Beaucoup d’adolescent(e)s se fient aux astuces beauté diffusées dans des vidéos, très convaincantes, sur TikTok. Phosphore, le magazine Bayard Jeunesse des plus de 14 ans, démêle le vrai du faux avec des experts pour aider nos ados à prendre soin de leur peau sans danger.
Dans son enquête, « Les réseaux sociaux veulent-ils ta peau ? », la rédaction du magazine Phosphore confronte les astuces beauté en vogue sur TikTok à l’expertise de professionnels. Se raser les joues pour retirer les peaux mortes, investir dans un masque à lumière LED, superposer les couches de produits, mettre de l’anti-âge, percer ses boutons… ne sont pas des pratiques qui conviennent à la peau de nos ados ! Certaines peuvent même être dangereuses. L’article (à lire dans le numéro du 1er octobre et ci-dessous) leur apprendra à démêler le vrai du faux et à faire le plein de conseils pour prendre soin d’eux, sans se ruiner, ni avoir à scroller pour dégotter la routine beauté la plus efficace.
Le layering
Le concept : le layering, comme layer (couche en anglais), consiste à superposer les produits sur la peau. Pour une glass skin inspirée des techniques de beauté coréenne, ce sera une eau micellaire puis une lotion tonique, une émulsion légère, un sérum concentré, un soin contour des yeux, une crème hydratante ET une protection solaire.
Pourquoi c’est tentant : parce qu’il y a un côté potion et que la magie, on adore ça.
Le risque : mélanger des ingrédients qui ne vont pas ensemble. « Quand on mange de la choucroute, du couscous et du cassoulet, on risque une indigestion, souligne Isabelle Rousseaux, dermatologue et membre du syndicat des dermatologues et vénérologues. En cosmétique, c’est pareil. Chaque molécule a une action et à force de mélanger, plus rien ne fonctionne. » L’indigestion en skincare a un nom : la dermatite péri-orale. Ce sont des petits boutons rouges qui apparaissent autour de la bouche quand la peau a reçu trop de produits gras.
Ce qu’il vaut mieux faire : miser sur le minimalisme.
« Avant 18 ans, si on a n’a pas de problème de peau, une mousse nettoyante et une crème hydratante suffisent », souligne Camille, the tiktokdoc (@ledoc.qui.ecrit.bien), médecin généraliste sur TikTok.
Les DIY contre les aisselles sombres
Le concept : se tartiner les aisselles de citron, de bicarbonate ou de vinaigre jusqu’à ce que la peau éclaircisse.
Pourquoi c’est tentant : parce que cela semble efficace sur les personnes qui complexent sur la couleur de leurs aisselles.
Le risque : s’irriter les dessous-de-bras. « Le citron, le vinaigre… c’est très acide, prévient Isabelle Rousseaux. La peau se pigmente quand elle a été agressée par le rasage ou les frottements. Ajouter de l’acide ne fera qu’aggraver la situation. »
Ce qu’il vaut mieux faire : apaiser les irritations avec un baume hydratant et privilégier les déodorants à bille avec une texture de lait, qui n’agresse pas. Et si la couleur de tes aisselles te pose encore problème, tu peux aussi consulter. Leur coloration peut être liée à une mycose.
Le dermaplaning
Le concept : passer une lame de rasoir sur son visage pour retirer le duvet et les peaux mortes.
Pourquoi c’est tentant : parce que la peau paraît plus lisse après. À moins que ce ne soit les filtres ?
Le risque : s’abîmer le visage ! « Quand on rase un duvet, on réveille le bulbe et on l’incite à fabriquer des poils, résume Isabelle Rousseaux. C’est dans le TOP 3 des choses À NE JAMAIS FAIRE. » Si ta peau n’est pas parfaitement lisse et que ta lame n’est pas propre, tu risques aussi des microlésions qui peuvent s’infecter. « Parfois, la peau met du temps à réagir, ajoute Marine, skincare experte (@marineecnt sur TikTok). J’ai déjà vu quelqu’un qui l’a fait pendant des années et qui un jour a eu des plaques rouges impossibles à faire partir. »
Ce qu’il vaut mieux faire : laisser son duvet tranquille. « On en a besoin. Il sert à protéger la peau des agressions extérieures », rappelle Camille, the tiktokdoc. S’il te dérange, tu peux le décolorer en utilisant des produits en vente au supermarché. Et si c’est l’aspect peau nette que tu recherches, dirige-toi vers un gommage à base d’acide lactique ou d’acide salicylique (en pharmacie et parapharmacie), moins agressif que le gommage à base de petits grains ou de sable.
Le slugging
Le concept : inspiré du mucus laissé par les limaces (slug en anglais) quand elles se déplacent, le slugging consiste à se badigeonner le visage de vaseline ou de crème réparatrice avant d’aller dormir pour forcer la peau à se gorger d’actifs.
Pourquoi c’est tentant : parce que tout le monde rêve de se réveiller avec une peau neuve.
Le risque : la déception. « Les crèmes réparatrices sont efficaces contre les traces rouges de cicatrices d’acné, explique Camille, the tiktokdoc, mais elles ne sont pas conçues pour être appliquées tous les jours et encore moins en masque. » Quant à la vaseline, elle est si grasse qu’elle bouche les pores. Et c’est bien connu, pores obstrués = boutons assurés.
Ce qu’il vaut mieux faire : « Appliquer une crème antioxydante à base de vitamine C, conseille Isabelle Rousseaux. La nuit, c’est le moment où la peau est la plus réceptive aux actifs. Il faut en profiter. »
Le rétinol
Le concept : utiliser du rétinol, un anti-âge très puissant.
Pourquoi c’est tentant : parce que les avant/après sur TikTok sont bluffants.
Le risque : mal l’utiliser. « C’est un produit très efficace, mais seulement à partir de 30 ans, prévient Camille, the tiktokdoc. Et attention au dosage et aux interactions avec le soleil si on ne veut pas se brûler la peau. » Isabelle Rousseaux va plus loin : « Le rétinol booste la fabrication de collagène dans les cellules mais en faisant cela trop tôt, on épuise cette capacité. Et le rétinol ne sera plus efficace quand on en aura besoin. »
Ce qu’il vaut mieux faire : protéger sa peau du soleil, responsable du vieillissement. « L’idéal est de porter de la crème solaire toute l’année », souligne Isabelle Rousseaux. « Et de se nettoyer le visage deux fois le soir, avec de l’huile puis un nettoyant, ajoute Marine, skincare experte. Le filtre solaire ne part qu’avec de l’huile. Si on ne le retire pas, il bouche les pores et donne des boutons. »
Percer ses boutons
Le concept : prendre sa peau pour du papier bulle et appuyer dessus jusqu’à ce que ça gicle.
Pourquoi c’est tentant : parce que nos réflexes nous poussent à vouloir retirer les corps étrangers de notre corps, comme les primates avec leurs puces.
Le risque : infecter sa peau avec des doigts pleins de bactéries. « Si on appuie trop fort, ou qu’on met un coup d’ongle, on risque aussi d’avoir des cicatrices, ajoute Marine, skincare experte. Plus jeune, j’explosais la moindre imperfection et j’ai encore des traces qui ne partent pas à 27 ans. »
Ce qu’il vaut mieux faire : laisser ses boutons tranquilles ! S’ils te gênent, utilise des patchs qui les feront mûrir plus vite. « Mais pas les produits qui s’appliquent au pinceau et créent un film de protection sur les boutons, prévient Marine. Comme le pinceau retourne dans le tube, c’est un coup à s’enduire de bactéries dès la deuxième utilisation. »
Le contouring à la crème solaire
Le concept : protéger uniquement certaines zones de son corps avec la crème solaire et laisser les autres prendre le soleil.
Pourquoi c’est tentant : parce que cela semble malin, surtout quand il s’agit de se dessiner de faux abdos.
Le risque : se retrouver avec le ventre ou le visage zébré. « La pigmentation de la peau n’obéit pas à une loi “avec ou sans crème”, prévient Isabelle Rousseaux. Il y a peu de chances d’obtenir un résultat satisfaisant. » Sans se protéger, on risque des coups de soleil avec tout ce que cela implique : vieillissement de la peau, cancers… « Et ce n’est pas parce qu’on met de la crème solaire que l’on ne bronze pas, au contraire. »
Ce qu’il vaut mieux faire : laisser le contouring dans la catégorie « techniques de maquillage ». Et pour les abdos, se rendre à l’évidence : s’ils ne sont pas apparents, on ne peut pas les inventer.
Les masques LED
Le concept : se transformer 10 minutes par jour en robot, en portant un masque qui projette de la lumière sur le visage.
Pourquoi c’est tentant : parce que tous les influenceurs qui utilisent ces masques, souvent reçus dans le cadre de partenariats, disent qu’ils régénèrent les cellules.
Le risque : perdre de l’argent. Certains masques coûtent plus de 300 €, et leur efficacité sur une peau jeune n’a jamais été prouvée, selon Isabelle Rousseaux. « Dans mon cabinet, j’ai des panneaux LED à huit couleurs, ajoute-t-elle. Pour de l’acné avec pustules par exemple, j’utilise la lumière bleue, bactéricide, puis la rouge, anti-inflammatoire, mais pour ça, il faut faire un diagnostic de la peau et maîtriser les puissances de lumière. » Camille, the tiktokdoc, utilise aussi la lumière en consultation. « Mais à la maison, cela ne sert à rien. Un masque LED ne peut pas faire de miracle s’il n’y a pas de cellules abîmées à traiter ! »
Ce qu’il vaut mieux faire : se fier à des pros ! Ce sont les seuls qui pourront te dire si la lumière peut avoir un intérêt pour ta peau.
Les masques à l’argile
Le concept : se badigeonner le visage d’un mélange de poudre verte, blanche ou bleue avec de l’eau et laisser poser.
Pourquoi c’est tentant : parce que l’argile, c’est naturel et qu’on a l’impression d’avoir la peau propre quand on la retire.
Le risque : s’assécher la peau en laissant l’argile jusqu’à ce que des fissures apparaissent. « Il ne faut jamais faire ça, surtout sur des peaux acnéiques qui ont besoin d’hydratation prévient Marine, skincare experte. L’argile doit se rincer quand elle a encore une texture de crème. » Et il ne faut pas en abuser : un masque par semaine max !
Ce qu’il vaut mieux faire : privilégie un nettoyage matin et soir avec un produit doux. « Attention aussi aux masques colorés ou pailletés de chez Action ou Normal, ajoute Marine. La composition est toujours floue, et on ne peut pas laisser quelque chose sur sa peau sans savoir ce qu’il y a dedans. Cela vaut aussi pour les masques faits maison. Les produits vendus en pharmacie sont testés pendant des semaines en laboratoire. On ne peut pas atteindre cette précision en jouant à l’apprenti chimiste à la maison. »