais vraiment à l’aise avec lui. J’avais constamment envie d’aller en classe, même en maths ! On se chamaillait pour de faux et on gribouillait sur le cahier de l’autre !
Suzanne, 14 ans :
La dernière fois que j’ai eu un coup de cœur, c’était pour un ami de mon grand frère. Il fait partie du même orchestre que moi. Il est très beau, avec la peau mate et les yeux bruns. Lors d’une fête, on a joué au jeu du loup-garou, il a grillé que j’étais Cupidon. Il a crié : “C’est toi, mon Cupidon !” Je suis devenue tellement rouge que tout le monde a cramé que j’étais love ! Quand on aime quelqu’un, même un simple “salut” peut sembler insurmontable !
Le décryptage de Camille Aumont-Carnel
On a souvent tendance à dire que quand on aime quelqu’un, on le sait. Mais ce n’est pas toujours aussi simple. Souvent, cela commence par une simple attirance physique. On peut crusher sur quelqu’un à qui on n’a jamais adressé la parole. C’est une bonne chose ! Cela permet d’imaginer des histoires et de construire ses fantasmes. On n’est pas obligé d’être amoureux(se) pour vivre des histoires. Qu’il s’agisse d’un petit flirt, d’un gros coup de cœur ou d’un amour fou, l’essentiel est de se sentir en sécurité avec la personne !
Test : Je suis amoureux(se) si…
❒ Je rougis quand je la/le vois.
❒ Je n’arrive pas à lui dire “Salut” sans devenir bizarre.
❒ Je rigole à toutes ses blagues (même celles qui ne sont pas drôles).
❒ J’ai envie de l’embêter.
❒ Le temps s’envole quand je suis avec elle/lui.
❒ Je ne me sens jamais jugé(e) par elle/lui.
Conseil n° 2 : Je repère la friendzone
On se parle et on rigole beaucoup. Pas de doute, entre nous le courant passe ! Mais comment savoir si je n’ai pas atterri dans la friendzone ?
Jules, 14 ans :
Parfois, quand on est proche de quelqu’un, on a l’impression que tous les voyants sont au vert, alors que non. C’est arrivé à mon meilleur ami. Il était très proche d’une fille de notre classe. Elle le raccompagnait tous les jours à l’arrêt de bus, ils s’échangeaient des messages non-stop… Il voyait la vie en rose ! Il s’est dit que c’était LE moment de faire sa déclaration. Elle lui a répondu qu’elle le considérait comme… son frère ! On a inventé le terme “frèrezoner” pour le faire rire parce qu’il était mal !
Le décryptage de Camille Aumont-Carnel
La friendzone est une étape très désagréable qui risque de persister si tu ne prends pas les devants. L’enjeu, c’est d’en sortir rapidement ! Vous avez une connexion et vous passez du bon temps ensemble ? Cela ne prouve pas que l’autre souhaite aller plus loin. Pour sortir du flou, j’ai une recette magique : propose “un date” par texto ! C’est radical. Tu peux écrire : “Salut ! J’ai envie de te proposer un date. Est-ce que ça te dit ?” Cela permet d’éviter les malentendus. La réponse arrive généralement dans l’heure qui suit, mais il faut être prêt(e) à encaisser un refus !
Conseil n° 3 : je ne surinterprète pas les signaux (surtout sur les réseaux)
Je guette le moindre signe qui pourrait prouver son intérêt pour moi. Mais quels sont ceux qui ne trompent pas ?
Léo, 14 ans :
Les émojis cœurs énormes de différentes couleurs ne veulent pas dire grand-chose. En revanche, un smiley cœur avec une petite tête à côté, c’est une piste. Les émojis où le bonhomme tire la langue aussi. Mais un émoji visage gravé sur un rocher, là, c’est mort. Ça veut dire que la personne n’est pas réceptive à ton humour !
Sirine, 14 ans :
Si un garçon t’écrit le soir, ça veut dire qu’il s’intéresse à toi. Surtout s’il ne te parle pas des devoirs ou des profs, ça prouve qu’il a envie de te découvrir. S’il répond directement aux textos sans laisser “en vu”, c’est bon signe !
Le décryptage de Camille Aumont-Carnel
Ce n’est pas parce que quelqu’un regarde toutes tes stories en premier, t’envoie 150 messages par jour, like tes anciennes photos, t’identifie sur ses reels, ou fait des flammes avec toi sur Snapchat… que tu lui plais ! Cette personne peut très bien dire aux autres que tu es “chan-mé(e)”. Elle peut être tactile, voire flirter ouvertement avec toi sans avoir de réels sentiments. C’est cruel, mais c’est la réalité. Ces petits jeux flattent l’ego, car on cherche des preuves d’amour partout, quitte à en créer ! Pour éviter les désillusions, il n’y a pas de secret : il faut DEMANDER !
Attention à l’amour sur les réseaux !
• Je ne parle pas avec des inconnus, car certains prédateurs sexuels se font passer pour des ados.
• Je n’accepte que mes amis ! Et je fais très attention à ce que je partage !
Conseil n° 4 : je demande, pour en avoir le cœur net
Pour savoir si je lui plais, dois-je dévoiler mes sentiments ? Comment faire ?
Hugo, 14 ans :
J’ai commencé à parler avec Léa sur Snapchat. Des petits messages anodins comme “Tu fais quoi ?”. Ensuite, j’ai attendu que sa meilleure amie vienne me confirmer qu’elle me kiffait avant de me lancer. Le jour de l’An, je lui ai envoyé un texto pour lui déclarer ma flamme. Depuis, on est ensemble et ça dure !
Paola, 14 ans :
Ce sont les amis qui jouent les intermédiaires ! Il faut laisser la rumeur se répandre, jusqu’à ce qu’elle arrive aux oreilles du crush en question. S’il est intéressé, il va demander le numéro de portable et engager la conversation par message ou sur les réseaux !
Le décryptage de Camille Aumont-Carnel
On ne va pas se mentir, c’est le moment que tout le monde redoute. Mais rappelle-toi, c’est juste une étape à franchir. Si tu es trop nerveux(se), envoyer un texto est une bonne idée, car cela laisse à l’autre le temps de choisir ses mots. Précise bien que tu attends une réponse rapide, car tu ne veux pas que l’autre joue avec ta vulnérabilité. Si tu te sens prêt(e) à faire cette déclaration en face-à-face, prends le temps de te préparer : un peu de parfum, une haleine fraîche… et surtout, rappelle-toi que tu es le king ou la queen, car c’est un acte très courageux.
Ma playlist de l’amour
Teddy Swims : Loose Control ; Olivia Rodrigo : Vampire ; Yanns : Teresa ; Taylor Swift : Lovers ;
Bruno Mars : When I was Your Man ; Ninhno : Lettre à une femme.