Bonne nouvelle pour la planète, pour vos finances, pour votre temps de rangement ET pour votre enfant ! Pour bien grandir, votre petit n’a pas besoin de grand-chose. Ce mois-ci, le magazine Popi vous donne des idées toutes simples pour “libérer” le jeu de vos petits et les aider à développer leur imagination, leur curiosité, leur sens de la logique et leur autonomie avec presque rien. Le plus difficile pour les parents dans tout ça ? Prendre sur soi et arrêter d’en faire trop !
Oh, un cadeau ! Votre enfant se précipite. Hop, il arrache, déchire, ouvre le paquet. À l’intérieur, un jouet, choisi avec soin par un adulte décontenancé et peut-être même un peu vexé… Car que fait l’enfant ? Il joue avec le carton, le remplit, le vide, le remplit, le vide. En fait un chapeau. Se cache dessous, s’accroupit dedans…
Pourquoi cet engouement pour le carton vide ? Sans doute parce que ce carton est vierge de toute attente : aucun adulte ne va expliquer comment l’utiliser ni quelle histoire raconter avec. Ce carton offre à l’enfant la liberté. Liberté d’agir, d’avoir une idée, d’imaginer, d’aller à son rythme, de faire ce qui l’attire et non ce qu’on lui propose.
Un tout-petit n’a pas besoin d’un adulte pour jouer
Le jeu libre permet à l’enfant de suivre son inspiration, son instinct, ses besoins aussi. Aucun résultat, aucune réussite ne sont attendus. Cette activité est essentielle pour le développement moteur, cognitif et spirituel de l’enfant. Et pourtant, aujourd’hui encore, trop peu de temps et trop peu d’importance lui sont accordés.
Nous pensons, à tort, que pour stimuler notre enfant, il faut lui faire faire des choses et s’occuper sans cesse de lui. Or, l’enfant n’a pas besoin de l’adulte pour jouer. Anne Blanc, éducatrice de jeunes enfants depuis trente ans et responsable d’un Relais Petite Enfance près de Lyon, nous livre son expérience et des idées faciles à mettre en œuvre.
Jeu libre à la maison : 6 conseils pour accompagner votre enfant
1• Tout doux, le décor
Trop de sollicitations visuelles freinent la concentration. Je préconise un coin jeu très sobre : des murs et des meubles de couleurs claires, un tapis, quelques rangements simples pour les objets.
2• Une simplicité en or
L’abondance n’a aucun sens. Les magasins de jouets regorgent d’objets qui ne sont conçus que pour captiver l’enfant et faire des profits. Or, quatre objets suffisent. Lorsque l’un est délaissé, vous pourrez le remplacer par un autre en faisant tourner la sélection. S’il fallait les choisir : un contenant (saladier), du contenu (des noix), une louche, du papier à froisser.
3• Un ordre apaisant
Retrouver toujours le même jeu au même endroit, pour un enfant, c’est rassurant. Alors que la caisse à jouets qui déborde d’objets dépareillés, incomplets, criards… on ne sait pas par où la prendre.
4• Détourner à volonté !
Vous faites partie des personnes qui suivent à la lettre le plan de construction livré avec les Lego ? Oubliez ! Si votre enfant empile les tasses de la dînette pour faire une tour, si pour lui les cubes sont des chats, si la poupée est un dinosaure… libre à lui ! La table lui sert de château, le tabouret, de cheval ? Parfait ! Le même objet aura plusieurs destinations selon son âge et ses compagnons de jeu.
5• Patience et bienveillance
Il empile les cubes, les fait tomber, les empile, les fait tomber… Tant qu’un enfant n’a pas épuisé le plaisir de faire quelque chose, il va répéter son geste. Contentez-vous de l’observer sans rien faire, de lui sourire, sans vous extasier non plus. Il transvase ? Donnez-lui des graines, une cuillère et un saladier. Il déchire ? Mettez de vieux papiers à sa disposition. Il trie, il ordonne ? Donnez-lui des paires de chaussettes à assembler ou une boîte d’œufs vide pour disposer des objets dans chaque alvéole.
6• Silence, ça bosse !
Trier, transvaser, ce sont déjà des activités mathématiques. Imiter, rejouer des scènes vécues, c’est digérer une expérience. Imaginer, inventer un nouveau rôle, se transformer en chevalier, en superman,
c’est accéder à sa vie intérieure et au monde des symboles. Manipuler des pinces à linge, déchirer des papiers, c’est entraîner ses mains à la motricité fine. Tout cela favorise l’autonomie !
L’expérience de “L’atelier du rien”
Cette expérience étonnante a été menée en Belgique et en Suisse, au sein de plusieurs structures d’accueil Petite enfance. On a laissé un petit groupe d’enfants dans une pièce vide, équipée uniquement d’un tapis. Voici ce que les adultes ont observé : “C’était foisonnant ! Ils étaient très actifs et ne se sont pas du tout ennuyés !” Le rien, en effet, libère l’imagination, incite à se tourner vers l’autre, à s’emparer de l’espace de tout son corps. Une expérience bien plus complexe pour les adultes, qui ont dû réfréner leur envie d’intervenir ou de suggérer des activités !