Pas toujours facile de laisser son tout-petit à d’autres adultes, à la crèche, chez la nounou… Trois professionnelles de la petite enfance nous livrent leurs observations et leurs conseils, dans le supplément pour les parents du magazine Popi. Pour que tout le monde vive ces séparations sereinement.
Il y a des premières fois que l’on n’oublie pas. Comme celle de se séparer de son petit pour le confier à d’autres bras. Nounou, crèche, petite section de Maternelle… Au fond de nous, nous savons que tout ce petit monde prendra soin de notre enfant, mais qu’il est difficile de rester zen et d’accepter de prendre le large ! Le supplément pour les parents du magazine Popi donne quelques astuces de pros pour vivre au mieux cette séparation… et goûter à une nouvelle joie : celle des retrouvailles !
Gwenaëlle Boulet, rédactrice en chef des magazines Popi et Pomme d’Api
Nos expertes
• Pauline Salvetat est psychologue. Elle reçoit enfants et familles dans son cabinet, à Lyon.
• Valérie Boucard est infirmière-puéricultrice. Elle dirige la crèche Les P’tits Futés, à La Rochelle, accueillant quinze nationalités différentes parmi les enfants.
• Fanélie Maudry enseigne en Maternelle. Sa classe regroupe tous les niveaux, de la petite à la grande section.
Se séparer pour mieux se retrouver après une journée en crèche, chez la nounou, à l’école…
Valérie Boucard : « Oui, c’est difficile, surtout au début… On vous comprend ! Mais aller travailler, étudier ou prendre du temps pour vous, c’est un principe de réalité. Alors, demander que votre enfant passe sa journée à la crèche est légitime. Si vous partez sans culpabilité, ça se passe bien. Ce n’est pas un désamour de se séparer. »
Valérie Boucard : « Le plus beau cadeau qu’on puisse faire à un enfant, c’est l’ouverture au monde. Se retrouver et partager ce que chacun a vécu dans sa journée est un grand plaisir. Il est important de valoriser la journée de l’enfant, mais il est tout aussi important de raconter la vôtre ! »
Pauline Salvetat : « Élargir le cercle familial pour faire place à un tiers (la nounou, la puéricultrice…) permet à l’enfant de développer, petit à petit, son autonomie psychique. Il va découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles façons de faire. C’est très positif ! »
Parents-enfants : un lien pour la vie
Valérie Boucard : « Quand tout va bien, le lien entre parents et enfant est comme un élastique : il s’étire, se resserre, s’étire à nouveau, de plus en plus, mais ne casse pas ! »
Pauline Salvetat : « L’enfant va peu à peu intégrer que, même si son parent n’est pas là, le lien est toujours présent. Ces premières séparations permettent de construire nos relations futures. »
Valérie Boucard : « Un doudou peut marquer le lien entre la famille et le lieu d’accueil. Parfois, on peut proposer – sans imposer – un T-shirt porté par un parent, ou un album de photos de famille. »
Côté enfant, se séparer de ses parents, ça donne quoi ?
Fanélie Maudry : « Partir en cachette, quand l’enfant a le dos tourné, c’est terrible ! L’enfant le vit comme une trahison et un abandon, et il est très difficile à consoler. Il vaut toujours mieux se dire, rapidement mais clairement, “Au revoir, à ce soir !” »
Valérie Boucard : « Autour de 2 ans, à l’âge du “non”, ou quand un nouveau bébé arrive, il peut y avoir des petites régressions et quelques difficultés à se quitter. Mettez des mots dessus avec votre enfant, pour “valider” avec lui. Et rappelez-vous que les adultes ne sont pas non plus d’humeur constante ! »
Pauline Salvetat : « Donnez des repères spatiaux et temporels de votre retour : “Je reviens après le goûter.” ; “Je viens te chercher au parc/chez la nounou.” ; “On rentrera à la maison, et après tu pourras prendre un bain.” »
Et côté parents, que se passe-t-il au moment de quitter son enfant ?
Pauline Salvetat : « Si c’est difficile de quitter son enfant, il faut le lui dire. De toute façon, il le sent. On peut tout à fait expliquer : “Ça me fait bizarre de te laisser. Je vois que tu grandis et que tu peux passer du temps sans moi.” »
Fanélie Maudry : « Le parent pressé, qui veut expédier le truc et répète “Allez, allez, vite, vite !”, ça n’aide pas. Cela engendre une agitation stressante qui pourrait être évitée s’il se donnait juste quelques minutes de plus. »
Fanélie Maudry : « Parfois, c’est le parent qui a du mal à partir : encore un bisou, un dernier coucou… alors que l’enfant, lui, est déjà “parti” et s’est lancé dans une activité ! Si la séparation est trop dure pour le parent, une petite mise au point avec soi-même est peut-être nécessaire… »
Petits trucs pour parents stressés
Le carnet de liaison
Ce carnet est comme un relais entre la nounou et la maison. Chacun peut écrire brièvement ce qu’a fait l’enfant dans la journée, à l’extérieur ou en famille, et le tout-petit y ajouter sa touche artistique (gommettes, dessins…).
Soigner les retrouvailles
Prendre quelques minutes pour se retrouver, en étant pleinement attentif, rendra la suite plus sereine : pas si simple, pour un tout-petit, de passer d’une compagnie à l’autre !
Passer le relais
L’un des parents vit difficilement ces séparations ? Au plus serein de s’en charger !
Lui faire un album
Des photos de son univers familier (Maman, Papa, le chat, la cuisine, Mamie…) regroupées dans un album personnalisé seront un précieux support pour parler avec l’enfant.