Votre tout-petit est énervé, en colère… Il trépigne, tape, hurle… Comment traverser cette tempête sans y laisser vos nerfs ? Popi, le magazine Bayard Jeunesse des 1-3 ans, vous accompagne pour mieux comprendre ses émotions, l’apaiser et poser des repères rassurants.
Qui n’a pas rêvé d’être le « parent calme » de Florence Foresti, capable de gérer n’importe quelle situation avec toujours la bonne dose de distance et de justesse ? Mais ce parent existe-t-il vraiment ? Et n’est-il pas là JUSTE pour nous faire culpabiliser d’avoir (plus d’une fois) « pété un câble » face à un enfant lui-même débordé par ses émotions ? Il faut dire que les tout-petits passent très vite du rire aux larmes, et chaque journée est pour eux le théâtre de mille émotions. Épuisant pour nous, car nous n’avons pas toujours ni la patience ni les ressources pour y faire face à toute heure, mais surtout pour eux. Tout est nouveau dans la vie d’un petit et, contrairement à nous, il n’a pas encore les mots pour dire ce qu’il ressent… alors ça déborde ! Loin des débats enflammés sur le time out or not time out, Popi, le magazine Bayard Jeunesse des 1-3 ans, vous invite à mieux comprendre ce que vivent les tout-petits pour trouver les meilleurs moyens de dépasser la crise sans y laisser vos nerfs et poser les repères qui aideront chacun à trouver sa place.
Gwenaëlle Boulet, rédactrice en chef des magazines Popi et Pomme d’Api
Article « Explosions d’émotions – Que faire quand ça part en cacahuète ? », extrait du supplément pour les parents du magazine Popi et réalisé avec notre experte Mathilde Renaud-Goud, psychologue clinicienne. Elle exerce dans des crèches à Marseille. Pour Popi, le magazine Bayard Jeunesse des enfants de 1 à 3 ans, elle décrypte la vie émotionnelle des tout-petits… et des adultes qui les entourent.
L’émotion, c’est physique !
Chez le tout-petit, la vie émotionnelle se manifeste par le mouvement, les mimiques, les cris, les pleurs… Son principal mode d’expression, c’est son corps. Ce n’est que petit à petit que le langage va devenir un outil pour apprivoiser les émotions qui le traversent. Pour l’instant, quand quelque chose le trouble, l’insatisfait, lui résiste, il n’a pas d’autre choix que d’avoir une réaction physique, et elle n’est pas préméditée !
En cas de crise : rester à ses côtés
Face à un petit qui rugit, qui frappe – ou se frappe –, on peut se sentir démuni ou réagir avec une colère en miroir… Que faire ? Avant tout, il faut bien se dire que l’enfant a plutôt besoin d’aide : cette force qui s’empare de lui l’impressionne et l’inquiète. Il ne comprend pas ce qui lui arrive. Alors, sentir que quelqu’un est là, capable d’accueillir ce qui le submerge, sans le sanctionner ou le juger, c’est réconfortant.
Pour gérer les colères : utilisez des mots adaptés
Trop souvent, on attend du petit une réaction d’adulte : se raisonner, prendre sur soi, être patient… À cet âge, et pour un certain temps, il en est incapable. Nos arguments rationnels, aussi judicieux soient-ils, n’ont pas d’effet. Cela n’empêche pas de tenter quelque chose comme : « Pour l’instant, tu ne veux pas ton doudou, tu ne veux pas les bras, mais je reste près de toi au cas où tu en aurais besoin. » On peut aussi verbaliser ce que l’on croit comprendre : « Tu es en colère car tu aurais aimé qu’on reste au parc, mais il est tard. » Si la supposition tombe juste, la tension redescend souvent d’un cran. Peu à peu, grâce à toutes ces indications, l’enfant va apprendre à se connaître, à repérer ses sensations, à identifier ce qui lui fait du bien dans ces cas-là.
Colère contagieuse : et si je craque ?
Voir son petit dans tous ses états et se sentir impuissant à le calmer, « ça prend aux tripes » ! Selon notre état de fatigue, les contraintes de notre organisation… on n’a pas toujours le sang-froid nécessaire. Cela nous est tous arrivé ! À cet âge, le laisser seul (« Je reviendrai quand tu seras calmé ») ou le mettre à l’écart (« Va faire ta colère ailleurs ») ne l’aide pas beaucoup. Mieux vaut prendre un peu le large pour respirer un bon coup et reprendre ses esprits, que risquer de devenir violent avec des mots ou des gestes.
Poser le cadre et « éviter l’évitement »
Vous craignez ses réactions et êtes tentés de lui éviter toute contrariété ? Fausse bonne idée ! Un enfant doit intégrer peu à peu qu’on ne peut pas avoir tout, tout de suite : c’est notre rôle d’éducateur ! Sinon, sa vie future – et celle de son entourage – risque d’être bien compliquée : voilà une bonne motivation pour continuer à agir et à poser des règles sereinement !
Encourager son autonomie pour calmer les tensions
En revanche, on peut éviter de multiplier les situations frustrantes. Il a envie de mettre ses chaussures tout seul ? OK… et on prévoit le temps nécessaire. Le change vire au pugilat parce qu’il refuse de s’allonger ? Proposez-lui de le changer debout : à lui d’enlever tout seul son pantalon et sa couche ! Repérer et encourager son autonomie apaise les tensions. Plus il pourra choisir et décider (dans la limite de votre patience et de votre organisation), plus il se pliera facilement à d’autres règles contraignantes. Gagnant-gagnant !
Être le bon exemple… quand on peut !
Les réactions des adultes ont une influence sur la construction de l’enfant, c’est vrai. Mais nos réservoirs de patience ne sont pas tous égaux ! Et si on repérait nos façons de réagir : ai-je plutôt tendance à me fâcher très vite ? À culpabiliser ? À jouer l’indifférence ? À paniquer ? Qu’est-ce que l’émotion de l’enfant vient titiller chez moi ? Cette petite enquête intérieure peut nous aider à prendre un peu de distance, à ajuster nos réactions et à gagner en sérénité… qui sait ?
6 conseils pour traverser les contrariétés avec un tout-petit
• Accompagner ses élans d’autonomie.
• Assurer un sommeil suffisant (rester régulier, même le week-end !)
• Favoriser sa liberté de mouvement et de choix d’activités.
• Se ménager des temps pour être pleinement avec lui.
• Respecter son rythme.
• Éviter les aliments sucrés qui excitent puis fatiguent.