Avec tous les bouleversements qu’elle entraîne, la puberté suscite de nombreuses questions, voire de l’inquiétude chez nos jeunes ados. Dans son numéro du 1er mars, Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des années collège, met en avant les bons côtés de l’entrée dans l’adolescence. Ce dossier, à lire avec votre enfant, l’aidera à se projeter dans quelques années, après des moments pas toujours agréables, mais auxquels on survit, promis !
La puberté est un incontournable du magazine des collégiens et collégiennes, Okapi. Un « clou » sur lequel il faut régulièrement frapper pour donner – et souvent redonner – des informations utiles aux nouvelles et nouveaux entrants dans l’adolescence. Les années de collège sont en effet celles où le corps change le plus… et où la tête tente de suivre.
Des moments déplaisants… et de nouvelles possibilités
Sur ce sujet particulier et crucial du corps qui change, des hormones qui se réveillent, et des enjeux de santé mentale qui parfois accompagnent ces bouleversements, il s’agit souvent de rassurer. Toutefois, il n’est jamais simple de faire ressortir le « bon côté » de la puberté. Cette phase est pourtant extraordinaire : elle montre que l’on avance dans la vie, que de nouvelles possibilités s’ouvrent à nous dès lors que l’on parvient à se projeter au-delà du moment déplaisant des apparitions de boutons ou des excès de transpiration…
C’est le défi et le parti pris de l’enquête « On a survécu à la puberté ! » que propose Okapi dans son numéro du 1er mars. Oui, que l’on soit fille ou garçon, on peut, à 11 ans, jouer à se projeter à 15 ans et se dire que, forcément, on sera différent, mais pas pour le pire, au contraire.
Conçues à la manière d’un Bullet Journal illustré par Alix Garin (primée au dernier festival international de la BD d’Angoulême), les pages s’attardent sur deux ados – une fille et un garçon – dans leurs années de collège, et racontent ce qui peut d’abord dégoûter, puis rendre indifférent, enfin attirer chez l’autre, selon l’âge et la transformation, tout en expliquant les éléments physiologiques ou psychologiques associés à chaque âge. Un travail mené avec l’aide et l’expertise de la pédopsychiatre et psychanalyste Marie-Rose Moro, fondatrice de la Maison de Solenn qui s’occupe d’adolescents en difficulté, et grande spécialiste de l’adolescence.
« On se dit tout » : une rubrique d’Okapi pour accompagner les ados pendant leurs années de collège
Plus largement, la rédaction d’Okapi prend le temps de répondre aux nombreux courriers de lecteurs, et surtout de lectrices, que nous recevons sur les petites et grandes (r)évolutions qui s’opèrent durant ces trois ou quatre années si importantes dans une vie, et souvent porteuses d’inquiétudes : celles de l’entrée dans l’adolescence. Il y a même une rubrique pour cela, bien connue, en place depuis plus d’un quart de siècle : « On se dit tout ».
Les thèmes abordés ne manquent pas. Les règles, bien sûr, sujet de préoccupation récurrent des filles (« J’ai peur d’avoir mal. », « J’ai 14 ans et je ne les ai toujours pas. », « Comment éviter de me tacher ? »), mais aussi la pilosité (« Je n’ose plus me montrer en maillot à la piscine. », « Me raser ou m’épiler ? »), les problèmes de taille ou de poids avec leur cortège de complexes, ou les autres changements du corps qui surviennent trop vite… ou trop lentement, responsables d’un tas d’angoisses difficiles à avouer (« Mes amies ont les seins qui pointent et pas moi. », « J’ai un testicule plus gros que l’autre et cela m’inquiète. »)…
Une oreille adulte à qui se confier sans crainte
Beaucoup d’ados, par la même occasion, expriment leur absence d’interlocuteurs sur ces questions (« Je ne sais pas à qui en parler, aidez-moi ! » « Je n’ose pas le dire à mes parents… »). À ce titre, les journalistes d’Okapi prennent à cœur cette mission d’être l’oreille adulte à laquelle ils et elles peuvent se confier sans crainte, sans tabou parfois, et avec la certitude d’obtenir une réponse éclairante, respectueuse de leur jeune âge mais aussi de leur besoin de comprendre. Le tout en adoptant une posture de confiance, bonne conseillère, qui incitera chacune et chacun à oser se tourner vers ses parents, pour trouver l’appui qu’il ou elle recherche parfois en vain hors du cercle de la famille.
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef du magazine Okapi
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« On a survécu à la puberté ! »
Éruption de boutons, invasion de poils, arrivée des règles pour les filles… Bienvenue en puberté ! Lina et Théo te racontent leur quotidien pendant cette période. Suis-les dans leurs petites et grandes transformations — du corps, du cœur et du cerveau !
10-11 ans, début de la puberté : « Le jour où ma vie a basculé »
La puberté côté garçon : ça ne sent pas la rose…
Théo : « Ce matin, c’était la rentrée. Je suis en 6e B. Le “seum” ! Mon prof de français m’a collé à côté d’une fille qui s’appelle Lina. Direct, elle m’a dit que je sentais mauvais. Bonjour l’ambiance ! En plus, c’est faux : j’ai mis du déo qui sent trop bon. »
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Les explications d’Okapi
Trop transpirer, c’est une caractéristique de la puberté, chez les filles comme chez les garçons. Égalité ? Pas tout à fait. Chez les filles, la puberté peut démarrer entre 10 et 13 ans. Chez les garçons, vers 12-13 ans. Mais le tracas de l’humidité et des mauvaises odeurs est le même. Les responsables de cette sueur abondante ? Les glandes sudoripares, qui travaillent plus à cette période de ta vie.
Les conseils d’Okapi contre les odeurs de transpiration
- Je prends une douche chaque jour.
- J’utilise un savon neutre (sans parfum, ni colorant, ni parabène).
- Je choisis des vêtements en coton et des chaussures respirantes (cuir ou textile).
- Je change de sous-vêtements tous les jours.
- J’utilise un déodorant, naturel si possible (talc, pierre d’alun).
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10-11 ans : que se passe-t-il côté cerveau ?
À la puberté, moi aussi, le cerveau, je suis en pleine croissance ! Ça ne veut pas dire que je deviens plus gros. Je me réorganise. En revanche, mon cortex préfrontal n’est pas encore à maturité. C’est la petite zone tout à l’avant qui m’aide à gérer les émotions. Résultat : j’ai des réactions parfois impulsives et j’ai du mal à gérer ma frustration. Patience, ça viendra !
La puberté côté fille : ça y est, ça pointe !
Lina : « Aujourd’hui, premier cours d’EPS avec du hand ! Dans les vestiaires, j’ai remarqué que Claire portait un soutien-gorge. Des filles l’ont vannée. Avec mon débardeur en coton, je me suis sentie nulle. En rentrant, je me suis regardée dans le miroir de la salle de bains : on dirait que mes tétons ont changé de couleur, même si ma poitrine est toujours plate. Peut-être que je devrais demander à ma mère un soutien-gorge ? »
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Les explications d’Okapi
Chez les filles, c’est un des premiers signes de puberté. La glande mammaire, une petite boule sous les mamelons, va se développer sous l’effet des hormones. La poitrine peut devenir sensible. Si l’un des seins est légèrement plus gros que l’autre, pas d’inquiétude : ils ne poussent pas forcément en même temps. Et même une fois la puberté terminée, vers 18 ans, ils ne seront pas symétriques. Ah, et le sais-tu ? Les garçons aussi peuvent avoir un peu de poitrine à la puberté : la faute aux hormones qui font fabriquer de la graisse.
La puberté côté fille : boutons et compagnie
Lina : « Au secours ! Ce matin, je me suis réveillée avec une énorme pustule sur le front, pile entre mes deux sourcils. C’est rouge et ça fait mal. J’ai essayé de la percer, mais rien n’est sorti. Élie m’a dit de ne pas y toucher, sinon ça risquait d’empirer ou de laisser des cicatrices. C’est ma grande sœur, elle s’y connaît. En classe, Théo s’est permis une réflexion ! Il peut parler, avec ses cheveux gras… »
Les explications d’Okapi
Pour se protéger, ta peau produit une substance grasse, le sébum. Avec les hormones, le corps peut en produire en excès. Le film protecteur s’épaissit, obstrue les pores et favorise la multiplication des bactéries, entraînant l’apparition de boutons et de points noirs. Idem pour la tête : les glandes du cuir chevelu s’emballent et tes cheveux graissent plus vite.
Les conseils d’Okapi : 3 astuces skincare
- Lave ton visage matin et soir avec un savon doux.
- Hydrate-le avec une crème adaptée à ta peau.
- Ne tripote jamais tes boutons.
Il faut porter un soutien-gorge : vrai ou faux ?
Faux. Tu peux en porter pour des raisons esthétiques ou pour maintenir ta poitrine, mais tes seins ne tomberont pas si tu n’en mets pas. Pour bien le choisir, demande conseil en boutique spécialisée : une vendeuse pourra prendre tes mesures et t’aider à trouver le bon modèle.
12-13 ans : l’heure des grands chamboulements
La puberté côté fille : alerte rouge, les règles débarquent !
Lina : « Ce matin, en plein cours de maths, j’ai eu une crampe au ventre. Toute la journée, j’ai ressenti des tiraillements bizarres. En rentrant, j’ai vu une tache brunâtre dans ma culotte… : mes premières règles ! J’ai couru le dire à ma mère. Elle m’a donné une serviette périodique et m’a dit : “Maintenant, tu es une femme.” Bon, honnêtement, je ne me sens pas si différente ! »
Les explications d’Okapi
Chaque mois, l’utérus prépare un nid moelleux, l’endomètre, pour accueillir un ovule. Si l’ovule n’est pas fécondé par un spermatozoïde, il n’y a pas de bébé en route et ce nid devient donc inutile. Du coup, l’utérus l’expulse : c’est le sang des règles. Elles durent de 3 à 7 jours et représentent, en quantité, l’équivalent de trois cuillères à soupe.
À prévoir : la boîte spéciale règle
- Une bouillotte, pour les maux de ventre.
- Des serviettes avec des ailettes, pour éviter les fuites (surtout la nuit).
- Des culottes menstruelles.
- Un anti-inflammatoire, pour soulager les douleurs (surtout pas d’aspirine, car elle fluidifie le sang).
- Une huile, pour se masser le ventre avant de dormir.
La puberté côté fille : en mode yéti
Lina : « La semaine prochaine, on a piscine avec toute la classe. J’ai des poils qui ont poussé partout pendant les vacances. Sous les bras, sur les jambes, au niveau du pubis… J’aimerais bien m’en débarrasser, mais je ne sais pas comment ! »

Comment s’épiler ?
Le rasoir : rapide et indolore, mais temporaire, car il ne coupe que la tête des poils qui repoussent vite et drus.
La crème dépilatoire : efficace, mais il faut savoir bien l’utiliser pour éviter les irritations.
Les bandes de cire et l’épilateur électrique : douloureuses, ces méthodes retirent les poils à la racine. Tu peux aussi demander un rendez-vous chez une esthéticienne.
Ne pas y toucher : tu as tout à fait le droit de garder tes poils, c’est de ton corps qu’il s’agit.
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Moi, le cerveau, je suis tout le temps fatigué en ce moment !
Normal : à la puberté, le pic de mélatonine, qui favorise l’endormissement, se décale d’environ deux heures. Résultat : je m’endors plus tard qu’avant, mais je dois toujours me réveiller aussi tôt pour aller au collège… Du coup, il me manque des heures de sommeil ! J’ai besoin de 9 heures pour être en forme.
La puberté côté garçon : panique sous la douche
Théo : « Mince, je ne sais pas ce qui se passe. Mes testicules me font un peu mal et j’ai remarqué aussi qu’ils sont plus gros. C’est peut-être grave ? En plus, j’ai peur que ça se voie sous mon pantalon, c’est hypergênant… »

Les explications d’Okapi
Les testicules grossissent à la puberté car ils commencent à fabriquer des spermatozoïdes, des cellules reproductrices. Cela signifie que tu deviens fécond. Ne t’inquiète pas si les deux testicules n’enflent pas de façon symétrique ou si c’est un peu douloureux : cela va s’arranger avec le temps.
La puberté côté garçon : ma voix déraille
Théo : « En cours de musique, ma prof m’a demandé de chanter devant tout le monde. Mais j’ai la voix qui passe du grave à l’aigu en 5 secondes ! Ça devrait être interdit de demander des trucs comme ça ! »
Les explications d’Okapi
Les cordes vocales deviennent adultes, elles aussi. Elles épaississent et le larynx s’allonge… Dans quelques mois, ta voix sera stabilisée, et elle descendra d’une octave ! Pour l’instant elle oscille entre le grave et l’aigu, ce qui n’est pas très agréable. Sais-tu que, un peu plus tard, la voix des filles va baisser, elle aussi ? Mais ce sera moins intense.
La puberté côté garçon : trop moche, ma moustache
Théo : « Ce matin, dans la glace de la salle de bains, j’ai vu un duvet qui pousse au-dessus de mes lèvres. J’ai de la moustache ! Et c’est pas super beau… Si ça continue, je vais avoir des poils partout, même sur les épaules ! »

Les explications d’Okapi
Pendant la puberté, les poils poussent partout sous l’effet des hormones. Tu ne peux rien y faire. Ta pilosité sera complète vers 25-30 ans.
Les conseils rasage d’Okapi
- Demander de l’aide pour me raser la première fois. À mon père ou à mon grand frère, par exemple.
- Prendre le temps pour le rasage, sans précipitation, ou gare à la coupure !
- Penser à demander un baume après-rasage si j’ai la peau qui tire.
14-15 ans : Eh ! Pas si mal, le reflet dans la glace…
La puberté côté garçon : question de taille…
Théo : “Hier, on s’est vus avec mon cousin Paul qui est en 5e. Il se pose plein de questions, j’avais l’impression de m’entendre au même âge ! Il est assez petit et il trouve ça grave. Et il ne sait pas si son pénis fait une taille normale. Je l’ai rassuré : y a que les gamins qui se comparent ! Pour le faire rigoler, je lui ai avoué que moi, à son âge, j’avais parfois des érections, comme ça, en pleine journée. La honte totale ! Maintenant, je maîtrise mieux. Au fait, j’ai aussi revu Lina, ma voisine de 6e. Elle a vraiment changé. On s’est souri. »

Les explications d’Okapi
Pendant la puberté, les érections deviennent plus fréquentes et, parfois, des émissions de sperme ont lieu : ce sont des éjaculations. Ce phénomène naturel montre que le corps fonctionne bien et peut donner la vie.
Les conseils d’Okapi pour être bien dans sa peau
- Faire du sport → me sentir bien.
- Accepter mon corps qui change sans cesse → apprendre à m’aimer tel(le) que je suis.
- Si ça m’inquiète encore → en discuter avec l’infirmier(ère) du collège ou avec mon médecin.
La puberté côté garçon : salut les muscles !
Théo : « Faire du sport deux fois par semaine, ça donne vraiment des résultats. Je suis devenu plus musclé et ça m’aide à prendre confiance pour le moment. Je sais bien qu’il n’y a pas que ça, mais vivement que je recroise Lina. »
Les explications d’Okapi
Vers 12 ans, il n’est pas rare de grossir un peu, car les hormones fabriquent de la graisse qui se mettra à fondre dès que la masse musculaire se développera. Les muscles représentent 25 % du poids au début de puberté, et 40 % à la fin.
La puberté côté fille : hello les nouvelles formes !
Lina : « J’ai tout le temps faiiim ! Quand je rentre du collège, je pourrais tout dévorer. J’essaye de faire attention mais ce n’est pas facile. Je vois bien que je me suis arrondie. Dans la glace, je ne vois que mes hanches et mes cuisses, et ça me complexe beaucoup… Bref, hier, j’ai croisé une vieille connaissance dans le bus : Théo ! Je l’ai à peine reconnu tellement il a changé depuis la 6e. Il m’a fixée un long moment, c’était hyper gênant. Je ne sais pas pourquoi. Et il m’a fait un clin d’œil. Tellement ringard ! J’ai explosé de rire. On s’est parlé après et c’était sympa. 🙂 »
Les explications d’Okapi
Sous l’effet des œstrogènes (hormones sexuelles féminines), le bassin des filles s’élargit. Les hanches, les fesses et les cuisses se dessinent. Ces formes peuvent créer des complexes à l’adolescence, mais elles permettent aux femmes de mettre plus facilement au monde des enfants. Et rassure-toi, en grandissant, tu vas prendre confiance en toi !

Le cerveau
Tu peux me remercier : grâce à moi, le cerveau, tu peux tomber amoureux(se). Je libère alors l’hormone du plaisir : la dopamine. Tu as le cœur qui bat, tu as l’impression que tout est possible. Que du bonheur ! Sauf qu’attention : ce sentiment n’est pas toujours partagé ! C’est difficile à accepter, mais tu ne peux pas forcer quelqu’un à t’aimer. L’amour est un sentiment incontrôlable.
À lire sur la puberté
• La Puberté et moi, de Sophie Bordet-Petillon avec l’expertise de Marie-Rose Moro, éd. Hygée, 13,90 €.
• C’est (pas) moi, c’est mon cerveau !, de Grégoire Borst et Mathieu Cassotti, éd. Nathan 12,90 €.
• Dans ma culotte, tout comprendre sur mes règles, d’Anna Salvia et Cristina Torron, éd. Eyrolles Jeunesse, 14,90 €.
« On a survécu à la puberté ! », article extrait du magazine Okapi n° 1217, 1er mars 2025. En vente en kiosque et par abonnement. Texte : Emmanuelle Lucas et Olivia Villamy. Illustrations : Alix Garin.
Nos remerciements à la professeure Marie-Rose Moro pour ses conseils.