Dans son numéro du 15 janvier 2025, le magazine Bayard Jeunesse, Astrapi, s’attaque sans détour aux questions des 7-11 ans sur ce grand sujet : « D’où viennent les bébés ? » Est-ce le rôle d’un magazine pour enfants ? Depuis sa création en 1978, Astrapi a régulièrement répondu par l’affirmative, dans l’idée d’une alliance éducative avec les familles et l’école.
Dans notre numéro du 15 janvier 2025, nous proposons aux 7-11 ans un grand dossier « D’où viennent les bébés ? », dans lequel nous répondons à leurs questions avec l’aide d’une psychologue, d’une sage-femme et d’une gynécologue. Non pas dans l’idée de nous substituer aux parents, qui sont bien évidemment les premiers à accompagner l’évolution affective de leurs enfants, mais dans celle de créer avec eux une alliance éducative, comme Bayard Jeunesse le fait sur nombre d’autres sujets : l’usage des écrans, l’appréhension des actualités difficiles, l’éducation aux fake news. À noter que Bayard Jeunesse est par ailleurs engagé depuis longtemps dans la prévention des violences sexuelles.
« Quel que soit leur âge, nous cherchons à être au plus près des préoccupations réelles des enfants tout en contribuant à les protéger, explique Delphine Saulière, directrice des rédactions de Bayard Jeunesse. Nous espérons que nos magazines facilitent les échanges familiaux sur toutes ces thématiques particulièrement impliquantes émotionnellement. » Ainsi, ce dossier « D’où viennent les bébés ? » se veut un support pour aider les éducateurs à surmonter leur pudeur légitime et à trouver les mots justes.
Pourquoi aborder ces sujets avec les 7-11 ans ?
Les journalistes d’Astrapi passent beaucoup de temps avec leurs lecteurs, dans les écoles notamment, pour connaître leurs goûts, leurs avis… Cette fois-ci, ils ont comme souvent échangé avec eux. Les 7-11 ans ont-ils déjà une petite idée sur la chose ? Oui, pour la plupart ! Ont-ils encore quelques fausses croyances ? Oui encore ! D’autant qu’il existe des foyers où la communication sur ces sujets est plus difficile. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’école est chargée depuis 2001 d’apporter aux enfants « des connaissances scientifiques précises sur leur corps et leurs émotions », ou que les mouvements de jeunesse, scouts par exemple, incluent dans leur pédagogie une sensibilisation au respect du corps, de l’intimité par exemple, et l’indispensable éducation au consentement.
Comme le souligne Delphine Saulière, « c’est l’ensemble de la communauté éducative qui doit se préoccuper de dire la vérité sur la sexualité, avec des mots choisis et adaptés à chaque âge. Cela contribue à construire les adultes de demain qui vivront leur relation aux autres avec respect. ». Or, il nous semble qu’un magazine pour enfants, par le choix des mots mais aussi des illustrations, est bien placé pour présenter la vérité scientifique à ses lecteurs sans omettre d’évoquer la beauté des corps et de la vie.
Que demandent les enfants ?
Parfois futurs grands frères, sœurs ou cousins, ils s’interrogent sur cette période magique qui voit un bébé grandir dans le ventre puis en sortir : « Faut-il avoir plus de 18 ans pour avoir un enfant » ? (Hippolyte, 9 ans) ou encore « Comment mange le bébé dans le ventre ? Est-ce qu’il mange ce qu’avale la maman ? » (Éloane, 6 ans). Nous répondons à leurs questions et nous leur offrons le « Déplibébé », un poster à déplier pour découvrir, étape par étape, comment évolue un bébé dans le ventre de sa maman.
Les 7-11 ans ont aussi des questions anatomiques précises ! Ils savent en général qu’ils sont nés d’un « câlin spécial » mais plusieurs se demandent de quoi il s’agit « EXACTEMENT ». Et alors que certains ont seulement une vague idée de ce qu’est « faire l’amour », d’autres utilisent des termes très précis voire très crus. Or, on sait qu’à l’âge de 12 ans, un ado sur trois a déjà été exposé à des contenus pornographiques (source Arcom). Face à ces constats, pour Nadège Larcher, psychologue, « l’éducation sexuelle doit commencer jeune, quand les enfants sont disponibles. À l’adolescence, il est parfois trop tard pour faire passer certains messages. » Nous accompagnons donc notre réponse sur le « câlin spécial » d’un dessin plutôt poétique, dont nous espérons qu’il contribuera à ce que nos lecteurs associent d’abord la sexualité au respect, à l’amour et à la tendresse.
Jusqu’où aller dans les explications ?
Ce sujet représente pour Astrapi l’occasion, à cet âge que les psychanalystes qualifient parfois d’âge « de latence » (caractérisé par une moindre présence des pulsions sexuelles et une focalisation sur les relations sociales), de commencer à aborder doucement la question de la puberté à venir. Notamment d’expliquer ce que sont les règles, que les petites filles voient approcher sans forcément avoir toujours reçu d’explications suffisantes à leur sujet. D’autant que l’âge d’apparition des première règles a baissé de 5 mois en 30 ans : il se situe aujourd’hui en moyenne à 12 ans et 2 mois, et une fille sur 5 étant concernée dès l’école élémentaire, (source : association « Règles élémentaires ») C’est pourquoi nous leur montrons un schéma fléché des reproducteurs masculin et féminin, et leur expliquons d’où viennent ces fameuses règles.
Enfin, il faut souligner que derrière les mots de nos lecteurs apparaît en filigrane une interrogation magnifique : « D’où je viens ? » Ainsi, les 7-11 ans posent des questions que l’on pourrait qualifier de « scientifico-existentielles » : « Alors, c’est juste un spermatozoïde sur des millions qui donne un bébé ? » (Issa, 9 ans) ou encore « J’ai un copain qui a deux mamans. Comment c’est possible d’avoir un bébé sans papa ? » (Abel, 10 ans). À toutes ces questions, « les enfants ont en premier lieu besoin d’explications claires et détaillées !, », souligne Nadège Larcher. Ainsi, nous leur expliquons avec des mots simples comment de nombreux couples (un sur 6 en France) font appel à une aide médicale pour procréer. En veillant, comme tout au long du dossier, à leur envoyer un message beau et rassurant : quelle que soit la façon dont un bébé a été conçu, il est dans l’immense majorité des cas le fruit de l’amour !
Marion Joseph, rédactrice en cheffe du magazine Astrapi
« Comment on prend la décision d’avoir un bébé ? »
Question de Corentin, 9 ans
Choisir d’avoir un enfant, vouloir devenir papa ou maman, c’est une décision joyeuse et remplie d’amour. Il peut y avoir plein de raisons d’en avoir envie : parce qu’on est amoureux, pour partager des bons moments avec son enfant, pour transmettre des valeurs…
• En 2024, environ 1 800 bébés sont nés chaque jour en France !
« Faut-il avoir plus de 18 ans pour avoir un enfant ? »
Question d’Hippolyte, 9 ans
Pas forcément. Mais dans la majorité des cas, ce sont des personnes majeures qui ont des enfants. Au niveau du corps, les femmes peuvent avoir des enfants à partir de l’adolescence, quand elles ont leurs règles et jusqu’à leur ménopause, autour de 50 ans. Les hommes peuvent avoir des enfants à partir du moment où ils produisent des spermatozoïdes, à l’adolescence. Ils pourront en avoir toute leur vie, mais la quantité et la qualité de leurs spermatozoïdes diminue avec l’âge. En moyenne, dans le monde, les femmes ont leur premier enfant à 28 ans, et les hommes à 33 ans.
« Combien de bébés une femme peut-elle avoir en même temps ? »
Question d’Hippolyte, 9 ans
En 2021, au Maroc, une femme a accouché de neuf bébés qui ont tous survécu. C’est un record, donc quelque chose de très, très rare !
« C’est quoi, les « règles » des filles ? »
Question d’Adèle, 11 ans
Tous les 28 jours en moyenne, les femmes ont leurs règles : un peu de sang s’écoule de leur utérus, par le vagin. Cela commence entre 10 et 15 ans, selon les filles. Chaque mois, une fine couche dans l’utérus grossit pour faire un nid douillet au futur bébé. Si la femme n’est pas tombée enceinte, son utérus reprend sa forme initiale et du sang coule… Et chaque mois, ça recommence !
« D’où viennent les graines du papa et de la maman ? »
Question de Victor, 11 ans
Pour faire un enfant, il faut une rencontre entre une cellule féminine (un ovocyte) et une cellule masculine (un spermatozoïde). Les ovocytes sont stockés dans les ovaires de la femme. Ils mesurent environ un dixième de millimètre. Plusieurs centaines de millions de spermatozoïdes sont fabriqués chaque jour dans les testicules de l’homme. Ils sont beaucoup plus petits que les ovocytes !
« Comment le papa dépose-t-il le spermatozoïde dans la maman, exactement ? »
Question d’Iris, 6 ans
Parfois, les gens en couple « font l’amour » : ils se font des bisous, des caresses, des câlins… C’est un moment de tendresse intime et agréable. Lorsqu’un homme et une femme font l’amour, l’homme met son sexe dans celui de la femme, et il y dépose un liquide appelé « sperme », qui contient des centaines de millions de spermatozoïdes microscopiques. Parfois, l’un de ces spermatozoïdes rencontre un ovocyte et cela peut donner un embryon. Puis, neuf mois plus tard, un bébé !
« Est-ce qu’on peut faire un bébé quand on s’embrasse avec la langue ? »
Question de Ludivine, 7 ans et demi
Pas du tout. Les spermatozoïdes et les ovocytes sont stockés dans le bas du ventre de l’homme et de la femme, très loin de leurs bouches. Quand on s’embrasse avec la langue, on échange surtout de la tendresse !
« Alors, c’est juste un spermatozoïde sur des millions qui donne un bébé ? »
Question d’Issa, 9 ans
Oui ! Les millions de spermatozoïdes remontent dans l’utérus de la femme, jusqu’à rencontrer l’ovocyte. Le plus souvent, un seul pourra entrer dedans pour la fécondation. Ce mélange forme une nouvelle cellule, qui va se diviser en deux cellules, puis en quatre, en huit, en seize… jusqu’à créer un être humain, formé de plusieurs milliards de cellules.
« Comment fait-on pour ne pas avoir d’enfant ? »
Question de Clémence, 10 ans
Certains couples n’ont pas envie d’avoir un bébé, pour plein de raisons : parce qu’ils ne se sentent pas prêts à élever un enfant, parce qu’ils ont d’autres projets… Pour faire l’amour sans avoir de bébé, ils utilisent un « moyen de contraception », par exemple la pilule, un comprimé à prendre tous les jours.
« Pourquoi certains couples n’ont pas d’enfant ? »
Question de Madeleine, 6 ans
Il y a ceux qui ne veulent pas, et ceux qui ne peuvent pas. Parfois, un problème médical les empêche d’avoir un enfant. Des médecins peuvent les aider grâce à plusieurs techniques, comme la FIV, la « fécondation in vitro ». Ils prélèvent des ovocytes de la femme et des spermatozoïdes de l’homme, et ils les aident à se rencontrer sous un microscope. L’embryon ainsi formé est placé dans l’utérus de la femme pour qu’il grandisse jusqu’à devenir un bébé.
• En France, 1 couple sur 6 a besoin d’une aide médicale pour réussir à avoir un enfant.
« J’ai un copain qui a deux mamans. Comment c’est possible d’avoir un bébé sans papa ? »
Question d’Abel, 10 ans
Pour faire un bébé, il faut forcément une cellule féminine (l’ovocyte) et une cellule masculine (le spermatozoïde). Mais lorsqu’un couple ne peut pas concevoir de bébé sans aide médicale, il arrive que les spermatozoïdes viennent d’un homme qui les a donnés. Ce don est fait « anonymement » (sans qu’on sache qui c’est) aux futurs parents. Ça peut être le cas quand un couple formé d’un homme et d’une femme n’arrive pas à faire de bébé. Et depuis 2021, en France, les femmes seules, ou en couple avec une autre femme, peuvent aussi recevoir un don de spermatozoïdes pour concevoir un enfant : voilà comment un enfant peut avoir deux mamans !
« Comment sait-on qu’on est enceinte ? »
Question d’Hippolyte, 9 ans
Quand une femme est enceinte, elle n’a plus ses règles. C’est le premier signe d’une grossesse. Pour confirmer la nouvelle, elle doit faire un test de grossesse et une prise de sang.
« Pourquoi faut-il faire plein de prises de sang quand on est enceinte ? »
Question d’Éloane, 6 ans
Tout au long de la grossesse, la maman doit faire des prises de sang et des « échographies » (un examen qui permet de voir l’intérieur de son ventre). Grâce à ces analyses, les médecins suivent l’évolution du futur bébé. Il arrive aussi que la grossesse s’arrête, surtout dans les trois premiers mois, sans qu’on puisse forcément l’expliquer. On appelle ça une « fausse couche ».
« Comment les jumeaux se forment-ils ? »
Question d’Elsa, 9 ans et demi
Il y a deux types de jumeaux, les « vrais » et les « faux ». Mais tout se joue au même moment, lors de la fécondation. Parfois, sans que personne ne sache pourquoi, le mélange formé par l’ovocyte et le spermatozoïde se divise en deux, dans le même œuf. Ce seront de vrais jumeaux. D’autres fois, deux ovocytes différents sont fécondés par deux spermatozoïdes. Ce seront de faux jumeaux.
• 1 naissance sur 40 dans le monde est une naissance de jumeaux !
« Comment mange le bébé dans le ventre ? Est-ce qu’il mange ce qu’avale la maman ? »
Question d’Éloane, 6 ans
Dans le ventre, le futur bébé est connecté à sa maman par le cordon ombilical, une sorte de tuyau relié au placenta. Dedans, il puise tous les nutriments et tout l’oxygène dont il a besoin pour grandir. Par exemple, quand la femme enceinte mange une tarte aux fraises, le bébé absorbe les vitamines et le sucre du dessert !
« Comment le bébé sort par un trou si petit ? »
Question d’Enea, 8 ans
Après neuf mois de grossesse, c’est le moment de l’accouchement : le bébé sort du ventre de sa mère en passant par le vagin. L’utérus se contracte très fort pour réussir à s’ouvrir. Quand le passage mesure dix centimètres, le bébé peut sortir. Et parfois, les médecins opèrent la maman au niveau du ventre pour le faire sortir en sécurité. On appelle ça une « césarienne ».
« À quoi sert le nombril ? »
Question de Lou, 7 ans et demi
Pendant l’accouchement, un médecin (ou parfois le papa) coupe le cordon ombilical qui reliait le bébé à sa mère. Le bébé en garde une cicatrice toute sa vie : le nombril !
« Et si le bébé ne veut pas sortir ? »
Question de Joachim, 9 ans
Six jours après la date prévue pour la naissance, si le bébé ne pointe pas le bout de son nez, les médecins déclenchent l’accouchement. Ils provoquent des contractions pour que l’utérus s’ouvre. Si le bébé reste trop longtemps dans le ventre de sa mère, ça peut être dangereux pour tous les deux.
« Est-ce que ça fait mal d’avoir un bébé ? »
Question de Sarah, 9 ans
L’accouchement demande un énorme effort à la maman et provoque des douleurs très intenses. Mais si elle le veut, elle peut recevoir une piqûre dans le dos pour avoir moins mal : c’est une « péridurale ».
« Pourquoi la maman a encore un gros ventre après l’accouchement ? »
Question de Samuel, 7 ans
Pendant la grossesse, l’utérus s’étire et la peau du ventre se distend à mesure que le bébé grossit. Après la naissance, l’utérus vide reste détendu. Il lui faut plusieurs semaines pour reprendre sa taille d’origine.
« Comment le corps de la maman sait qu’il faut produire du lait ? »
Question de Maialen, 10 ans
Au moment de l’accouchement, un signal chimique annonce au corps de la maman qu’il est temps de produire du lait. Et lorsque le bébé tète, il stimule le sein, qui produit alors encore plus de lait. Si le bébé ne tète pas, la production de lait s’arrête. Le bébé peut aussi être nourri avec du lait en poudre. Dans les deux cas, au sein ou au biberon, la tétée est un moment précieux où le bébé va faire mieux connaissance avec ses parents… et vice versa !
VIVRE ENSEMBLE, des ressources extraites des magazines Bayard Jeunesse
