Depuis que vous avez un enfant, vous avez sans doute aussi… un doudou, et pas mal de questions sur ce fameux “objet transitionnel”. Pourquoi les petits y sont-ils si attachés ? Quand le laver ? Et si – horreur – on le perdait ? Pour ne pas faire de cette peluche ou de ce torchon mâchouillé un monstre sacré, la rédaction de Popi vous offre ce petit guide conçu avec la psychologue clinicienne Isabelle Chavepeyer.
Pourquoi les petits sont-ils si accros à leur doudou ?
Un adulte n’a aucun mal à convoquer intérieurement un souvenir, alors que c’est mission impossible pour un bébé ! L’enfant “se crée” un doudou avec son parent à un moment bien précis de son développement psychique. Vers 6-8 mois, il s’approprie un objet ou un geste – le doudou – qui va l’aider à faire exister ses parents dans sa tête, dans son corps, dans son cœur, quand ils sont absents physiquement. Le doudou console, rassure, apaise, en rendant les absents présents. Puis peu à peu, l’enfant va accéder à sa vie intérieure, à son imaginaire, et il pourra se passer de cet “objet transitionnel”.
Il a choisi le doudou le plus moche !
Vous aviez soigneusement choisi un joli petit renard tout mimi ? Pas de chance, votre bambin s’est pris d’amour pour un vieux tee-shirt effiloché ou, pire, la peluche publicitaire reçue à la caisse de la station-service… Eh oui, c’est comme ça, ça ne s’explique pas, c’est lui qui choisit ! Et pour vous, premier petit exercice de lâcher-prise !
Il n’a pas de doudou… C’est grave, docteur ?
Votre enfant n’a pas de doudou ? Pas de panique. Soit il n’en a pas besoin, soit vous ne l’avez pas identifié. Car un doudou n’est pas forcément… un objet. Dans notre société occidentale, c’est souvent le cas – surtout depuis que le commerce s’est emparé du concept. Mais un bruit de bouche, un index qui caresse le bout du nez peuvent remplir la même fonction. Si l’on observe que chez son enfant, des moments d’exploration alternent avec des moments plus introspectifs, tout va bien. On précisera juste qu’un smartphone ne peut en aucun cas être un doudou !
On est obligé d’avoir dix exemplaires de doudous ?
Tous les enfants n’ont pas forcément de doudou attitré, et le mot “doudou” est plus ou moins devenu synonyme de “peluche”. Mais, pour certains petits, le doudou “élu” est bien plus qu’une peluche. Dans ce cas, il est unique, et il faut le respecter pour ce qu’il est : un symbole de la relation entre l’enfant et ses parents. Bref, pas la peine d’en acheter des copies, ni d’en avoir un pour la crèche, un pour la maison : au contraire, ce qui fait que le doudou est un doudou, c’est qu’il s’éloigne avec l’enfant de ses parents, l’accompagne dans l’inconnu et adoucit les séparations.
Beurk ! C’est une infection !
Une fois n’est pas coutume en matière de parentalité… Côté crasse, il va falloir trouver le bon équilibre. D’un côté, on a le grand pédiatre britannique Donald Winnicott qui, le premier, s’est penché sur le sujet. Pour lui, l’odeur et la texture du doudou lui sont propres et lui confèrent une bonne part de sa fonction apaisante. Il ne doit donc pas être transformé par l’adulte, sauf si l’enfant le demande. Et puis, d’un autre côté, il y a le principe de réalité. Votre enfant a vomi dessus ? Cet objet est devenu vraiment dégoûtant ? Le doudou aussi a peut-être le droit à un bon bain, non ?
Le doudou, un moyen de pression ?
Bébé ne veut pas manger ? Confisqué, le doudou ! Bébé est en colère ? Allez hop, le doudou, dans les bras ! La tentation est grande d’utiliser ce précieux objet pour gagner en efficacité. Mais en tant que parents, évitons d’ôter ou d’imposer le doudou. Cet objet est celui de l’enfant. Il doit rester à sa portée et à sa disposition, à lui de voir s’il en a besoin ou pas pour se consoler ou se calmer. Un doudou ne remplacera jamais une relation affective et vivante entre parents et enfant. Car souvent, ce que l’enfant attend, c’est un vrai câlin !
SOS doudou perdu !
Vous le redoutiez… Ça y est, c’est arrivé ! Quel parent n’a pas refait tout le chemin de la maison à la crèche, rampé sous les buissons du parc ou téléphoné à la SNCF dans l’espoir de retrouver un doudou ? Pourtant, parfois, il faut se confronter à la dure réalité : le doudou est perdu pour toujours. Alors oui, c’est un gros chagrin mais, heureusement, nous sommes là. C’est nous leur port d’attache, plus que le doudou, ne l’oublions pas ! Accueillons les émotions sans surjouer le drame (la panique, ça se transmet) : aidons notre enfant à trouver les ressources pour traverser cette expérience – et faites-lui confiance, des ressources, il en a ! Chaque enfant, chaque famille inventera sa solution : prendre un copain ou un frère du doudou ou, au contraire, ne plus en prendre du tout !
Au revoir, doudou !
Si certains enfants conservent longtemps leur doudou, d’autres s’en séparent assez rapidement. Eh oui, votre enfant grandit, et son psychisme avec lui. De plus en plus souvent, le doudou reste dans un coin pendant la journée. Il ne retrouve les bras de votre enfant que pour la sieste et la nuit… Puis plus du tout. Normal, celui-ci a de moins en moins besoin d’aides extérieures, il s’est construit ses appuis intérieurs. Et qui a la larme à l’œil ? Avouez… vous vous étiez attaché, hein ?!