La Toussaint est un moment particulier où l’on prend le temps de se souvenir des êtres que l’on a perdus. Comment faire face à une telle perte et au chagrin ? Comment l’accepter ? Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des 10-14 ans, aide nos ados à traverser l’épreuve du deuil.
© Illustration : PrincessH. Okapi n°1209.

Perte d’un être cher : comment accompagner un ado ?

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La Toussaint est un moment particulier où l’on prend le temps de se souvenir des êtres que l’on a perdus. Comment faire face à une telle perte et au chagrin ? Comment l’accepter ? Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des 10-14 ans, aide nos ados à traverser l’épreuve du deuil.

Nous vous invitons à lire avec votre enfant l’article « J’ai perdu un être cher, comment vivre mon deuil ? » tiré de la rubrique “On se dit tout” d’Okapi. Ensemble, vous pourrez aborder ce sujet sensible et aider votre adolescent(e) à exprimer ses émotions.

Deuil : des collégien(ne)s témoignent dans Okapi

« Je déprime un peu et je pleure beaucoup, car ma chatte (Chips) de 17 ans est malade. Chips a été acquise par mes parents avant ma naissance, donc je n’ai jamais connu ma maison sans elle. Je sens bien qu’elle est en fin de vie, elle a du mal à marcher et à manger, ne bouge plus beaucoup, sa respiration est rauque… J’ai peur de la voir partir car je n’imagine pas ma vie sans elle, pouvez-vous m’aider à aller mieux ? » Capucine, 13 ans

« Depuis la mort de mon père, je suis tout le temps triste. Je ne parle avec personne et je ne sais quoi faire. Ma mère n’est pas au courant et je ne veux pas lui dire ! » Anonyme (fille), 13 ans

« J’ai perdu mon chat l’année dernière, mais je pense encore beaucoup à lui. Comme on ne connaît pas la cause exacte de sa mort, c’est plus dur à accepter. J’ai enterré une petite boîte dans le jardin avec ses poils et d’autres souvenirs. Et je parle de lui à mes autres chats, ça m’aide à garder les bons souvenirs. » Aristide, 11 ans

« Ma meilleure amie a perdu sa maman l’année dernière. On en parle souvent et je sens que ça lui fait du bien. » Arielle, 12 ans.

« Quand on est triste, on a tendance à vouloir s’isoler. Quand j’ai perdu mon grand-père, je n’avais plus envie de parler à personne. Mais, petit à petit, c’est revenu et maintenant je vais mieux. » Théo, 13 ans.

Tu n’arrives pas à accepter la perte d’un être cher ?

Le deuil est un cheminement intérieur qui te fait passer par plein d’émotions différentes. Lorsque tu apprends la mort d’un être proche, la première réaction est la sidération. Tu es sous le choc et tu refuses souvent d’accepter cette disparition. Cela te protège, dans un premier temps, de la douleur. Petit à petit, le déni laisse place, parfois, à la colère : tu cherches un responsable… Puis vient la tristesse : le chagrin que tu ressens est parfois vertigineux, mais il est nécessaire, il va te permettre ensuite de cicatriser. Et avec le temps, tu vas apprivoiser l’absence, et les émotions fortes vont doucement s’apaiser.

Tu as l’impression que ça n’ira jamais mieux ?

Le chemin du deuil n’est pas une ligne droite. On le compare souvent à une empreinte digitale, tant il est unique pour chaque individu. Certains événements ou anniversaires peuvent raviver la tristesse ou redéclencher une tempête d’émotions, et c’est normal. Il faut du temps et parfois quelques retours en arrière pour parvenir à faire la paix avec l’absence d’un être cher. Aller mieux ne signifie pas oublier l’autre. Faire son deuil, c’est garder une place pour cette personne à l’intérieur de soi. La relation ne s’arrête pas vraiment, elle évolue. On honore les morts en vivant notre vie du mieux possible.

Tu n’arrives pas à en parler avec tes proches ?

À l’adolescence, il est plus difficile d’exprimer sa douleur, car tu traverses déjà un deuil symbolique : celui de l’enfance. Tu préfères souvent enfouir ta peine plutôt que de montrer ta vulnérabilité aux autres. De plus, tu peux craindre d’inquiéter tes proches, qui souffrent peut-être aussi de ce deuil. Pourtant, c’est en mettant des mots sur ta souffrance et en racontant les événements que ton cerveau va intégrer le changement et surmonter la perte de repères.

Tu as du mal à te concentrer ?

C’est un effet secondaire dont on parle trop peu. Des chercheurs ont montré que les souvenirs envahissants et le sentiment de culpabilité liés au deuil peuvent perturber la concentration et gêner la mémoire. Ces difficultés d’apprentissage sont temporaires, mais elles ne doivent pas bouleverser ta scolarité. Si tes notes baissent et que tu as du mal à travailler, parle à ton/ta prof principal(e). L’équipe pédagogique doit être informée de ta situation. L’idée n’est pas de te traiter différemment des autres, mais d’ajuster certains exercices ou de te donner un peu plus de temps pour finir un contrôle, par exemple.

Des chercheurs ont montré que les souvenirs envahissants et le sentiment de culpabilité liés au deuil peuvent perturber la concentration et gêner la mémoire. Ces difficultés d’apprentissage sont temporaires, mais elles ne doivent pas bouleverser la scolarité d'un(e) adolescent(e).

Tes potes ne te comprennent pas ?

Tu as la sensation que tes ami(e)s font tout pour ne pas aborder LE sujet qui occupe la plupart de tes pensées. La mort fait peur, et la plupart des gens ne sont pas à l’aise pour en parler. Si tu as l’impression de ne pas être suffisamment écouté(e), tourne-toi vers une association spécialisée dans l’accompagnement au deuil. Il en existe, comme Empreintes (lire ci-dessous), qui organisent des groupes de parole pour ados. L’objectif est de partager ton expérience avec d’autres jeunes qui vivent aussi un deuil pour vous aider à trouver de nouvelles ressources.

Comment aider un(e) ami(e) qui traverse un deuil ?

Caroline Witschger, psychologue et coordinatrice d’Empreintes, une association qui accompagne les personnes traversant une période de deuil :

« Il n’y a rien de mal à poser des questions à quelqu’un qui traverse un deuil. Les personnes endeuillées ont besoin de raconter leur histoire, c’est ce qui les aide à accepter la réalité de l’absence. Le monde de ton ami(e) est sûrement bouleversé, et il/elle a besoin de retrouver des repères. Ta présence lui sera d’un grand réconfort. Par contre, évite les maladresses et les phrases toutes faites du type “ça passera ” ou “il faut que tu tournes la page“. Essaye plutôt de l’écouter attentivement et de valider ses émotions en les nommant. S’il/elle pleure, laisse-le/la pleurer, s’il/elle est en colère laisse-le/la vivre sa colère. S’il/elle ne veut pas sortir, ne le/la force pas. »

Trois films animés pour apprivoiser la mort à l’adolescence

Là-haut
Carl, un retraité grincheux, a perdu l’amour de sa vie, Ellie. Il décide alors d’attacher sa maison à des ballons pour réaliser le voyage qu’ils rêvaient de faire ensemble. Preuve que le deuil peut aussi nous inciter à profiter pleinement de la vie.

Coco
À 12 ans, Coco est propulsé dans le monde des morts. Contre toute attente, c’est un royaume joyeux et coloré, peuplé de squelettes hilarants. Au fil de ses rencontres, il comprend l’importance d’honorer la mémoire des défunts.

Soul
Jo, un professeur de musique passionné, se retrouve par accident dans l’au-delà après un tragique événement. Dans ce monde surprenant, il apprend à apprécier les petites choses de la vie et à donner du sens à son “existence”.

La rubrique “On se dit tout” du magazine Okapi

Rubrique “On se dit tout” du magazine Okapi.

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Votre ado se pose des questions sur ses amitiés, ses amours, sa famille, son corps, ses passions, ses émotions, son avenir… Dans la rubrique “On se dit tout”, nos journalistes experts, Olivia et Jonathan, lui répondent. Pour leur écrire : par mail à okapi@groupebayard.com ou par courrier postal à Okapi, 18 rue Barbès, 92128 Montrouge Cedex.
Illustration : Laure Cacouault.

« J’ai perdu un être cher, comment vivre mon deuil ? », article extrait du magazine Okapi n°1209, 1er novembre 2024. En vente en kiosque et par abonnement. Texte : Olivia Villamy. Illustration : PrincessH.