Une fille est aujourd’hui bien plus critiquée sur son poids, sa coupe de cheveux, ses vêtements ou son attitude qu’un garçon. Okapi, le magazine des 10-15 ans, se penche sur les stéréotypes tenaces qui empoisonnent le quotidien de nombreuses adolescentes. Un article à télécharger et à partager…
Des adolescentes témoignent dans Okapi…
Article extrait de la rubrique “On se dit tout” du magazine Okapi n°1195 du 1er mars 2024
- Quand un garçon adopte un comportement de “racaille”, ça passe. Mais pourquoi juge-t-on une fille qui agit de la même manière ? Pourquoi les filles bruyantes dérangent-elles davantage que les garçons ? Yasmine, 14 ans
- J’ai remarqué que le règlement du collège semble cibler uniquement les tenues des filles. Il interdit les shorts au-dessus du genou ou les débardeurs, mais les garçons n’en portent pas. Est-ce juste ? Anonyme
- Pourquoi critique-t-on une fille lorsqu’elle est “trop“ maquillée ou porte des vêtements provocants, alors qu’on laisse les garçons baisser leur pantalon pour s’amuser ? Apolline, 14 ans
- Pourquoi, au collège, les garçons se sentent-ils plus libres de faire des commentaires sur l’apparence des filles que l’inverse ? Capucine, 13 ans
Des stéréotypes à la peau dure
“Les filles jouent à la Barbie et les garçons au foot. Elles aiment le rose, ils aiment le bleu. Elles excellent en français, ils sont forts en maths…” Tu as sûrement déjà entendu ces clichés qui ont la vie dure ? Notre dossier sur les métiers d’hommes et métiers de femmes permet de comprendre à quel point il est difficile de les combattre (à lire dans n°1095). Problème : ces stéréotypes nous enferment dans des cases. Ils empoisonnent particulièrement le quotidien des filles, dès le collège et l’arrivée de la puberté. Selon un sondage paru en 2022 (sondage CSA réalisé pour Milan Presse), 36 % des collégiennes ont déjà été victimes ou témoins de moqueries sexistes. Et un tiers des jeunes filles interrogées déclarent ne pas agir librement, par peur des réactions que leur comportement pourrait susciter !
Les filles, le poids des apparences et l’éducation…
Ces stéréotypes sont présents dès le berceau. Souvent de manière inconsciente, les parents ont tendance à éduquer leurs filles et leurs garçons de manière différente. Les garçons sont encouragés à la virilité. On leur inculque, par exemple, qu’il faut réprimer leurs émotions, et on ne les encourage pas vraiment à faire attention aux autres. En revanche, on pousse les petites filles à adopter des comportements féminins : être propres, douces et polies, tout en limitant leurs prises d’initiatives. Une différence de traitement souvent intériorisée par les enfants, qui va participer à renforcer les inégalités entre les sexes à l’âge adulte.
Le combat autour des vêtements
Si la question est revenue en force avec le débat sur les crop-tops, elle n’est pas récente. En France, le droit pour les femmes de porter des pantalons a été officiellement reconnu en… 2013 ! Un décret de 1800 obligeait les femmes à demander une autorisation de la préfecture de police pour porter cet accoutrement jugé… obscène ! Heureusement, cela n’a pas empêché les femmes de porter librement des pantalons depuis les années 1960. À la même époque, la mini-jupe a aussi suscité de vifs débats. Symbole de liberté et d’émancipation pour les jeunes filles qui la portent, elle est qualifiée d’indécente par ses détracteurs car elle dévoile les genoux.
Les règlements à la traîne ?
Au collège, les règles sont un peu différentes. Dans son règlement intérieur, chaque établissement (en accord avec le rectorat) peut donner sa définition d’une “tenue correcte”. Le plus souvent, les filles se voient interdire le port de shorts, de débardeurs ou de crop-tops. Parfois, même les joggings sont interdits. Tout cela suscite beaucoup de débats et quelques révoltes ! En effet, les filles considèrent que les garçons sont moins stigmatisés et peuvent se permettre plus de choses en termes vestimentaires. Comme porter un short quand il fait très chaud, chose qu’elles ne peuvent faire.
Le culte de l’apparence
L’apparence physique a toujours eu beaucoup d’importance dans nos sociétés. Déjà, dans l’Antiquité, la beauté constituait un idéal à atteindre. Les siècles ont passé, mais peu de choses ont évolué. À l’ère des réseaux sociaux, le culte de la beauté semble s’intensifier, mettant surtout une pression accrue sur… les femmes !
Jeunes, minces, féconds et sans imperfections… les corps féminins sont scrutés à la loupe, ce qui peut entraîner des troubles psychiques et alimentaires. Heureusement, certains mouvements tentent de contrer cette tendance. L’arrivée des mannequins “plus size” et le mouvement “body positivite”, par exemple, militent pour l’acceptation de toutes les morphologies… mais le chemin est encore long !
Conseils de psy : “Que faire si on critique ouvertement mon physique ?”
Les conseils de Sophie Braun, psychanalyste.
Quand tu te sens attaquée, tu as envie de riposter ! C’est normal, ton égo est touché. Pourtant, derrière chaque critique se cache souvent un problème d’amour-propre. Celui/celle qui critique tente, tant bien que mal, de se revaloriser parce qu’il/elle se sent mal dans sa peau. Et en dénigrant l’autre, il/elle cherche à se rassurer sur sa propre image. D’ailleurs, il/elle cible le plus souvent son attaque sur ce qu’il/elle n’accepte pas de lui/elle-même ! Une fois que l’on prend conscience de ça, on devient moins vulnérable face aux critiques. Non ?
3 questions à Ely Killeuse, influenceuse body positive : “Il faut s’accepter comme on est”
Pourquoi as-tu eu envie de t’engager dans le body positive ?
EK : Parce que c’est un mouvement qui nous apprend à nous aimer tel(le)s que nous sommes. Je suis plus ronde que la norme, et plus on verra des personnes comme moi, plus cela deviendra normal.
Pourquoi les filles subissent une telle pression ?
EK : On vit encore dans une société patriarcale, où les hommes fixent les normes. On attend des femmes qu’elles soient belles et des hommes qu’ils soient forts et intelligents. Heureusement, ça évolue !
Justement, qu’est-ce qu’on peut faire pour changer les mentalités ?
EK : Choisir des vêtements que l’on aime, dans lesquels on se sent bien. Oser jouer avec les couleurs et ne pas se cacher. En montrant l’exemple, on s’affranchit des règles !
- Écris à Olivia et Jonathan : Tu te poses des tas de questions sur tes amitiés, tes amours, ta famille, ton corps, tes passions, tes émotions, ton avenir… sur la vie, quoi ! Dans chaque numéro, nos journalistes experts, Olivia et Jonathan, te répondent. Pour leur écrire : par mail à okapi@groupebayard.com ou par courrier postal à Okapi, 18 rue Barbès, 92128 Montrouge Cedex.