En troisième, le stage en entreprise est l’un des moments forts de l’année ! Pour aider les collégiennes et les collégiens à en faire une expérience enrichissante, le magazine Okapi les conseille et les invite à se poser les bonnes questions, si possible bien plus tôt qu’en 3e…
Bien anticiper son stage de troisième avec Okapi
Jean-Yves Dana, rédacteur en chef du magazine Okapi
En cette rentrée 2023-2024, le stage obligatoire en entreprise pour les élèves de troisième atteint l’âge de la majorité. Dix-huit ans ! Généralisée à partir de 2005 dans tous les collèges de France, cette mesure avait vu le jour vingt ans plus tôt, à l’initiative d’une professeure de technologie, pour que ses propres élèves aient très tôt un aperçu du monde professionnel et évitent ainsi de mauvais choix de carrière.
D’abord accueillie avec prudence par les parents et le monde enseignant, son idée a germé, prospéré, et fait désormais partie du parcours balisé de tous les élèves de collège. Ici, pourtant, majorité ne veut pas forcément dire maturité… Depuis sa généralisation, le stage de 3e obligatoire s’assimile hélas trop fréquemment à un parcours du combattant pour les élèves en quête d’une entreprise accueillante au cours d’une semaine – imposée par leur établissement – où la concurrence est forte : le plus souvent en fin de trimestre ou juste avant des vacances, là où cela dérange le moins les enseignants. D’où l’obligation, pour beaucoup, de se rabattre sur l’entreprise où travaille un parent ou un membre de sa famille, sans souci au fond que l’expérience l’intéresse vraiment. Au moins, l’obligation de stage, elle, est respectée.
Quel dommage et, au fond, quel gâchis ! Okapi, dans son numéro daté du 15 octobre, invite donc les collégiennes et collégiens à se poser les bonnes questions sur le stage qu’ils/elles veulent faire et la bonne façon de l’aborder. Et à se les poser si possible bien plus tôt qu’en troisième ! Une check-list et des conseils les aideront à y voir plus clair… Car quelle aventure que cette semaine de stage ! Un moment hors du temps “normal“ et qui, s’il se passe bien, peut demeurer à jamais inoubliable !
Le stage constitue souvent la première ouverture vers le monde extérieur, la première confrontation avec des adultes disposés à expliquer ce qu’ils/elles font, à transmettre un peu de leur passion dès lors que l’on sait se montrer curieux. Car la curiosité est bien le maître-mot d’un stage réussi…
Pour traduire tout cela, l’enquête d’Okapi évite le piège de la parole trop descendante, et choisit plutôt de donner la parole à plusieurs anciens stagiaires qui ont récemment tiré profit de leur expérience. Ils/elles confient avec un mélange d’humour et de sincérité ce que le stage leur a appris, autant sur le métier découvert que sur eux-mêmes lorsqu’ils se trouvent plongés dans un monde inconnu. Leur savoir-être, leur capacité à prendre des initiatives, à demander à faire des choses, à rencontrer des gens. Bref, à être curieux.
Certains ont constaté que rien n’était simple dans la vraie vie, d’autres ont eu une sorte de révélation en découvrant, par exemple, la force du collectif, d’autres encore ont compris que le métier dont ils rêvaient n’était peut-être pas forcément fait pour eux… Une lecture riche d’enseignement pour toutes et tous, à tous les âges… Et un magnifique sujet de conversation à suivre en famille !
Lire l’intégralité de l’article extrait du magazine Okapi
“Ce que mon stage m’a appris”, article extrait du magazine Okapi n°1186, 15 octobre 2023, en kiosque dès le 4 octobre. À lire aussi ci-dessous :
4 pistes du magazine Okapi pour trouver un stage de 3e
★ Pour t’ouvrir de nouveaux horizons, évite l’entreprise de tes parents. Mise plutôt sur le réseau de leurs amis, ou de tes tantes et oncles… Autre option : découvrir le métier des parents de tes camarades de classe. Faites des échanges de contacts !
★ Ton/ta prof principal(e) est en première ligne pour t’aider, ton/ta CPE et tes autres profs aussi. Hors du collège, le CIO et le CIDJ t’aideront à identifier des entreprises à démarcher.
★ Pour les élèves de 3e de l’éducation prioritaire qui ont du mal à trouver, l’association Viens voir mon taf propose des stages et un programme de coaching pour s’y préparer.
★ Tu as identifié une entreprise ou institution qui t’intéresserait ? Pourquoi ne pas augmenter tes chances en la contactant à l’aide des réseaux sociaux ?
Laura, 14 ans, stagiaire en institut de beauté : “Esthéticienne, c’est beaucoup de boulot !”
J’envisage de faire un bac pro d’esthétique. Alors j’ai fait deux stages dans des instituts de beauté. J’ai beaucoup aimé ! J’aime l’idée d’offrir un moment de détente à une personne, de prendre soin d’elle. Mais je ne m’attendais pas aux tâches ménagères qu’il faut faire en plus : ranger les produits, nettoyer les appareils… Et puis rester debout toute la journée, c’est fatigant au début. J’ai été un peu surprise par les épilations des parties intimes. Les premières fois où on doit le faire, ça doit être spécial…
- Verdict : Maintenant, et malgré ce que j’ai trouvé difficile, je suis certaine de vouloir être esthéticienne.
Esteban, 15 ans, stagiaire dans une entreprise de jeux vidéo : “J’ai beaucoup appris sans trop faire de choses”
Grâce à une relation de mes parents, j’ai fait mon stage dans une entreprise qui fabrique des jeux vidéo. Elle m’a créé un emploi du temps qui m’a permis de découvrir tous les métiers : les finances, le marketing, la création, le service bien-être des employés… J’ai découvert comment l’entreprise développe des produits différents des jeux vidéo, comme des séries ou des livres, pour se faire connaître. J’ai beaucoup appris sans trop faire de choses, dans une atmosphère calme. J’ai préféré ça à l’école ! Et puis j’avais une pause de trois heures pour déjeuner et faire des jeux.
- Verdict : Je n’ai pas envie d’être un salarié dans une grande entreprise. J’aime bien être “lead” dans ce que je fais.
Ruben, 15 ans, stagiaire dans un palace : “J’ai commencé à apprendre tous les métiers de la restauration”
Comme je veux étudier la cuisine en lycée professionnel, j’ai fait plusieurs stages en hôtellerie. Dans un hôtel 4 étoiles, j’ai appris à dresser les tables, à prendre les commandes… Il y a toujours un client pas méchant, mais un peu désagréable parce qu’il est pressé. Et puis, on est obligé de rester debout toute la journée. Le soir, dans les transports, je faisais en sorte de pouvoir m’asseoir ! J’ai aussi fait un stage dans un palace. Je préparais les petits-déjeuners et le tea time. Il y avait beaucoup d’exigence, mais je n’avais pas le stress du client.
- Verdict : Je veux commencer au bas de l’échelle dans la cuisine, gravir les échelons et ouvrir mon restaurant.
Ambre, 15 ans, stagiaire à Okapi : “Le travail d’équipe, c’est important”
J’ai fait mon stage à Okapi. On m’a confié plein de petites tâches sympas : rechercher un vieil article, répondre à des lecteurs… Je ne pensais pas que le travail d’équipe était aussi important dans un journal. Par exemple, on a fait une réunion pour un numéro spécial intitulé “En folie”. Grâce aux discussions, on est passé d’une idée abstraite à plein d’articles concrets. Et puis je me suis rendu compte que réaliser une page, c’est vachement de boulot !
- Verdict : J’aime bien écrire, mais je ne me vois pas en reporter sur le terrain. Je suis plus intéressée par le visuel.
Milena, 14 ans, stagiaire dans une école primaire : “Pas facile le métier d’institutrice !”
Parce que j’ai envie d’être institutrice, j’ai fait un stage dans l’école primaire où j’ai été élève. Ça m’a fait plaisir de découvrir que je pouvais aider des enfants alors que j’étais à leur place il y a quatre ou cinq ans. C’est difficile aussi. J’ai essayé d’expliquer un exercice de maths à un élève de CE1 et j’avais du mal à le faire sans lui donner la réponse. L’institutrice a beaucoup insisté sur le fait qu’elle travaillait avant et après les cours, et aussi pendant les vacances. J’ai toujours été consciente que ce métier demandait de la préparation, mais c’était bien de l’entendre de sa part.
- Verdict : Est-ce je pourrais faire ce métier toute ma vie sans me lasser ? J’ai réfléchi et la réponse est oui !
Léonie, 15 ans, stagiaire dans une association : “J’ai passé mes journées à m’occuper d’ânes !”
J’ai d’abord été bénévole dans l’association “Avec les yeux de l’âne” et puis j’y ai fait mon stage de 3e. Elle propose gratuitement à des enfants déficients visuels (mal voyants ou non-voyants) des promenades avec ânes. Je me suis retrouvée à panser et promener des ânes ! C’est agréable de les voir en pâture parce qu’ils sont tout contents, un peu comme un chien. Quand il faisait froid, je devais les faire bouger. Il faut être équipé, sinon on a très mal aux mains. J’ai aussi découvert que c’est dur de faire vivre une association. Il faut trouver de l’argent pour les soins aux animaux, gérer les plannings…
- Verdict : Ce stage a confirmé que je veux être vétérinaire.
Ritchy, 14 ans, stagiaire dans un cabinet d’avocats : “J’ai pu assister à un procès au tribunal”
Je n’avais aucune idée du stage que je pourrais faire. Ma mère avait un contact dans un cabinet d’avocats, mais j’étais sceptique. J’avais peur que l’ambiance soit trop sérieuse et que ce soit ennuyeux. En fait, j’ai découvert que les avocats pouvaient être drôles. Grâce à eux, j’ai assisté à un procès pour vol en bande organisée au tribunal de Metz. Le tribunal est très grand, ça m’a beaucoup impressionné. J’ai aussi aidé un avocat à taper un dossier, mais je n’ai pas pu le prendre en photo pour mon rapport, à cause du secret professionnel.
- Verdict : Je n’ai pas envie de défendre des personnes, mais de les protéger, en travaillant dans la cybersécurité.
Check-list pour un stage réussi
• Ne pas attendre les 10 jours précédant le stage pour commencer à chercher. S’y mettre dès maintenant.
• Rédiger une lettre de motivation personnelle, pas un modèle trouvé sur Internet…
• Adopter les “codes” de l’entreprise en matière de présentation et de politesse.
• Prendre des notes chaque jour pendant ton stage et ne pas attendre le dernier moment pour demander des documents sur l’entreprise, ou réaliser les entretiens sur les métiers.
• Remercier toutes les personnes qui t’ont encadré(e) le dernier jour de stage.
Pas besoin d’attendre la classe de 3e pour découvrir des métiers !
Dès l’âge de 14 ans, tu peux faire des mini-stages d’une semaine en entreprise pendant les vacances scolaires. Renseigne-toi auprès de la Chambre de commerce et d’industrie ou de la Chambre des métiers de l’artisanat de ton département.