Le magazine Okapi a invité dans son numéro du 1er avril, l’humoriste chouchou des 10-15 ans, Roman Doduik. Si vous ne le connaissez pas, demandez à votre ado de vous le présenter : s’intéresser à ce qui le ou la fait rire, c’est un premier pas pour mieux communiquer ! Vous pouvez aussi essayer l’autodérision aux multiples vertus (mode d’emploi ci-dessous). Une fois le compteur du rire débloqué, vous pourrez, sans dramatiser, aborder bien des sujets : famille, scolarité, société, avenir… Et désamorcer les tensions potentielles.
“Les humoristes sont de précieux alliés des familles et de la paix à la maison ”
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef du magazine Okapi :
Dans son numéro du 1er avril, Okapi joue de bout en bout la carte du rire, et invite dans ses pages l’un des chouchous des 10-15 ans : Roman Doduik. Vous connaissez ?
À Okapi, le magazine des années collège, nous en sommes les témoins : l’évocation de son nom et la vision de sa frimousse juvénile font vite briller les pupilles des ados. Ses vidéos déclenchent presque à tous les coups leurs éclats de rire. D’autant plus que, disons-le en parlant comme à 13 ans : de nombreux parents “n’ont pas la ref“ ! Et si la présence dans les pages d’Okapi de ce joyeux énergumène, à la tignasse folle et au sweat rose devenu un quasi-emblème, était l’occasion pour les parents de faire un pas dans la direction de leurs ados, pour s’intéresser à ce qui les fait rire et, pourquoi pas, pour rire avec elles ou avec eux ?
Avec Roman Doduik, c’est plutôt facile : il fait de plus en plus les beaux jours des réseaux sociaux, où l’on trouve facilement ses sketches, et il se fait applaudir dans toute la France avec son spectacle intitulé ADOrable. On y découvre un humoriste au parler clair et à la vanne sans tabou – c’est bien pour ça que les ados l’adorent – et un amuseur capable d’aborder tout ce qui intéresse, préoccupe ou obsède à la puberté et dans les cours de récré…
À 24 ans, Roman Doduik charrie et se fait charrier comme s’il en avait dix de moins. Mais toujours sans méchanceté, même quand il met les parents en boîte, avec une honnêteté sur lui-même et un sens de l’empathie qui désarçonnent autant qu’ils séduisent !
Au-delà du cas spécifique de ce jeune talent, héritier des Gad Elmaleh, Djamel Debbouze et autres Florence Foresti de nos propres adolescences, les humoristes sont sans doute de précieux alliés des familles et de la paix à la maison ! On peut en effet les voir comme des passeurs de dialogue avec cette génération des ados que l’on décrit souvent (à raison) comme se livrant peu, quand on ne les dépeint pas (à tort !) comme ne s’intéressant à rien.
Pour autant, c’est sans doute aux parents qu’il revient de faire le premier pas, en donnant l’exemple : ce que l’on attend généralement de ses ados, quand on en a, n’est-ce pas qu’ils fassent preuve d’un peu d’autodérision, de recul sur eux-mêmes ? Aussi, pour rire avec eux, commençons par rire de ce qui les fait rire : nous-mêmes. Rions notamment de nos propres habitudes de daronnes et de darons qui veulent toujours (trop) bien faire sans forcément être exemplaires, ou de scènes vécues au travail ou à la maison qui, certes, ne nous mettent pas en position avantageuse, mais ont au moins le mérite de nous montrer tels que nous sommes : faillibles, souvent, et capables toujours d’en rire, donc de nous remettre en question.
Sans provoquer, sans humilier, on pourra ensuite rire avec eux, pourquoi pas, de leur besoin de s’opposer systématiquement et de leurs emportements, de leur chambre mal rangée et de leurs devoirs un peu trop systématiquement oubliés… Car une fois le compteur du rire débloqué, on peut, sans dramatiser, aborder bien des sujets : famille, scolarité, société, avenir… Et désamorcer les tensions potentielles. Par le sourire ou le rire, on peut être d’accord ou pas, on peut reconnaître ses torts ou mettre l’autre devant les siens propres… Mais on se parle, on s’écoute, on se confronte sans s’affronter et avec la surprise et la gaieté que génère le rire. Un rire qui ne rabaisse pas, un rire d’estime et d’amour.
Lire l’intégralité de l’article “Comment devenir drôle ? Les bons tuyaux de Roman Doduik” extrait du magazine Okapi
Sortir la bonne vanne au bon moment… Quand on y arrive, c’est un sacré avantage dans la vie ! Okapi a rencontré un as du genre, l’humoriste Roman Doduik.
Quoââaâ !! Tu ne connais pas Roman ?
Roman Doduik a 24 ans. Il compte 2,6 millions d’abonnés sur TikTok et 516 000 sur YouTube.
Ce qu’on préfère chez lui :
• Sur YouTube : La web-série Frérot ! (ou comment gérer son petit frère), et Questions gênantes (des micros-trottoirs sur les rêves, les études et même les vannes).
• Sur TikTok : Prof du prof (Roman donne des cours aux profs !), Mon Papa (plein de situations que tu vis sûrement à la maison) ou Dr des Prénoms (il y aura peut-être le tien !).
“On ne naît pas drôle !”
“Au collège, je n’étais pas le plus marrant, mais j’osais faire certaines choses. Par exemple, à chaque rentrée, au moment de l’élection des délégués de classe, je préparais un discours avec des vannes sur les profs. Mes camarades préféraient voter pour le beau gosse, mais je ne me décourageais pas ! À 13 ans, j’ai commencé à faire mes premières vidéos YouTube. C’était des mauvais sketchs, mais j’avais tellement envie de faire rire les autres ! Même si tu n’es pas le ou la plus marrant(e) de la classe ou du groupe, si tu veux faire rire, tu le peux, il faut juste être motivé !”
“Se faire marrer soi-même : un bon début !”
“Quand on crée quelque chose, on a tendance à se déprécier avant que les autres ne le fassent à notre place. Genre “j’ai fait une musique, mais bon, elle est nulle…“ ou “j’ai écrit un sketch, mais il n’est pas drôle…” Il faudrait au contraire avoir vraiment confiance en soi ! Au début, ce qui me faisait triper quand je créais une vidéo, c’était de pouvoir la montrer aux autres, mais aussi et surtout de me faire rire moi-même ! Parfois, j’étais seul à rigoler… mais pas grave ! Si je me trouvais drôle, je pensais que ça valait le coup de continuer.”
“Trouver une bonne blague, c’est du taf”
“Perso, quand j’écris, je commence toujours par “mettre mes tripes” sur la page. C’est-à-dire que je balance des choses sur moi : mes pires défauts, mes plus mauvaises expériences, etc. Ces jours-ci, j’ai commencé à écrire un texte sur le fait que j’étais radin avant. Je faisais attention à l’argent, j’avais plein de techniques pour éviter de payer quand je sortais avec des amis, j’adorais me faire inviter… Je n’ai pas encore de blague, mais ça peut devenir drôle parce que j’ai pris du recul. Les humoristes disent que la comédie, c’est du malheur et du temps. C’est quelque chose qui est triste, douloureux, gênant ou horrible, mais qui devient drôle avec du recul. On ne rit jamais du bonheur des autres !”
“Toujours besoin d’un ami pour rire”
“Pour être efficace, je travaille avec mon meilleur ami. Quand j’ai mis de côté ce qui peut être intéressant et drôle dans une situation donnée, je le lui montre. C’est un regard extérieur très intéressant car il a du recul, et nos sensibilités sont différentes. Mon pote me dit ce que l’on comprend ou pas, ce qu’il faut développer… Une fois le sketch écrit, on regarde ensemble ce qui est drôle, pour tirer le fil, on teste devant un public, et après, on retravaille l’écriture et/ou le jeu. Une bonne blague se travaille pendant des années !”
“Tirer les leçons de ses bides”
“Faire un bide, ça arrive plus souvent qu’on ne croit. Dans le cas d’une vidéo, tu tournes la suivante et tout le monde oubliera celle qui est moins marrante. Mais sur scène, ou au collège, quand tu lances une vanne et qu’il n’y a pas de rires, il n’y a rien à faire si ce n’est d’enchaîner, de passer à autre chose ! En revanche, après coup, tu dois essayer de comprendre pourquoi ça n’a pas bien fonctionné : est-ce que ta vanne n’était pas drôle ? Ou l’as-tu mal jouée ? Et ensuite, comment l’améliorer ? C’est très rare, les vannes qui marchent tout de suite !”
“Apprendre de son public”
“Pour l’ambiance, il faut être deux : toi et ton public. Quand tu commences à dire tes blagues, certain(e)s te sont déjà acquis(es), par exemple tes ami(e)s. Dans mon spectacle, c’est le cas des ados qui me connaissent via les réseaux sociaux et qui adorent les blagues qui moquent leurs parents (sur les notes, le langage jeune qu’ils ne maîtrisent pas). Mais avec d’autres, c’est plus compliqué. Les parents qui accompagnent les ados en spectacle ne me connaissent pas et certaines vérités sur eux ou leurs enfants ne sont pas faciles à entendre (par exemple sur leur sexualité) ! Dans ce cas de figure, tu dois avoir confiance dans tes blagues. La première ne va peut-être pas faire rire tout le monde ? C’est peut-être seulement la huitième qui va marcher ? Il faut avancer, et toujours avec le sourire !”
“Laisser traîner ses oreilles, ça paie”
“J’observe beaucoup ce qui se passe autour de moi. Les micros-trottoirs que je réalise pour mes vidéos sont une vraie source d’inspiration. Par exemple, les sujets sur la première fois, l’amitié ou les vacances me sont inspirés par les réponses lors de ces micros-trottoirs. Pour trouver de bons sujets de blagues, il faut observer, rester à l’écoute, y compris de la personne qui ne parle pas beaucoup. C’est même souvent la plus intéressante !”
“Se nourrir des vannes des autres, c’est permis”
“Pas facile de trouver son style, surtout quand on est ado. Ça exige de bien se connaître et d’avoir confiance en soi. Et puis le style et la personnalité varient au fil des années et des rencontres. Au début, j’ai beaucoup regardé des humoristes comme Muriel Robin et des stand-upeurs américains comme Louis C.K., Aziz Ansari, Bill Burr, etc.
J’étais fan aussi des premiers youtubeurs : Le Joueur du grenier, Mathieu Sommet, Antoine Daniel… J’essayais de piquer leurs mimiques, leurs vannes. Ça a construit mon style, même s’il ne reste pas grand-chose d’eux au final. Si tu veux être drôle, pour commencer, n’aie pas peur de t’inspirer des personnes qui t’entourent (ta famille, tes amis, tes profs), des comédiens ou des humoristes que tu trouves drôles. Vole-leur des bouts d’eux !”
“Une idée géniale qui foire ? Pas grave !”
“Trouver un bon procédé comique, ce n’est pas facile… Pour un concept qui marche, j’en ai foiré une vingtaine ! Par exemple, sur TikTok, j’avais imaginé le génie foireux : au lieu de frotter une lampe à huile, je frottais une lampe de poche. Du coup, au lieu d’un génie stylé, j’obtenais un génie nul qui foirait tous mes vœux. Je trouvais le concept génial… mais ça n’a pas marché du tout ! Les followers ne trouvaient pas ça drôle.
Même aujourd’hui, alors que je suis connu, ça m’arrive de me planter encore. Sur YouTube, je viens de lancer un nouveau concept, Choc des générations, où je confronte des gens d’âges différents. Ça ne fait pas beaucoup de vues ? Pas grave ! J’en ai plusieurs autres qui ont cartonné comme Le Dr des Prénoms sur TikTok. D’ailleurs, les réseaux sociaux sont de bons laboratoires pour tester des blagues ou des idées comiques. Parce que c’est éphémère !”
“L’impro, une super formation !”
“Je ne prépare pas tout à l’avance ! Il y a aussi de l’improvisation… C’est une excellente formation ! Tu peux en faire en club, au conservatoire. Souvent, c’est ce qu’il y a de plus drôle. Ça permet de se défouler et de gagner en confiance en toi car ça t’oblige à tout lâcher ! Mais c’est aussi difficile à faire, car c’est de la répartie. Il faut savoir s’adapter pour rebondir au bon moment et avec justesse ! Dire des choses sans les prévoir, ça demande un lâcher-prise sincère, sans retenue. Pour certain(e)s, c’est comme un don.
Pour d’autres, ça se travaille, en écoutant et en regardant autour de soi… Par exemple, tes parents ont préparé dix valises pour partir en vacances en Bretagne… Et toi, tu demandes : pourquoi vous avez pris dix valises ? On va en Bretagne ! Il ne pleut jamais là-bas !”
“Rester sérieux quand tout le monde rit”
“Pour ne pas rire de tes propres blagues, il faut parvenir à rester concentré(e) : c’est le fait de demeurer sérieux qui est aussi très drôle. Moi, ça m’est arrivé de partir en fou rire, bien sûr… mais c’était en répétition ! C’est là que je sens si le sketch est bon. C’est magique. Si ça te fait rire toi, alors ça fera rire tout le monde !”
Retrouve Roman Doduik sur scène. Dans un one-man-show bluffant, le jeune homme de 24 ans balance sur les ados et leurs parents, sans tabou, mais avec tendresse. Tout y passe : Pronote, la friend zone, les coulisses des réseaux sociaux, etc. Tu peux y traîner tes parents qui apprendront des tas de trucs sur toi… et vice-versa ! ADOrable, en tournée en France jusqu’à fin juin 2023 (réservation sur romandoduik.com)
“Comment devenir drôle ? Les bons tuyaux de Roman Doduik”, article extrait du magazine Okapi n°1175, 1er avril 2023. Texte : Sandrine Pouverreau. Photos : Bertrand Desprez. Illustrations : Dab’s, Yomgui Dumont, Giovanni Jouzeau.
Podcast Ma vie d’ado : les ados et le rire
“Le jour où on a bien rigolé (quoique)”
Dans l’épisode “Victime (ou bourreau) du 1er avril !” de Ma vie d’ado, tu vas écouter les meilleurs pranks organisés (ou subis) par des ados. Drôle ? Oui ! Enfin, si ça se termine bien !
Plus de 100 épisodes sont actuellement disponibles sur le site d’Okapi et sur toutes les plateformes d’écoute.
Nouveau : “Ma vie d’ado au collège“
Après son célèbre “Ma Vie d’ado”, le magazine Okapi lance un second podcast, “Ma vie d’ado au collège“, réalisé par des collégiens et des collégiennes, des journalistes et des enseignant·e·s dans toute la France ! Dans l’émission “La salle des profs”, ils interviewent des enseignants sur leurs vies, leurs secrets… Et dans “Les débats”, les ados donnent leur avis sur ce qu’ils vivent en classe (notes, triche, brevet, cours d’EMI…).
Écouter les épisodes de “Ma vie d’ado au collège” – “La salle des profs“
Écouter les épisodes de “Ma vie d’ado au collège” – “Les débats“