© Illustrations : Colonel Moutarde. Okapi n°1221.

Peur de grandir : comment donner confiance à nos ados ?

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Devenir grand n’est plus un horizon si lointain quand on a 12 ou 13 ans. Mais pour certain(e)s, il est angoissant de devoir quitter l’enfance… Dans ce moment de la vie, les parents ont un rôle clé à jouer pour mettre leurs ados en confiance. Okapi, le magazine Bayard Jeunesse des collégien(ne)s, est à vos côtés pour les conseiller et les accompagner.

Parmi l’abondant courrier que reçoit Okapi tout au long de l’année, les messages évoquant la peur de grandir se font plus fréquents en cette période printanière où l’année scolaire entre dans sa dernière ligne droite et où, déjà, nos ados se projettent sur la suivante. « J’ai peur de la seconde, j’aimerais rester petite, jeune et insouciante. J’ai peur de ne pas me faire d’amies et de ne pas réussir à m’intégrer », s’inquiète une lectrice de 3e. « Grandir me déprime, et je préférerais retourner à la primaire, à l’âge où l’on est insouciant… Avez-vous une solution, s’il vous plaît ? », lui fait écho un lecteur de 13 ans.

Une solution pour redevenir petit ? Pas vraiment hélas ! Mais Okapi tend la main à ces adolescent(e)s un peu perdu(e)s, en leur délivrant des conseils rassurants. Le message : grandir, même dans un monde compliqué, peut se révéler une belle aventure ! Prendre de l’âge, c’est gagner en responsabilité, en autonomie, apprendre à reconnaître ce qui est essentiel pour soi… Cela peut faire peur, oui, et quoi de plus normal. Mais cela offre de formidables sensations de liberté, comme le confie Tessa, lycéenne de 16 ans qu’Okapi a interrogée. « Au collège, j’avais peur du passage au lycée, mais en réalité, c’est génial de grandir ! Il y a moins de gamineries et d’embrouilles, et le rapport entre les garçons et les filles évolue : on forme des bandes, c’est plus amusant. Cerise sur le gâteau, ma mère me laisse plus de liberté, et on s’entend mieux ! »

Quelle joie, cette dernière phrase ! Car pour les parents aussi, cette étape de la vie où l’on voit son « bébé » devenir une grande personne traversée par des angoisses qu’on n’avait pas vu venir, peut aussi avoir un caractère déstabilisant. Plusieurs font part de leur incompréhension dans des courriers à Okapi, parce que nous abordons des sujets qui leur semblent éloignés, encore, des préoccupations de leur enfant… Vraiment ?

Bien sûr, à 12 ou 13 ans, il faut leur permettre de demeurer des enfants autant qu’ils ou elles le souhaitent, et ne pas les empêcher de s’amuser « comme autrefois ». Cette part de leur vie est essentielle. Pourtant, ils viennent aussi de passer une ou deux années au collège, là où se vivent, à la récréation, à la pause méridienne, un tas d’expériences que, souvent, nous ne soupçonnons pas. Les nombreuses questions que reçoit la rédaction en sont révélatrices : beaucoup cherchent des repères et/ou des conseils sur la sexualité et ses représentations, l’utilisation des écrans et celle des réseaux sociaux, les déceptions cruelles en amitié ou en amour, les prises de bec à l’intérieur de la famille… Et beaucoup aussi se terminent par « la peur d’en parler aux parents », perçus comme ceux qui posent des limites contraignantes.

Comme la maman de Tessa, les parents sont d’abord là pour rassurer, sécuriser, mais aussi faire confiance à leur enfant et lui inculquer cette confiance en acceptant de le/la voir grandir et voler de ses propres ailes. Même si l’âge moyen du départ du foyer – 23 ans pour les filles, plus de 24 ans pour les garçons – est loin encore de celui des lecteurs d’Okapi, cela reste la meilleure façon de bien les accompagner. Et cela, dès le collège !

Jean-Yves Dana, rédacteur en chef d’Okapi

« Devenir adulte, ça me fait peur ! »

Plusieurs d’entre vous écrivent à la rédaction d’Okapi pour confier leur appréhension à l’idée de grandir. Pour vous, cela reviendrait à perdre son insouciance, à ne plus pouvoir s’amuser comme avant… On vous explique, dans notre rubrique « On se dit tout » du n° 1221 (1er mai 2025), pourquoi grandir est (aussi) une aventure extraordinaire.

Pourquoi ça fait peur ?

Grandir signifie prendre des responsabilités, faire des choix, s’affirmer. Cette transition peut sembler effrayante car elle marque la fin de l’enfance et, c’est vrai, d’une forme d’insouciance. En grandissant, on se confronte aux grandes questions de l’existence. Ça donne parfois le tournis, mais les choses se feront progressivement : tu ne deviendras pas adulte du jour au lendemain. Donc, pas de panique !

Peut-on arrêter de grandir ?

Eh non, personne ne peut arrêter le temps dans la vraie vie ! Tu vas grandir, puis vieillir, mais d’ici là, tu as beaucoup de temps devant toi. Autant l’accepter et en tirer le meilleur. Grandir, c’est une aventure excitante et enrichissante. Peu à peu, tu vas gagner en autonomie et décider de la personne que tu veux devenir. Tu apprendras à te débrouiller sans l’aide constante de tes parents ou de tes profs.

Chaque âge a ses plaisirs

C’est une expression populaire que tu as peut-être déjà entendue : vivre, c’est apprendre à savourer chaque étape de la vie. Spoiler : il y a toujours des avantages et des inconvénients. Pendant l’enfance, tes parents décident de tout (ou presque) pour toi. À l’adolescence, tu acquiers peu à peu de l’autonomie, mais tu es encore sous l’autorité parentale, ce qui peut générer des conflits. À l’âge adulte, tu voles de tes propres ailes, mais tu as aussi bien plus de responsabilités.

C’est normal d’éprouver de la nostalgie

La nostalgie est un sentiment étrange que tout le monde finit par ressentir. Repenser avec tendresse aux moments heureux de l’enfance, en éprouvant une certaine tristesse parce que ces jours-là sont passés, c’est aussi un signe que l’on avance dans la vie. Ce léger vague à l’âme est normal, surtout à l’adolescence. Mais plutôt que de les ruminer, autant se nourrir de ces beaux instants du passé pour se réjouir de l’avenir…

Cultiver sa part d’enfance

Grandir ne signifie pas renoncer aux plaisirs de l’enfance ni, surtout pas, devenir quelqu’un d’autre. Beaucoup puisent dans leur enfance l’inspiration nécessaire pour devenir l’adulte dont ils ou elles ont rêvé. Si tu aimes la musique, tu pourrais en faire ton métier, non ? Et si tu préfères les jeux de construction, pourquoi ne pas t’imaginer architecte ? Bref, tu peux continuer à “jouer” à n’importe quel âge en accordant ta passion et ta future profession. Et si la vie en décide autrement, tu peux aussi continuer sans cesse à cultiver ce que tu aimes. C’est avant tout une question d’état d’esprit !

« Cher/chère Moi adulte ! »… Écris à l’adulte que tu seras demain

Pour cette activité, imagine-toi dans quelques années, dans ta vie future : quel(le) adulte es-tu devenu(e) ? Que fais-tu au quotidien ? Quels rêves as-tu réalisés… ? Écris une lettre à cet(te) adulte-là, en parlant de ce que tu aimerais accomplir, des valeurs que tu veux incarner, des objectifs que tu aimerais atteindre. Essaie de décrire cette version de toi de manière positive, comme si tu étais déjà fier(ère) de ce que tu as accompli. Cela t’aidera à mieux accepter les changements des prochaines années ! Si tu le souhaites, envoie cette lettre à la rédaction d’Okapi : nous pourrions, pourquoi pas, publier les plus belles dans une enquête, prochainement !

Témoignages d’adolescent(e)s

« Parfois, quand je repense à la primaire, je me sens nostalgique. Mais j’ai de la chance, parce que ma vie maintenant est encore mieux. » Lucas, 14 ans
« Moi aussi, j’ai peur de grandir, mais c’est surtout parce que j’ai peur de perdre mes amies. Je n’ai pas envie qu’on change et qu’on s’éloigne. » Inès, 13 ans
« Je suis en 3e et j’ai peur de grandir trop vite. J’ai peur de la seconde, j’aimerais rester petite, jeune et insouciante. J’ai peur de ne pas me faire d’amies et de ne pas réussir à m’intégrer. Que puis-je faire ? » Anonyme
« Je n’ai pas envie de grandir ou, plutôt, pas le courage. Je ne voudrais pas changer, et puis que va-t-il se passer plus tard ? Ce n’est même pas sûr que j’aie un boulot. » Maïa
« Grandir me déprime, et je préférerais ne pas grandir ou même retourner à la primaire, à l’âge où l’on est insouciant… Avez-vous une solution, s’il vous plaît ? » Anonyme, 13 ans

Tessa, lycéenne de 16 ans : « C’est cool d’être grande »
« Au collège, j’avais peur du passage au lycée, mais en réalité, c’est génial de grandir ! La relation avec les profs change : ils nous font davantage confiance. Le midi, je suis libre d’aller à la cantine ou non. Avec les spécialités, on change souvent de classe, ce qui permet de rencontrer plus de monde. J’ai l’impression d’avoir plusieurs groupes d’ami(e)s. Il y a moins de gamineries et d’embrouilles qu’au collège, et le rapport entre les garçons et les filles évolue : on forme des bandes, c’est plus amusant. Cerise sur le gâteau, ma mère me laisse plus de liberté, et on s’entend mieux !”

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« Devenir adulte, ça me fait peur ! », article extrait du magazine Okapi n° 1221, 1er mai. Texte : Olivia Villamy. Illustrations : Colonel Moutarde.

Couverture du magazine Okapi n° 1221, 1er mai 2025.