Votre ado a peu de chances d’y échapper : les “fake news” sont partout ! Pour le protéger de ce phénomène, nuisible et dangereux, le magazine Okapi lui explique comment repérer les fausses nouvelles, démêler le vrai du faux et forger son esprit critique…
C’est quoi les “fake news” ?
Ce sont des informations créées de toutes pièces. Un événement qui ne s’est jamais produit, une statistique erronée, une photo fabriquée. Ces faux trouvent leur place dans un long article… ou dans un tweet rikiki. Reprendre, par exemple, une vieille image de policier thaïlandais tabassé pour annoncer sur les réseaux sociaux qu’une manifestation dégénère à Paris. Ça, ce sont des fake news.
C’est un phénomène nouveau ?
Il ne date pas d’hier. Depuis son lancement en 1945, le magazine Ici Paris raffole des couvertures racoleuses. En 2012, Céline Dion a porté plainte et gagné contre cet hebdomadaire, qui avait écrit, à tort, que sa vie et celles de ses jumeaux à naître étaient en danger. Simplement parce que l’accouchement avait été avancé de quelques jours ! Moins “people”, la Pravda, journal du Parti communiste russe depuis la révolution d’Octobre 1917, n’a jamais hésité à publier une propagande mensongère, pourvu qu’elle nuise aux opposants au régime soviétique, les États-Unis surtout ! Côté américain, le jeune média conservateur Breitbart.com s’est forgé une réputation identique. Ironie du sort, son fondateur a fini par être écarté du gouvernement de Donald Trump l’été dernier !
Comment repérer les fake news ?
“Quand c’est flou, il y a un loup”, dit le proverbe. La preuve sur Internet, quand l’information apparaît seulement sur une poignée de sites à l’URL bizarroïde, dont vous ne connaissiez même pas l’existence ! Souvent, cela signifie qu’aucun média professionnel n’a été en mesure de la vérifier et s’est bien gardé de la publier ! Il faut aussi s’exercer à chercher soi-même l’origine des infos. Si l’article est de nature scientifique, est-ce que son auteur est un expert reconnu, au compte Twitter vérifié ? En cas de doute sur la fiabilité d’une source, on peut toujours entrer le nom du média dans la rubrique Décodex du Monde.fr, un précieux outil de vérification. Si le doute subsiste, on peut taper ce même nom dans Google News. Aucune indexation ? Ce n’est décidément pas une source d’information sérieuse.
Qui les fabrique ?
Beaucoup de fake news surgissent de manière artisanale. Des centaines d’ados de Veles, une ville de Macédoine, dans la péninsule des Balkans, ont ainsi lancé des blogs consacrés à Donald Trump, aux contenus totalement fantaisistes, lus par des millions de visiteurs. Leur motivation ? Attirer les revenus de la pub. Des blogueurs adeptes de la conspiration et du complot sont aussi de grands fournisseurs de fausses infos. En France ou ailleurs, ces manipulateurs prétendent que les médias traditionnels, en cheville avec des organisations secrètes, cachent la vérité au peuple. Alors, derrière des pseudonymes, ils répliquent en dégainant des faits qui se révèlent des rumeurs malfaisantes.
À qui ça profite ?
À de mauvais plaisantins qui inventent des histoires pour que vous y croyiez, cliquiez dessus et les partagiez. Ceux-là font de l’argent grâce au nombre de visiteurs. Mais les fake news peuvent aussi servir des intérêts supérieurs : actionnaires ou dirigeants politiques. Une brève sur un délai de retard de livraison du nouvel iPhone peut, si elle fait le buzz, affecter la valeur de l’action Apple. Une aubaine pour les marques concurrentes !
Pourquoi c’est grave ?
De récentes études ont montré que les jeunes ne se soucient guère de l’origine des informations. Et pendant ce temps, la confiance envers les journalistes diminue… Plus grave, certaines fake news mettent des vies en danger. En déformant des études scientifiques, le site américain naturalnews.com répète que les chimiothérapies accélèrent le cancer au lieu de les soigner, tout en engraissant l’industrie de la santé. Des propos qui peuvent se révéler meurtriers !
Comment réagir aux fake news ?
Une fois repérés, il faut éviter de partager les fake news ou de les commenter davantage. Sur Facebook, il est possible de signaler une fausse info en cliquant sur l’onglet en haut à droite de la publication : choisir “signaler la publication” puis cocher “il s’agit d’une fausse information”. Et qu’importent les algorithmes, le plus important reste de forger son esprit critique en discutant de l’information avec son entourage.
Ne pas confondre malveillance et parodie !
Poisson d’avril
Le 1er avril est le seul jour où les médias sérieux s’autorisent à publier une fausse info. Du genre : des ours polaires dérivent sur leurs blocs de glace jusqu’en Écosse, pour y fonder une colonie… (Lu cette année dans le Daily Telegraph).
Trump story !
“Les Américains déçus par Donald Trump obtiendront l’asile sur une île au large de l’Irlande !” Ha, ha ! Cette annonce farfelue a été lue 800 000 fois sur Facebook. Mais Trump et les fakes, c’est toute une histoire ! Le président des USA remet souvent en cause les médias traditionnels, bien qu’il soit spécialiste des fausses accusations.
Gare au Gorafi !
Anagramme du Figaro, ce site a l’apparence d’un site d’info ordinaire. Mais s’il raconte n’importe quoi, c’est pour faire rire ! On est clairement dans le registre de l’humour.
Des lecteurs témoignent…
“C’est mon père qui me conduit au collège, alors on écoute les infos ensemble dans la voiture. Comme c’est France Info, je fais confiance. Mais si j’avais des doutes, j’en discuterais avec lui.” Capucine, 12 ans.
“L’autre fois, j’ai lu sur ma tablette que Michael Jackson n’était pas mort. La blague ! Pour les vraies infos, je préfère encore lire le journal chez ma grand-mère.” Thibaud, 13 ans.
“Comment résister aux fake news ?”, Okapi, 1er octobre 2017 – Texte : Jordan Pouille.