Depuis plusieurs années, la notion d’« éducation bienveillante » est partout. Mais qu’y a-t-il derrière ces mots ? Et peut-on être trop bienveillant avec son enfant ? Le magazine Popi vous aide à y voir clair dans son supplément pour les parents !
« Bienveillance », un mot trompeur ?
Trop souvent, l’éducation dite « bienveillante » ou « positive » est mal comprise, comme si un parent bienveillant était un parent qui dit oui à tout, évite à son enfant toute contrariété, devance ses désirs, lui aplanit les obstacles, se sent coupable du moindre pleur… Ce n’est pas ça ! Laisser croire à l’enfant que ses parents sont à son service exclusif, que leur temps, et leur espace ne leur appartiennent plus, qu’aucune règle ne vaut pour lui… ce n’est bienveillant ni pour l’enfant ni pour les parents !
Éducation : des règles qui font du bien
Bien sûr, nous devons tenir compte du développement cognitif de l’enfant : on ne peut pas attendre d’un petit de 18 mois la même chose que d’un enfant de 3 ans. À tout âge, on peut essayer de comprendre ce qui le heurte, le met en colère, le frustre… Passer par les mots l’aidera à expliquer ce qu’il ressent. Les parents sont là pour accompagner la découverte de soi, du monde et de l’autre, mais cela va avec un cadre (et donc des limites !) que l’on pose, et qui vaut pour tous : ne pas se mettre en danger, respecter les lois sociales et respecter l’autre. C’est rassurant pour l’enfant, et quand on est convaincu des bienfaits de ce cadre, tout va mieux !
Quels signes pour savoir qu’un enfant et ses parents vont bien… ou pas ?
Un tout-petit va bien quand…
1• Il peut jouer tout seul tranquillement.
2• Ses colères ne s’éternisent pas et ne sont pas à répétition.
3• Il est consolable, même lors des séparations.
4• Il est confiant dans ses explorations.
Côté enfant, à l’« âge Popi », le signal passe au rouge quand…
1• Il ne supporte aucun refus, aucune contrariété.
2• Il crie beaucoup, se met très souvent en colère.
3• Il ne s’endort jamais tout seul (se coucher et s’endormir, ce n’est pas la même chose !).
4• Les repas et autres moments passés ensemble ne sont pas sereins.
Cela arrive dans toutes les familles ! Mais le plus souvent, c’est passager. Cela devient problématique lorsque ça s’éternise.
Côté parent, autant tirer la sonnette d’alarme quand…
1• On culpabilise sur tous les plans.
2• On a le sentiment permanent d’être épuisé.
3• On angoisse quand approche l’heure du coucher.
4• On sent que le couple parental se fragilise.
Dans ces cas-là, tournez-vous vers un professionnel (médecin, psychologue…). Il suffit parfois de quelques séances pour débloquer une situation et… ça change la vie !
Témoignage : « J’avais l’impression de faire tout ce qu’il fallait et pourtant, je constatais que ça ne marchait pas, alors je culpabilisais »
Florence a deux filles, âgées aujourd’hui de 10 et 8 ans. Jeune maman, elle a voulu « bien faire », mais rien ne s’est passé comme elle l’imaginait…
« Quand nous sommes devenus parents, ni mon mari ni moi ne voulions reproduire le modèle de nos propres parents : dans nos souvenirs, mettre des limites à un enfant, c’était lui faire violence. J’ai alors lu des livres d’éducation positive et ça m’a enthousiasmée. J’ai appliqué les recettes à la lettre, en tout cas telles que je les avais comprises ! Je disais oui à tout, j’étais au service de mes enfants, je ne posais pas d’interdits mais expliquais les choses positivement : “Sur le passage piéton, on marche” plutôt que “On ne court pas”.
Au début, ça allait à peu près, puis c’est devenu très difficile. Nos filles nous sollicitaient tout le temps, ne savaient pas s’occuper seules, ne supportaient aucun refus, faisaient des crises de colère, me tapaient… Je me forçais à faire avec elles des activités dont je n’avais aucune envie. J’étais dans une position sacrificielle, et peu à peu, je me suis étiolée. Mes filles, elles, devenaient antipathiques avec tout le monde. J’avais l’impression de faire tout ce qu’il fallait et pourtant, je constatais que ça ne marchait pas, alors je culpabilisais.
J’ai fait un burn-out parental, et j’ai compris que je m’étais trompée ! Mon rôle de mère n’était pas de tout leur passer, mais de leur permettre de trouver plus tard leur place dans la société. Nos filles manquaient de limites, et ça les angoissait terriblement. Il nous fallait poser un cadre ferme, oser dire non, sans nous perdre en justifications. Je sais aujourd’hui qu’on peut le faire avec bienveillance. »
- À lire pour aller plus loin Éducation positive : une question d’équilibre ? Marie Chetrit, Solar Éditions 2021.