C’est un grand classique de l’enfance : la peur du noir est en effet une des choses les plus répandues qui soient chez les petits. Voici quelques astuces pour mieux la comprendre et savoir comment y répondre.
La nuit est tombée, les enfants sont couchés et, tout à coup, ce sont des petits pieds qu’on entend résonner sur le parquet. Puis une tête dans l’embrasure de la porte du salon : « J’ai peur du noir… » Ce scénario, nous sommes nombreux à l’avoir vécu. Et, soyons clairs, il n’a rien de très original. « La peur du noir est très partagée », confirme Stéphanie Couturier, psychomotricienne et sophrologue, autrice de Mon enfant inquiet, aider son enfant à dompter ses peurs (éditions Marabout) et de Violette a peur du noir (éditions Gründ). Et de décrypter : « Cette peur symbolise le passage de l’extériorité à l’intériorité. Alors que le jour, tout a une forme, une couleur, dans le monde de la nuit, les repères visuels sont gommés. D’autres sens, comme l’ouïe, prennent le dessus. »
Comment apprivoiser les bruits de la nuit ?
Chez Stéphane et Sonia, c’est tous les soirs la même sérénade. Leur fille Elsa, 4 ans et demi, déboule régulièrement dans le salon, un quart d’heure après être couchée. « Les bruits de la nuit la terrifient », confirment-ils. Grincements et craquements sont en effet amplifiés dans le silence nocturne. Stéphanie Couturier conseille de s’allonger avec son enfant sur son lit : « dès qu’il y a un son, on lève le doigt et on le décrypte », propose-t-elle.
Pour les plus jeunes, elle conseille l’album de Kitty Crowther Scritch scratch dip clapote ! (éditions L’école des loisirs) dans lequel, justement, une famille grenouille utilise cette astuce. Avec les plus grands, l’humour peut être une bonne arme tout en stimulant la créativité : ce bruit bizarre, ce ne serait pas le dragon du voisin qui a mal aux dents ?
Des objets peuvent également venir en rempart aux petites frayeurs. Lucile, mère de Léon, 5 ans, a opté pour une veilleuse. Stéphanie Couturier elle, utilise avec son fils de deux ans, une peluche en forme de loutre qui joue une petite musique ou imite les bruits de la respiration. « Cela permet aux sens de s’assoupir », note-t-elle.
Le soir, l’angoisse des petits est bien réelle
Une chose est sûre : cela ne sert à rien de balayer ces peurs d’un revers de main, sur l’air du « mais non, tout va bien, il n’y a rien ». Car l’angoisse des petits, est, elle, bien réelle. Avec l’obscurité, Juliette, 4 ans, voit ainsi des formes étranges émerger dans sa chambre. Parfois une sorcière, d’autres fois un loup. Stéphanie Couturier recommande de prendre le temps du dialogue : « Les sorcières ou les monstres que tu as vus dans les livres ou dans les dessins animés peuvent venir t’embêter dans ta tête et dans ton cœur. »
Pour ceux chez qui l’inquiétude est forte, elle conseille de dessiner le superhéros qui protégera l’enfant pendant la nuit, d’écrire ses pouvoirs puis de plastifier la feuille et de l’accrocher. Elle partage également la solution mise en place par sa belle-mère quand, son mari, alors petit garçon, se plaignait des loups qui venaient dans sa chambre. Celle-ci admettait ne pas les voir et demandait à son fils de lui indiquer leur emplacement. Elle faisait alors mine de les attraper par la peau du dos et les jetait dehors en disant : « Maintenant, vous laissez mon fils tranquille ». Un cocktail de sérieux dans la prise en considération de la situation et d’humour dans sa gestion que la psychomotricienne et sophrologue juge efficace. « Plus on prend la peur de son enfant en compte, moins il y en aura par la suite », estime-t-elle.
Texte : Joséphine Lebard
“L’étoile d’Adélidélo”, une grande histoire du magazine Pomme d’Api à écouter pour avoir moins peur du noir
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