L’orientation est un sujet difficile à aborder avec votre enfant ? Ces conseils du magazine Phosphore, à l’intention des lycéen(ne)s, lui permettront d’en discuter plus sereinement avec vous, de prendre en compte votre avis (si, si !), mais aussi de défendre les choix qui lui tiennent à cœur. À télécharger et à partager…
Orientation : quand aborder le sujet ?
Idéalement, il faut commencer à parler d’orientation avec ses parents dès la seconde, au moment du choix des spécialités. Parce que choisir ses spés, c’est déjà s’orienter ! Mais beaucoup de familles n’abordent le sujet qu’en terminale, au moment de Parcoursup. Dans un cas comme dans l’autre, il y a des astuces pour que la discussion soit constructive.
Il est préférable de se lancer le week-end, au moment où tout le monde est (plus ou moins) frais, dispo et détendu. Mieux vaut aussi préparer quelques questions pour ne pas tourner en rond : qu’est-ce qui vous plaît dans votre boulot ? Les qualités/compétences qui pourraient lui servir ? Des personnes de votre entourage à contacter ? Capucine, aujourd’hui en deuxième année de droit, a commencé par une petite introspection : “J’ai réfléchi dans mon coin aux formations que je ne voulais vraiment pas suivre, à savoir toutes les formations scientifiques. Puis, j’ai abordé le sujet avec mes parents en leur disant que c’était le seul point non négociable.” Pas bête.
Tes parents te recommandent une formation
Tes parents te fréquentent depuis un petit moment, ils te connaissent bien, tu as tout à gagner à te renseigner sur la spécialité, la formation ou le métier qu’ils envisagent pour toi. Si tu trouves que leur piste est bonne, super ! Dans le cas contraire, tu as au moins prouvé que tu es ouvert·e à la discussion… et tes parents n’auront pas d’autre choix que de l’être aussi !
Si leur idée n’est ni bonne ni mauvaise, tu peux, comme Margot, contenter tout le monde : “Je vise Sciences Po. Mes parents veulent que je fasse une prépa littéraire, mais ça ne me branche pas trop. On a trouvé un compromis : j’inscris ce vœu sur Parcoursup, mais c’est un plan B au cas où je ne serais prise dans aucun IEP.”
Tes parents aimeraient que tu inspires ton frère/ta sœur… ou que tu suives le parcours tracé par ton grand frère ou ta grande sœur
Dans les deux cas, tu peux leur répondre la chose suivante : vous êtes de la même famille et vous avez des points communs, d’accord, mais vos notes, vos appréciations et vos centres d’intérêt sont différents. Au regard de Parcoursup, vous n’avez donc rien à voir !
Tes parents veulent que tu fasses comme eux
Des parents “plutôt scientifiques” peuvent être amenés à suggérer uniquement des formations/métiers scientifiques, et donc à zapper tout le domaine des sciences humaines et sociales qu’ils connaissent moins. Surtout s’ils s’éclatent dans leur taf ! Si tu n’as pas la même vocation que tes parents, et si ces derniers sont hermétiques aux arguments classiques (“ce n’est pas parce que vous êtes bien dans votre job que je le serai aussi”), tu peux t’allier à… ton prof principal. S’il croit en tes choix, il pourra à son tour tenter de les défendre auprès de tes parents. Cette démarche est beaucoup plus courante qu’on ne le croit, alors n’hésite pas !
Tes parents mettent leur veto
Une situation malheureusement beaucoup trop répandue… Toutes les formations sont concernées, surtout les cursus courts comme les BTS (qui permettent pourtant de poursuivre des études), et ceux qui préparent à des métiers manuels ou artistiques. Si tu es dans ce cas-là, une solution : prouver à tes parents que ce n’est pas une lubie, mais un choix mûrement réfléchi. Pour ce faire, détaille-leur le programme et la pédagogie (manière dont sont enseignés les cours), généralement présentés sur le site de la formation qui te fait rêver. Et explique-leur que cela colle avec tes envies et projets. Souvent, les parents mettent leur veto sur les études qui, selon eux, ne mènent à rien. Si tel est leur argument, grappille des infos/arguments sur la plateforme Parcoursup, rubrique “connaître les débouchés professionnels”.
Tes parents sont obsédés par la sécurité
La sécurité, c’est-à-dire : des études longues et prestigieuses, un secteur qui recrute, un CDI, un bon salaire aussi. Tu peux leur rappeler qu’il existe d’autres critères au moment de choisir son parcours, notamment liés au bonheur et à l’épanouissement : des études pour apprendre des choses qui nous passionnent, un métier qui a du sens et qui nous rend fier, et même du temps pour soi ou pour ses projets perso.
Tu stresses moins que tes parents
Plus tu stresses et plus tes parents sont tranquilles ; moins tu stresses et plus ils paniquent ! Plus sérieusement, pour être rassurés, tes parents ont besoin de constater que tu te soucies de ton avenir, et que ta réflexion avance. Tu ne fais pas des recherches sur les études post-bac au milieu du salon, c’est vrai. Tu n’en parles pas H24, c’est vrai aussi. Mais ce n’est pas pour autant que ton projet d’orientation est au point mort !
Explique (calmement = sans rien casser) à tes parents qu’ils ne voient qu’une petite partie de l’iceberg. En réalité, tu parles régulièrement orientation avec un paquet de gens : ta bande de potes ; tes profs de spé après les cours ou lors des heures de vie de classe ; des étudiants, des profs du supérieur, des professionnels et le prof-doc lors des Semaines ou du Printemps de l’orientation organisé par ton lycée…
Les profs sont la seule référence fiable de tes parents
Tes profs connaissent bien ton niveau scolaire, ton implication en cours, les attendus des formations post-bac. Ils sont capables de dire si tu en as assez sous le pied pour faire une prépa, si tu es suffisamment autonome pour aller à l’université ou en école d’art. Tes parents ont donc raison de se fier à l’avis de tes profs. Mais il ne suffit pas.
En effet, tes profs ne sont pas forcément au courant de tes engagements associatifs, de tes centres d’intérêt, de tes activités extrascolaires (sport, culture, musique). Alors même que les écoles et les universités les prennent en compte via Parcoursup ! Tu peux aussi rappeler à tes parents que certaines matières sont peu, voire pas du tout, enseignées au lycée. C’est notamment le cas du droit, de la psychologie et de la communication.
Tes parents distinguent études de filles/études de garçons
Selon une enquête sur la féminisation des métiers du numérique réalisée par Ipsos en 2021, on apprend que “seulement 33 % des filles sont encouragées par leurs parents à s’orienter vers les métiers du numérique, contre 61 % des garçons”. Les filles ne sont pas les seules à s’autocensurer et se faire censurer. Les garçons qui veulent devenir infirmier, puériculteur ou encore sage-femme se heurtent eux aussi à l’idée reçue que certains métiers sont genrés. Et pourtant !
Pour prendre l’exemple de l’ingénierie, les écoles (qui comptent 28 % de filles) comme les entreprises font des pieds et des mains pour diversifier promos et équipes. Bref, si tes parents te disent que ton sexe est un désavantage, tu peux leur dire… que c’est tout l’inverse !
Impossible de te payer des études trop chères
Il se peut que tes parents fassent des allusions plus ou moins explicites, du genre : “Il existe peut-être une école moins chère ?” ou “La fac, c’est bien aussi !”. Si tu sais ou si tu as le sentiment que tes parents n’ont pas les moyens, tu peux leur dire qu’il existe des aides financières délivrées par l’État, comme les bourses sur critères sociaux. S’ils te répondent que les démarches sont trop galères, fais avec eux une rapide simulation sur le site du Crous.
Quant à toi, tu peux ouvrir tes chakras ! Comment ? En cochant le filtre “formation en apprentissage” (rémunérée, donc), ou en déroulant les “formations similaires” peut-être moins chères que celle que tu as repérée sur Parcoursup.
Tes parents veulent te garder près d’eux
Tes parents ne sont pas chauds pour que tu étudies dans une autre ville ? Cela part d’un bon sentiment, mais explique-leur qu’ils ne te rendent pas vraiment service… Comme l’indique le site Parcoursup : “En élargissant votre zone géographique, vous pouvez aussi augmenter vos possibilités d’être admis.” L’argument peut suffire à convaincre tes parents. Petite précision : pour les formations sélectives comme les BTS, le secteur géographique n’est pas un critère pris en compte. Pour les formations non sélectives comme les licences, certains bacheliers peuvent être prioritaires en raison de leur secteur géographique d’origine (précisé au moment de formuler le vœu). Dans les deux cas, ça se tente !
Tes parents parlent d’orientation H24
Tu peux leur dire : “Je vous propose qu’on ne parle plus d’orientation qu’une fois par semaine, et pendant un créneau d’une heure. Le reste du temps, le sujet est tabou ! En échange, je m’engage à répondre à toutes vos questions, et à écouter attentivement vos remarques. Vendu ?”
Tes parents te collent pendant les salons étudiants
Tu peux convenir d’un deal. Tu y vas sans eux, mais tu t’engages à rapporter les brochures des formations qui te taperont dans l’œil. Autre cas de figure : tu ne veux pas du tout y aller, malgré l’insistance de tes parents. Tu les connais, ils ne vont pas te lâcher ! Sauf si tu leur expliques que tu as entrepris des démarches similaires. Comme contacter des étudiants ambassadeurs via Parcoursup, demander les brochures des formations via les sites Internet, ou encore participer aux journées portes ouvertes (JPO) des écoles et des universités. Le conseil de Capucine, qui est en deuxième année de droit : “Expliquer à ses parents que c’est encore mieux d’y aller entre potes. Ça permet de s’intéresser à des formations auxquelles on n’avait pas spontanément pensé.”
Tes parents se fichent de ton avenir
Il y a de fortes chances pour que tes parents semblent s’en désintéresser, mais qu’ils te fassent surtout confiance ! Quoi qu’il en soit, tu peux solliciter tes frères/sœurs/cousins plus âgés, et tes potes. Ils te diront comment ils ont trouvé leur voie, si tel est le cas. Ils connaissent bien ta personnalité, et tu peux avoir des discussions sans filtre avec eux. Quelques questions pour eux : quels cursus et métiers sont faits ou ne sont pas faits pour moi ? Dans quel domaine/situation est-ce que je t’épate ? Selon toi, quelles valeurs sont importantes pour moi ? Comment as-tu fait pour trouver ton parcours ?
Tes parents sont dépassés
On te conseille… la tolérance ! Tes parents n’ont pas connu le contrôle continu, le choix des spécialités et Parcoursup. À leur époque, les bacheliers et les étudiants en master étaient moins nombreux, les universités acceptaient quasiment tout le monde, on ne parlait pas beaucoup d’écologie en cours, et les ponts (appelés “passerelles”) entre les formations n’étaient pas encore construits. En somme, le paysage des études était totalement différent. Si tes parents sont paumés, éclaire-les. Au passage, cela les rendra à la fois moins stressés et… moins stressants !
Tes parents te trouvent trop ambitieux·se
Tu as le droit de formuler jusqu’à 10 vœux sur Parcoursup. Assure tes arrières et rassure tes parents en candidatant à des formations non sélectives, comme les licences dispensées à l’université. Mais tente aussi le coup avec les cursus sélectifs qui te font rêver. Pour ces derniers, tu peux même faire lire à tes parents “les critères d’analyse des candidatures” publiés sur Parcoursup, afin de leur prouver que tu as tes chances.
Tu ne sais pas quoi faire et ça les panique
Rassure tes parents : beaucoup de formations supérieures te laissent un max de portes ouvertes. C’est, par exemple, le cas des prépas, des instituts d’études politiques ou encore de la licence de droit. Et puis, il existe des passerelles entre les formations, notamment à bac +2/3. Mathilde, en deuxième année de sciences politiques, a un conseil pour toi : “En seconde, je voulais choisir les spés histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques + humanité, littérature et philosophie + cinéma-audiovisuel. Mais, mon père ne comprenait pas ces choix différents. Alors je lui ai expliqué que j’hésitais entre les sciences politiques et le cinéma, et que je me donnais une année pour expérimenter les deux. Et il a capté !”
Tes parents veulent faire appel à un coach orientation pour toi
Bah, ça n’engage à rien ! Libre à toi de suivre ensuite ses conseils ou non. Faire entrer une tierce personne dans vos discussions – psychologue de l’Éducation nationale ou un coach – peut être une bonne idée si : tu te braques quand tes parents amènent le sujet orientation sur la table ; les discussions ne mènent à rien, ou finissent en pugilat ! Un pro peut notamment t’amener à parler de toi devant tes parents. Il peut aussi leur demander de citer tes principales qualités. Des choses que vous ne vous dites pas forcément tous les jours, mais qui boostent.
Pour cet article, nous avons discuté avec une dizaine de lycéens et de parents. Voici en exclu la vanne d’une maman : “J’ai LA solution pour ne pas se prendre la tête sur l’orientation : ne pas faire d’enfant.” Radical.
“Discute orientation avec tes parents… sans fights”, article extrait du magazine Phosphore n°569, 1er février 2024. Textes : Martin Rhodes. Illustrations : Nathalie Jomard.
Le Guide des études sup : un outil indispensable
- À lire aussi pour t’éclairer et échanger avec tes parents sur ton orientation : Le Guide des études sup’. Les spés, les filières, etc… n’auront plus de secret pour toi. Disponible en kiosque, 9,95 €.